« Cette étape est énorme, tellement énorme que le classement peut encore être bouleversé ». Par ces propos, Jeanne Grégoire (Banque Populaire) se fait la porte-parole des concurrents les plus avides de résultat, qui entrevoient dans cet épique périple une occasion inespérée de faire basculer un classement général pour l’heure verrouillé par le leader Nicolas Troussel (Financo). Malheureusement, l’un d’entre-eux, Pietro D’Ali (Mc Louis) ne sera pas au départ : il souffre depuis la première étape d’une conjonctivite virale qui n’a fait qu’empirer jusqu’à Cherbourg-Octeville. Le skipper italien, trop handicapé, a décidé de jeter l’éponge.
Six jours dans les pièges de la régate côtière
Pour les autres, au regard de cette ultime confrontation sous forme d’immense parcours banane en mer d’Irlande, les deux premières manches font presque figure d’amuse-gueule. Il reste la moitié des milles à courir et autant de jours à se bagarrer en mer.
Car cette troisième étape est exceptionnelle à plusieurs titres : c’est la plus longue jamais tracée par les organisateurs de La Solitaire : 825 milles. C’est celle qui emmènera les concurrents le plus au nord, autour de l’Ile de Man, par 54 degrés de latitude, soit presque aussi nord que le cap Horn est sud !
Pour les navigateurs, la première difficulté réside dans la durée de course, soit 5 à 6 jours de mer. A celle-ci s’ajoute les pièges de la navigation côtière, dans un « couloir » délimité par l’Angleterre d’un côté et l’Irlande de l’autre. Un corridor jalonné de caps, de bancs de sables, de courants et soumis bien entendu, au trafic maritime.
Si une grande majorité de marins connaît déjà la mer d’Irlande, peu sont ceux qui se sont déjà aventurés aussi haut. Aujourd’hui, chacun recherchait donc « l’indic » idéal, capable de leur fournir les meilleurs tuyaux. Laurent Gouezigoux (Boistech) a fait appel à son ancien entraîneur Tanguy Lagadeuc, patron pêcheur à Dahouet, qui connaît très bien les parages. Le britannique Nigel King, concurrent l’année dernière, a également été sollicité par les coureurs du Centre de la Rochelle tels Didier Bouillard (Medevent), Frédéric Rivet (Bureau-Center) et Gérald Veniard (Macif), pour délivrer quelques précieux secrets concernant l’Ile de Man. Quant à Andy Greenwood (Imtech), il fera figure de local de l’étape, avec à son actif plusieurs courses convoyages dans le secteur.
270 milles sous spi dans la brise
La météo, elle, promet un début d’étape tonique avec un départ au près dans 15 à 18 nœuds de nord-ouest pour sortir de la Manche, fraîchissant la première nuit autour de 20 à 25 nœuds. Samedi au petit matin, alors que les solitaires devraient ferrailler dans les parages des Scilly (archipel situé à l’ouest de la Cornouaille), ils subiront le plus fort du front avec 35 nœuds dans les rafales. La bonne nouvelle est que ce vent va basculer au sud-ouest. Très vite, les écoutes seront choquées et les spis vont sortir des sacs pour une belle cavalcade de 270 milles en mer d’Irlande, en direction d’une bouée sous le vent de 53 km de long – l’Ile de Man –. Le retour devrait quant à lui s’effectuer au louvoyage pour un finish au portant à l’Aber Wrac’h. Voilà pour le scénario prévu à long terme.
Départ ce vendredi de la dernière étape de la Solitaire
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