J-3 avant la deuxième étape

Transat 6.50 2009 - Francisco Lobato
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Tous le savent et tous remettent dans leur tête les compteurs à zéro. Même si un passif horaire est bien présent sur les classements, froid et bien réel, il reste que tout reste dans le domaine du possible quand on sait que l’on va valdinguer d’un système météo à l’autre. Et si l’aspect course est important, maintenant il ne faut jamais perdre d’esprit que pour certains, c’est l’aventure d’une vie qui va se réaliser samedi. Une aventure sur les flots qui se traduit par des milliers d’heures de travail pour certains, voire des milliers d’euros d’emprunts pour d’autres. Traverser l’Atlantique sur un 6,50 est pour demain…

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Le départ de Madère remet les pendules à l’heure, les esprits à l’endroit et fait vaciller les certitudes. À partir de samedi, on va larguer les référents pour trois à quatre semaines de mer, de haute mer. De l’Atlantique parsemée de morceaux de terre qui distillent des effets venturi (ndr, accélération temporaire de vent dû à un resserrement entre les îles) mais aussi des zones sans vent planquées derrière les hauteurs. La terre devient piège, le comble… Faut-il jouer au large de la côte africaine ou venir chatouiller les côtes mauritaniennes ? Où sera la pression, ce fameux vent bien dosé, celui qui permet de glisser à hautes vitesses au portant et d’enquiller les milles ? Faut-il emmener 21, 23 ou 25 jours de vivre à bord ? Est-ce que le moral va tenir ? Est-ce que les têtes ne vont pas pour certains se mettre à l’envers comme le font les routes une fois dans l’hémisphère sud ?

Francisco Lobato, l’homme à battre

Francisco Lobato (ROFF TMN) a apposé sa marque et son savoir-faire sur cette première étape. Inutile d’y revenir : le portugais est indiscutablement l’homme à battre et, outre le matelas d’avance qu’il s’est constitué, il a un avantage psychologique indéniable. Le confort de la situation de premier n’a jamais été aussi présent et Francisco le sait. Le portugais a une mission à remplir et il fera tout pour la mener à bien. Et s’il était passé à côté de l’édition 2007 de La Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50, le garçon a bien engamé le hors d’œuvre de cette édition 2009. Maintenant, que représente 22 heures d’avance sur les 19 jours 14 heures réalisés par Hervé Piveteau en 2007 ? Pas grand chose… Sans parler des problématiques techniques que tous rencontreront tôt ou tard avec des pannes de pilote, des spis qui explosent, des bout-dehors qui cassent, des safrans qui cèdent… Au royaume du pépin technique, tout
est dur à digérer ! Aussi, il faut garder des chiffres, des temps de course, des informations et des noms. Qui succédera à Hervé Piveteau au classement Série à Bahia ? Qui battra le temps référence du moment soit ces fameux 19 jours ? Est-ce que Francisco réalisera la performance de Peter Laureyssens en 2005 qui avait claqué les deux étapes ?… A suivre.

L’aventure au rendez-vous

Maintenant, si le podium est mère de toutes les compétitions, reste l’aventure. La belle, l’unique, la vraie… Reste celle qui a forgé les plus belles histoires de cette course, les plus beaux souvenirs. De celle que rappelait Dominique Vittet (4e en 1983) quelques heures avant le départ : « je me rappelle que l’on s’auto pointait à l’arrivée. Bob Salmon nous suivait dans son bateau derrière et on lui tendait la feuille d’arrivée lorsqu’il mettait pied à terre ! ». Et pour ce qui est du versant aventure, tous ceux qui n’y ont pas gouté
ont la même appréhension, la même sensation : celle d’aller dans l’inconnu. Terminé les lectures et les longues heures à écouter les récits des uns et des autres. Dans moins de trois jours, ils seront en
mer, à la barre de leurs bateaux logiquement plus costauds, face à eux-mêmes, seuls. Et là, plus d’histoire de classement, d’options tactiques, de fichiers météo, de logiciels de routage, de performances de voile et de finesse du pilote automatique : là, l’aventure commence.