La plaisanterie est bien connue sur le forum de la classe Mini : « Où trouver des sponsors ?»
– « Sous les sponsoriers ! ».
Eh oui, comme tout projet qui dépasse les capacités financières du coureur, participer à laTransat 6.50 nécessite de trouver des sponsors. Disons partenaires, c’est mieux.
C’est là que commencent les difficultés.
Peut-être les plus grosses car les résoudre fait appel à des compétences faciles à identifier. Elles demeurent cependant éloignées des qualités nécessaires pour se tremper au près et serrer les fesses sous spi, dans 3 m2 pendant trois semaines !
On peut aussi considérer que la recherche de sponsors fait partie du parcours obligatoire. Ainsi au retour de Bahia, on peut être considéré comme capable de passer un cap de la course au large. De cette façon, on démontrerait notre capacité à mener à bien tous les aspects de ce projet.
Alors, sauf compte en banque permettant de s’affranchir du problème et pour voir le bon côté des choses, prenons-le comme tel. Appliquons-y le même sérieux qu’à la préparation de l’avion de chasse tout résine de pin et triple pli d’aggloméré avec lequel on va traverser.
La logique de nos interlocuteurs étant quasi-exclusivement financière, elle implique de justifier des retombées.
Premier obstacle : la démarche se transforme assez vite en une sorte de porte-à-porte téléphonique. Et la discussion dans d’innombrables cas se résume à :
– « Bonjour Monsieur, ….transat 6.50….qualifié…adéquation…image de votre entreprise…»
– « Ça ne nous intéresse pas. Au revoir »
Avec une variante, plus positive :
– « Votre proposition semble très intéressante, mais n’est pas dans la politique de notre groupe. Bonne chance. Au revoir. ».
Conclusion : encore faut-il pouvoir défendre la chose c’est-à-dire avoir en face de soi une personne qui est disposée à raisonner en coûts nets (combien ça me coûte et combien ça me rapporte).
Et pour trouver cette personne-là, sauf à s’appeler Dame MacArthur, le mieux reste finalement qu’une connaissance vous ouvre la porte de son bureau. Alors activez tous vos réseaux, même les plus improbables. Il n’y a qu’à voir la diversité des partenaires au départ et les techniques pour les rencontrer pour s’en convaincre !
Ainsi, on a le coureur qui rencontre par hasard un partenaire sans connaître son activité, ce dernier le contacte ensuite. On a également le coureur qui réussit à boucler son budget 2007 avec un partenaire démarché en 2003. Toutes les variantes restent imaginables, en passant bien sûr par celui qui n’a rien trouvé du tout.
Rêvons un peu : ça y est vous êtes en face du décideur.
Problèmes numéro deux et trois : lui démontrer l’intérêt qu’il aurait à investir en lui proposant des retombées concrètes.
Sur l’intérêt, quelques pistes :
– Pourquoi croyez-vous que Brossard et Roxy ont un 6.50 dans leur team ? Que le crédit Agricole a étendu sa sélection aux Mini et renouvelle le système pour 2007 ? Que Vecteur Plus a monté un team avec trois Mini ? Pour faire plaisir aux marins ? Vous rigolez !
Et quelques faits :
– Cette année, quasiment 100 sujets télé ont été réalisés, plus de 1000 articles de presse écrits et plus de 7 millions de pages vues sur le site de la Transat pendant la course.
– Et nombreux sont les marins qui ont reçu, quel que soit leur classement, plus de 10 pages de mails de félicitations à leur arrivée à Bahia, parfois reçus d’inconnus.
Venons-en à la construction concrète des retombées.
Souvent, on ne pense qu’aux résultats alors qu’ils ne peuvent être garantis. Il est aussi possible de construire la rentabilité du partenariat en dehors des compétitions et considérer les évènements des courses comme un plus. D’ailleurs, que le bateau soit beau et arrivé au Brésil, est-ce ce qui était demandé aux partenaires d’un concurrent proto avec un budget confortable cette année ? C’est donc bien que la rentabilité peut être ailleurs que dans la victoire. Ça tombe bien il n’y aura qu’un vainqueur.
Et durant la course, même les évènements « sportivement » négatifs peuvent être « médiatiquement" positifs. Souvenez-vous de Parlier réparant, seul, son mât et y gagnant à vie le statut «d’extraterrestre ». Pas vrai en Mini ? Pour avoir connu les deux cette saison, je peux affirmer que, pour deux courses similaires, le duo démâtage / hélitreuillage bat largement une première place, tant en réel qu’en compensé, au moins en classe média…
A suivre…