Première constatation : les leaders n’ont eu à encaisser aucune avarie importante sur cette deuxième étape, certes marquée par les petits airs, mais aussi tout de même par une sortie des Açores plutôt musclée et un final extrêmement rapide dans le golfe de Gascogne. Avec vingt à vingt-cinq nœuds au près dans une mer très courte, très hachée, les corps étaient sollicités mais aussi le matériel : trois concurrents revenaient d’ailleurs au port de Faïal, Fabien Despres (Soitec) pour réparer la déchirure de son génois, Hugo Ramon (Emotion) suite à la rupture de sa fixation d’étai, Pierre Brasseur (Peinture Ripolin) pour des problèmes électriques et de pilote.
Ensuite, les hautes pressions ont surtout fatigué les nerfs quand les vitesses culminaient à un nœud pendant des heures… La sanction a été immédiate : ceux qui ont réussi à mettre du charbon dès l’île de Graciosa dans leur tableau arrière, ont toujours bénéficié d’un petit flux de secteur Nord-Est à Nord qui leur permettait de devancer l’anticyclone des Açores. Mais le gros de la flotte, et en particulier les voiliers de série qui ne pouvaient pas suivre le rythme des prototypes, se sont faits coiffer : plus au moins au Nord ou au Sud de la route directe, ils n’ont pu éviter les calmes. Il n’y avait donc rien à faire, si ce n’est prendre son mal en patience ou tenter un coup clairement au Nord, mais changer de stratégie en milieu de parcours n’est jamais une mince affaire !
Petits bobos et avaries résolues
Les premiers soucis sont venus essentiellement des pilotes automatiques et des circuits électriques. Une panne d’alimentation devient extrêmement dure à gérer sur ces voiliers de 6,50 mètres qui sont très sensibles aux réglages et peuvent difficilement tenir leur route sans barreur ou sans pilote. Le pire a été vécu par Sébastien Picault (Groupe Royer) sans électricité trois jours après le départ de Horta, puis Grégory Magne (20 minutes) à 800 milles de l’arrivée et Adrien Monsempes (SAS) : tous les trois terminent à petite vitesse. Peter Laureyssens (Ecover) a aussi eu du mal à se recaler à l’atterrissage sur la Vendée sans énergie, sans GPS, sans pilote… D’autres ont connu des problèmes plus délicats comme Dominique Barthel (Yamm) qui a cassé son safran bâbord quatre jours après le coup de canon, tel Andrew Wood (domosofa.com) qui a rompu une barre de flèche depuis six jours…
Et du côté des arrivants, les petits bobos touchent essentiellement les bouts dehors, les pilotes, les safrans à cause d’objets flottants, les voiles déchirées lors des rafales brusques du golfe de Gascogne. Mais au final, sur les 69 partants le 30 juillet des Sables d’Olonne, 59 arrivaient à Horta dont Clay Burkhalter (Acadia) sous gréement de fortune. Comme l’Américain ne pouvait pas réparer avant le départ, ce sont donc 58 solitaires qui prenaient le chemin du retour le 16 août. Et normalement, tous devraient franchir la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne avant le temps limite (96 heures après le premier arrivé de chaque catégorie).
Cette première édition a donc démontré tout son intérêt dans le calendrier Mini et surtout confirmé que ce parcours allie diversité stratégique et météorologique, rythme intense, bouleversements de classement et retournements de situation…
Les étrangers en force
Sur la ligne de départ, le dimanche 30 juillet à 12h30, ils étaient vingt-quatre étrangers représentants quatorze nations : deux Australiens, trois Espagnols, deux Britanniques, un Polonais, deux Slovènes, trois Allemands, deux Américains, deux Belges, deux Néerlandais, deux Tchèques, une Singapourienne, un Portugais, un Suisse… et une armada de Français venus de nombre de épartements de l’Hexagone. Et au final, les étrangers font une entrée en force dans le circuit Mini avec la victoire du Portugais Francisco Lobato (BPI) et celle de l’Espagnol Gerard Marin (Escar l’escala-CN Llanca) en voilier de série pour la première et la deuxième étape, la troisième place au classement général du Slovène Andraz Mihelin (Adria Mobil Too) chez les prototypes. La venue aussi de nombre de jeunes coureurs issus de la filière du dériveur comme Adrien Hardy (Brossard), de Gerard Marin, de Francisco Lobato, de Jean-François Quélen (Galanz)… a rehaussé le niveau technique.
Enfin, cette course a aussi montré que les Minis sont menés de plus en plus loin et vite, même pour les voiliers de série, puisque le record de distance en 24 heures a été établi lors de la deuxième étape par Hervé Piveteau (Jules) sur un Pogo-2, avec 259,4 milles à la moyenne de 10,80 nœuds sur un voilier de 6,50 mètres de long !
Bilan de la course Les Sables – Les Açores
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