La guerre des nerfs a commencé !

Generali 2006
DR

ttention au classement de 4h ce matin : calculé à 0h30, il est encore plus ou moins en phase avec les rangs des bateaux – Armel Le Cléac’h (Brit Air) est toujours en tête – mais il ne reflète pas la réalité des choses sur l’eau quant aux vitesses des monotypes. Car voilà : la flotte est encalminée. Le vent est quasi totalement tombé, inférieur à 5 nœuds.
A encore plus de 100 milles de l’arrivée à Concarneau, les Figaro Bénéteau ne progressent plus qu’à de très faibles vitesses, de l’ordre de 3 nœuds maximum, en tirant des bords au vent arrière… quand une risée le permet. L’autre donnée est qu’ils sont actuellement à la première heure d’une marée qui engendre un courant défavorable supérieur à 1,5 nœuds. Le tout n’est pas très reluisant. Ils vont peut-être même devoir jeter l’ancre pour ne pas reculer !
« On risque de mettre beaucoup de temps pour arriver à la maison », résume bien Erwan Tabarly (Iceberg Finance) : « on a 5 nœuds de vent plein vent arrière, on est contre le courant… on n’avance pas beaucoup et on va peut-être même sortir le grappin pour mouiller dans peu de temps. Il peut se passer encore beaucoup de choses !» D’autant que la flotte est encore très groupée (les 20 premiers en 5 milles).
Le contraste est saisissant avec la furieuse nuit d’entame et la journée d’hier à glisser sous spi. Pour l’heure il n’y a guère de danger pour les trois leaders du général, respectivement pointés en 8e position à 2 milles (Nicolas Troussel/Financo), en 18e position à 4,7 milles (Thierry Chabagny/Littoral) et, donc en tête (Armel Le Cléac’h). Mais Dieu qu’elle est éprouvante cette Solitaire qui ne veut pas en finir ! Il faut rester éveillé malgré la fatigue, être aux aguets pour tenter d’exploiter le moindre souffle et progresser tant bien que mal, retarder le plus possible le moment redouté où il faudra peut-être jeter l’ancre pour ne pas reculer. Espérer enfin un souffle salvateur pour enfin progresser sur la route. Les petites voix entendues tôt ce matin à la vacation radio en attestent : les nerfs vont être mis à rude épreuve. Ils le sont déjà.
 
Les échos du large
Nicolas Troussel (Financo) : « on ne va pas tarder à reculer »
« Je suis dans le bon paquet de devant, il faut positiver. On fait pour le mieux mais on ne va pas tarder à reculer je pense… Il n’y a pas beaucoup de gradient et un petit fond orageux. On verra bien ces heures prochaines en espérant avoir un petit peu de vent quand même. On va tâcher de rester éveillé pour faire avancer le bateau. »
 
Thierry Chabagny (Littoral) : « week-end fatiguant ! »
« Il est vraiment fatigant ce week-end… et contrasté ! Après le vent fort du départ, les empannages dans la brise, la mer celtique avalée à 10 nœuds de moyenne et encore les glissades sous spi hier, voici maintenant la pétole où on se retrouve en train de tirer des bords. Heureusement, pour une fois ça ne part pas trop par devant et les position font du yo-yo. Alors le classement général n’est pas entamé, mais j’espère que le vent ne va pas trop traîner …»
 
Armel Le Cléac’h (Brit Air) : « un peu stressé pour le final »
« C’est pas simple. Ça rappelle des souvenirs d’autres étapes où c’est déjà arrivé qu’on mouille ici, au large de Sein. Il y a un peu de clapot, les voiles claquent un peu. Je viens juste d’empanner pour anticiper le passage de cargos. Le moral va bien j’arrive pour l’instant à contrôler mes principaux adversaires. Un peu stressé tout de même pour le final, mais les écarts ne bougent pas trop pour l’instant. On est à la pointe Bretagne, pas loin de chez nous, c’est sympa quand même : y’a la régate, les cargos, les pêcheurs, tout le monde y va de son petit train-train en mer.. »
 
Erwan Israël (Delta Dore) : « ne pas s’isoler »
« Les conditions sont un peu difficiles, on préférait la journée d’hier à glisser sous spi ! Il faut chercher les risées dans la nuit et on commence à être fatigués. Dans la molle, si tu dors, tu perds très vite quelques mètres. Je bois de l’eau et je mange des chocolateries en essayant de rester au contact des autres, il ne faut surtout pas s’isoler dans son coin. Il y a des feux partout… J’ai hâte que le vent revienne, on ne va tout de même pas rester une semaine de plus sur l’eau ! »
 
Erwan Tabarly (Iceberg Finance) : « c’est compliqué »
« Cette nuit, c’est compliqué et on ne va pas beaucoup dormir. Je vois quasiment les trois-quarts de la flotte, j’en ai plus derrière que devant, c’est plutôt bon signe… Je vois les trois premiers devant moi, pas très loin… il peut se passer encore beaucoup de choses surtout que le vent n’est pas prévu très fort. On n’est pas loin, mais on risque de mettre beaucoup de temps à arriver à la maison »
 
Marc Emig (A.ST Groupe) : « je vais jouer »
« J’essaye de dormir, mais la météo ne nous aide pas avec cette pétole. J’ai perdu le fil. Ca va être pénible mais les prévisions on peut se les mettre dans la poche et gérer le moment. Ca va se jouer jusqu’au bout et il va falloir être bon, être un fin tacticien. Je n’ai pas grand chose à perdre au classement général, donc je vais jouer. »
 
Thomas Rouxel (Défi Santé Nutrition) : « la flotte s’est bien resserrée »
« On n’est pas loin de Brest, on voit les feux s’éclairer, ça fait du bien de voir la terre. Le départ était super, jusqu’à la première nuit. J’ai voulu recharger les batteries, mais l’alternateur ne voulait pas marcher. J’étais sans électricité, sans pilote pendant 24 heures, c’était sport ! Gérald (Veniard ndr) m’a pas mal aidé et d’autres aussi, c’est vraiment sympa de leur part, c’est l’ambiance Figaro. Cette nuit j’ai enfin trouvé la panne, je vais pouvoir manger et dormir un peu. Jusqu’à maintenant je n’ai pas pu me reposer, j’ai très peu mangé et je n’ai pas pu profiter des superbes conditions de la nuit dernière. C’est pas violent, mais ça devrait rentrer. Comme le vent a molli, la flotte est bien resserrée, je vois environ une vingtaine de bateaux. »
 
Charles Caudrelier Bostik) : « c’est un peu la foire »
« C’est un peu la foire, y’a pas grand chose à comprendre. Je navigue moyen, je ne suis pas super satisfait. Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent ne sert à rien, c’est parti dans tous les sens. J’ai dormi 20 minutes maximum, c’est dur, je suis un peu dans le coltard, je fais des bêtises, je ne navigue pas très bien. On va faire avec. Je vous quitte, je vais empanner… »

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