Le briefing des skippers, à huis clos, vient de se terminer à Cherbourg-Octeville. On partira bien ce vendredi, à 18h. Et ce sera bien pour une grande étape : 501 milles. Mais on ne va plus à l’île de Man. Un fort coup de vent prévu pour mardi eut été en effet dangereux pour la flotte des 46 solitaires encore en course. « Nous étions devant un cas de figure un peu complexe, une dépression creuse d’été dont on maîtrise mal les déplacements », explique Jacques Caraës « celle-ci générant des vents de sud-ouest forts à très forts, aurait posé des problèmes mardi dans le canal St George au retour de l’île de Man et il aurait sans doute fallu neutraliser la course en Irlande. J’ai donc tranché et préféré définir un autre parcours, sportivement intéressant, qui reste une grosse étape et permet à tout le monde d’être à l’abri dans l’Aber Wrac’h avant le passage du coup de vent. Même si vous imaginez bien que nous aurions préféré faire cette grande étape à laquelle nous pensons depuis si longtemps, il ne faut pas aller contre la nature et toujours dans le sens de la sécurité. Nous ne sommes pas là pour faire les jeux du cirque. C’est la nature qui dicte sa loi. Et l’étape, avec ses 501 milles sera une belle étape, sportivement intéressante, avec du jeu ».
300 milles de louvoyage pour entame
Le nouveau parcours défini est le suivant : les marins iront virer la bouée météorologique Brittany Buoy, 250 milles dans l’ouest de la pointe Bretagne ( soit environ 300 milles de près depuis Cherbourg-Octeville), puis descendront sur l’Occidentale de Sein avant de revenir sur l’Aber Wrac’h, via une route libre à la pointe du Finistère. Un parcours technique, sportif, dans du vent soutenu… et propre à créer des écarts. Pour aller chercher Brittany Buoy, les skippers seront au près, dans 15 à 20 nœuds sur le départ puis 30 à 35 nœuds de flux d’ouest-sud-ouest, mollissant ensuite. Au louvoyage donc. Ensuite, après ce long parcours de près, ils devront mettre le cap au sud-est pour aller chercher l’Occidentale de Sein, puis finiront au portant en revenant vers l‘Aber Wrac’h. Sans marque de parcours à la pointe de Bretagne, ils auront le choix de passer par l’extérieur d’Ouessant, dans le Fromveur ou bien encore par le chenal du Four. Les marques de parcours (avenant n°12) sont : 1) bouée Brittany Buoy à laisser à bâbord ; 2) Bouée Occidentale de Sein à laisser à bâbord ; 3) phare du Four à laisser à tribord ; 4) bouée Basse Paupian à laisser à tribord ; 5) Bouée La Petite Fourche à tribord ; 6) Bouée Libenter (atterrissage Aber Wrac’h) à tribord.
Pour résumer à la hache, c’est un gigantesque parcours banane qui attend les solitaires, dont le ‘dog leg’ serait le bord entre Brittany Boy et occidentale de Sein. Une étape où il y aura forcément du jeu et donc des écarts potentiels… « D’après nos routages, le vainqueur devrait arriver à l’Aber Wrac’h lundi 11 août et le dernier avoir 18 heures de retard maximum. De toute façon, les retardataires seront à l’abri avant que le plus fort du coup de vent ne soit sur nous », estime Jacques Caraës. Ce n’est plus une étape historiquement longue, mais cela reste une grosse étape, très technique et sportive pour décider du sort de cette 39e Solitaire.
A 16h ce vendredi, après avoir réajusté leurs météos et routages, les premiers skippers sortent du port pour se rendre sur la zone de départ, dans la grande rade. Pendant ce temps, à l’Aber Wrac’h’, les habitants sont déjà à pied d’œuvre, mobilisés pour l’accueil anticipé des bateaux et du public. Ils promettent « une grande semaine de fête ». On peut leur faire confiance. Dans ce magnifique Finistère des Abers, on ne plaisante ni avec la mer ni avec les réjouissances. Et sur l’eau comme à terre, on n’a qu’une parole.
BM