Lundi 28 janvier – Jour 79
Le fait de ce début de semaine est sans nul doute la convoitise attisée autour de la troisième place virtuelle de cette Barcelona World Race. Entre Temenos II, ralenti dimanche après-midi au milieu d’un front, et Mutua Madrileña, revenu à 40 milles dans sa roue, la situation n’a jamais été aussi tendue. Pour l’heure, avantage au tandem franco-suisse, certes très fatigué, mais qui mise, en guise de dénouement, sur un simple coup d’élastique. Toutefois, il reste encore 4300 milles à courir pendant lesquels Dominique Wavre et Michèle Paret auront du mal à se ‘débarrasser’ de cet adversaire ambitieux. Hugo Boss a pour sa part passé la porte de Fernandi da Noronha.
Mardi 29 janvier – Jour 80
Voici 80 jours que les concurrents de la Barcelona World Race sont en course. Ces même 80 jours que l’on évoquait début novembre sur les pontons de Barcelone comme un objectif possible pour finir ce tour du monde en double. Or, pour les leaders, il reste encore 2500 milles à parcourir avant de boucler la boucle, soit, avec les moyennes actuelles, une heure estimée d’arrivée autour du 7 ou 8 février. Une question se pose pour les deux équipages qui n’ont pas fait d’escale technique -ni de ravitaillement- à Wellington (Paprec-Virbac 2 et Educacion sin Fronteras) : auront-ils assez de réserves de nourriture et de gasoil jusqu’à l’arrivée ?
Mercredi 30 janvier – Jour 81
Régime de près pour tout le monde, la route est longue et les ETA reculent de jour en jour ! Si la prudence reste de mise afin de préserver le matériel et les hommes, la course n’est pas – loin s’en faut – passée en mode "conservateur", et certains coups tactiques décisifs pourront potentiellement créer la surprise d’ici quelques jours. "Plusieurs routes sont possibles, et il reste avant l’arrivée des défis loin d’être négligeables", résumait parfaitement Jean-Pierre Dick lors de la vidéo conférence du jour. "Je nous vois arriver à partir du 10 février, au pire vers le 12 – 13 mais c’est le scénario pessimiste." Et si Hugo Boss a effectivement réduit l’écart de manière significative en termes de distance au but (420 milles), la situation n’est pas aussi limpide que l’on pourrait l’envisager. "Il faut regarder l’écart entre les deux bateaux pour avoir une vision réaliste, pas la différence en distance au but", précise Alex Thomson, et selon ce critère, environ 700 milles séparent les deux bateaux, contraints de tirer des bords.
Jeudi 31 janvier – Jour 82
Casse-tête météo en tête de flotte pour Jean-Pierre Dick et Damian Foxall : une longue dorsale, comme « un long serpent anticyclonique » qui s’étire des Canaries jusqu’à Gibraltar, bloquerait la route des concurrents à partir de dimanche soir. Au large du Brésil, ça glisse sous le soleil. en attendant le pot au noir. D’ici trois jours en effet, se dessine sur les fichiers météo une longue dorsale, sans vent, allant des Canaries à Gibraltar. Une sacrée barrière à franchir. dans la longueur ! « Une partie de la course va peut-être se jouer là ! », explique Jean-Pierre, « c’est à la fois passionnant et angoissant. Nous allons essayer de passer au Nord de cette dorsale, mais rien n’est évident, les fichiers changent tout le temps, et les différents modèles météo ne s’accordent pas ! » Temenos II et Mutua Madrileña profitent eux de très belles conditions : les alizés de l’hémisphère Sud les autorisent à tracer une route quasi directe, sous le soleil brésilien.
Vendredi 1er février – Jour 83
Ayant réussi à accrocher le flux d’est tant convoité, Jean-Pierre Dick et Damian Foxall ont passé une nuit agitée et continuent aujourd’hui à naviguer dans 25 à 30 noeuds de vent. Où la satisfaction de voir les milles défiler le dispute à l’inquiétude pour le matériel. Une situation qui contraste avec celle vécue à bord d’Hugo Boss, où pour un peu on s’ennuierait ! "Ce qu’il y a de neuf ? Absolument rien", commenta it avec philosophie le navigateur australien, ajoutant "nous n’avons pas changé de voile depuis un jour et demi, nous sommes plus lents que Paprec-Virbac 2 qui a trouvé du vent, mais nous allons dans la bonne direction… Ce n’est pas encore l’ennui, mais pas loin." Le duel entre Temenos II et Mutua Madrileña se poursuit, et les deux navires se disputent de surcroît la première place sur la portion cap Horn – Fernando da Noronha, tandis qu’Educacion Sin Fronteras se remet d’une nuit agitée, ayant subi la dépression située au large de Rio de Janeiro.
Samedi 2 février – Jour 84
Dure journée pour Hugo Boss qui débute son week end par une route au nord – nord ouest pas réellement payante en termes de VMG, tandis que Paprec-Virbac 2 s’apprête à engager le bras de fer attendu avec la fameuse dorsale anticyclonique qui lui donne tant de fil à retordre au niveau tactique. "On va la remonter au près et terminer au portant de l’autre côté", explique Jean-Pierre Dick. "Il faut serrer le vent, et puis progressivement, le vent refuse, et on vire de bord. Le vent adonne pour nous laisser finir au portant. L’anticyclone sera sous nous à ce moment là. Cela devrait être facile selon les prévisions." Naturellement la partie n’est pas aussi simple, et même si le tandem leader parviendra à traverser cette dorsale en conservant de l’air toute la nuit, de nouvelles complications ne vont pas tarder à apparaître. Du côté de la lutte acharnée entre Mutua Madrileña et Temenos II, la nuit de samedi à dimanche aura de quoi donner des sueurs froides à Dominique Wavre et Michèle Paret, ayant perdu environ 70 milles en 24 heures en subissant les effets du Pot Au Noir. Temenos II aura néanmoins eu la joie de signer le meilleur chrono de la flotte sur la portion Cap Horn – Fernando da Noronha, et parvient à contrôler son adversaire qui à son tour se trouve ralenti.