La flotte reste engluée dans le golfe de Gascogne

Temps calme golfe de Gascogne
DR

Tous les efforts consentis pendant le long parcours côtier autour de la Bretagne Nord ont été réduits à néant cet après-midi dans la bulle anticyclonique. Sur le « lac de Gascogne », les marins tentent tant bien que mal d’avancer vers un but qui n’a jamais paru si loin : l’Espagne. Dans ces conditions très aléatoires, il est pratiquement impossible de lâcher la barre ou d’abandonner les réglages sous peine de se faire larguer. Seule petite consolation : l’absence de pluie et des températures en hausse qui permettent enfin de faire sécher les cirés et l’intérieur des bateaux.

- Publicité -

Le triumvirat composé de Yann Eliès (Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises), Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) et Morgan Lagravière (Vendée) s’est délité et son avance sur le groupe des poursuivants ne se compte plus qu’en centaines de mètres. Alexis Loison (Groupe Fiva), Erwan Tabarly (Nacarat), Paul Meilhat (Skipper Macif 2011), Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) ou encore Adrien Hardy (Agir Recouvrement), bien que répartis différemment sur le plan d’eau, se sont dangereusement rapprochés au classement. La flotte est désormais éparpillée sur un axe ouest-est d’une douzaine de milles et tout est à nouveau possible. Ce nouveau départ à moins de 200 milles de Gijón est une seconde chance pour les retardataires : tous ceux qui s’étaient pris les pieds dans le tapis en Manche et qui accusaient 6 ou 7 milles de débours sur les leaders n’en n’ont plus désormais que 3 ou 4. C’est l’occasion de revenir dans le match et de tenter une option.

C’est le cas du navigateur portugais Francisco Lobato, qui, juste après le passage du phare des Birvideaux cette nuit, a décidé de se décaler franchement dans l’Est du peloton. « Mon objectif était d’essayer de prendre le nouveau vent le plus vite possible pour traverser rapidement cette bulle » confiait le skipper de ROFF en début d’après-midi. De l’autre côté de cette ligne de départ virtuelle, on trouve Yann Eliès ou encore Alexis Loison. Tout le monde compte sur sa chance dans cette grande loterie du vent, car nul ne sait à l’heure actuelle qui sera le mieux placé pour redémarrer avec le flux d’Est.

Après le franchissement de la dorsale, le vent va se réinstaller progressivement sur la route des côtes cantabriques. De secteur Est, il pourrait souffler jusqu’à 25 nœuds tandis que le temps deviendra orageux près de l’Espagne. Le finish sous les falaises de Gijón pourrait donc être tonique. Les ETA du moment donnent une arrivée des premiers au plus tôt mercredi soir ou dans la nuit de mercredi à jeudi…

Ils ont dit : 
Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) :
” On sait que ça va se jouer à pas grand chose. C’est un peu un nouveau départ. On sait que la fin d’étape ne va pas être simple. Il faut rester concentré et même si on est devant il n’y a rien de gagné. Il peut encore se passer plein de choses. Les conditions sont aléatoires, à certains moments des paquets passent à des passages à niveau, à d’autres moments c’est moi qui passe. Les trois premiers ont eu un peu de réussite en Bretagne nord et on réussi à s’échapper, mais là on vient de revenir. Ce sont vraiment des conditions où on ne peut pas trop dormir. Il faudra être bien vigilant, on ne sait pas trop quand on va sortir de cette bulle.”

Isabelle Joschke (Galettes Saint-Michel) : “Actuellement c’est très compliqué, il y a très peu de vent. J’essaie de faire avancer mon bateau, de placer le virement de bord dans l’anticyclone au bon moment parce que c’est vraiment important. Il a arrêté de pleuvoir, l’atmosphère commence à se réchauffer et ça c’est agréable. Ce n’est pas désagréable de pouvoir faire tout sécher et d’avoir un peu chaud parce que j’ai eu un peu froid depuis le début. Le bilan est mitigé, je ne suis pas forcément satisfaite de mon début de course. Il y a eu du bon et du moins bon. On laisse un peu de place maintenant à l’aléatoire. Il faut faire attention à ne pas se faire décrocher par les bateaux qui sortiront en premier de cette zone de pétole.”

David Sineau (Britanie Cosmétiques) : « Ca oscille entre euphorie et désespoir selon qu’on a un petit souffle pour avancer ou qu’on n’en a plus. Là, c’est entre les deux. Je sors d’une période un peu ventée et là, ça re-mollit. Je me suis un peu décalé cette nuit dans l’est. Je pense que ça peut être intéressant pour la suite. Mais je peux être le premier à repartir ou rester coincé. En ce moment les voiles claquent. Ca oscille entre 1,5 nd de vent et 4 nds dans le meilleur des cas. » 

Charlie Dalin (Keopsys) : “Le problème c’est que depuis le départ, la météo n’est pas très précise, et il faut surtout essayer de comprendre ce qu’il se passe vraiment et comment se positionner. Après il y a toujours un petit jeu de loterie pour savoir à quel endroit ca va passer. J’ai retrouvé la tête de la course grâce à ça, mais tant qu’on n’est pas sorti de la bulle… Depuis le début c’est gris, et là ça commence à changer, plus on s’approche du centre de la dorsale, du côté des vents d’est, plus on va avoir du soleil. Le vent d’est sera annonciateur de la sortie de la galère.”

Gildas Morvan (Cercle Vert) : ” On attaque l’anticyclone avec un vent aléatoire, on fait ce qu’on peut. Il n’y a plus de pluie et même un brin de soleil. On fait un peu un nouveau départ, on est tous assez serrés, tous très proches. J’ai vu Macif pas loin, la flotte s’est regroupée. Il va falloir traverser l’anticyclone. Le prochain départ sera derrière quand on aura le vent d’est.”

Classement de 15h
1          GROUPE QUEGUINER / JOURNAL DES ENTREPRISES  Yann Elies        à          197,4   milles de l’arrivée
2          VENDEE         Morgan Lagraviere       à          1,1       milles
3          SKIPPER MACIF 2012          Fabien Delahaye           à          1,1       milles
4          GROUPE FIVA           Alexis Loison    à          1,3       milles
5          NACARAT     Erwan Tabarly  à          1,5       milles
6          SKIPPER MACIF 2011          Paul Meilhat     à          1,9       milles
7          LA SOLIDARITE MUTUALISTE      Damien Guillou à          1,9       milles
8          AGIR RECOUVREMENT      Adrien Hardy   à          1,9       milles
9          DLBC  Yoann Richomme         à          2,0       milles
10        GEDIMAT       Thierry Chabagny         à          2,1       milles