Ils orchestrent leurs empannages dans un vent de secteur nord/nord-est dominant d’une dizaine de nœuds forcissant. Et la pression rentre petit à petit dans les spis le long de la côte africaine. Car, les vitesses augmentent au fur et à mesure de leurs descentes cap au sud. Le groupe de tête glisse à 9 nœuds de vitesse instantanée et distille ses empannages en veillant à ne pas glisser ni trop dans l’ouest, synonyme de moins de pression, ni trop dans l’est, sous peine de s’éloigner de la route directe. Car, maintenant que le vent portant est revenu, la cible est le mille utile, eux qui n’ont pas hésité à mettre de l’est dans leur route pour aller chercher le vent de nord naissant le long des côtes africaines et faire plus de route que prévue. Tout d’abord faible, ce vent est en train de grimper dans les tours et devrait atteindre les quinze nœuds dans les heures qui viennent. Autant dire que si les marins ont parcouru pendant trois jours un tiers du parcours, ils vont mettre trois autres jours pour en avaler les deux tiers restant, avec ce vent portant de bonne facture.
Et si l’on fait les comptes, les quatre premiers du jour avaient choisi une route est. Le seul de l’ouest à tirer son épingle du jeu, après la superbe performance d’Yvan Noblet (Appart City) d’hier et avant-hier, est l’incontournable Yves Le Blevec (Point Mariage). Parti à l’ouest, Yves a limité les dégâts et vient jouer les trouble-fêtes dans le groupe des « Africains ». Yves est 5e et reste décalé de quelques degrés dans l’ouest de Stanislas qui se trouve à moins de 10 milles devant.
Si la flotte navigue actuellement à 560 milles du Cap-Vert et à 80 milles au large de Dakhla, ville portuaire du Sahara Occidental (Maroc), on remarque maintenant que l’ensemble des trajectoires est sagement aligné sur la route orthodromique. Tous ont enfin trouvé ce qu’ils cherchaient, le vent de nord, et le jeu de stratège se limite maintenant à orchestrer les empannages et a barrer dans un vent oscillant en direction entre le 20 et 50°. Il suffit alors de modifier le cap d’un coup de barre, de régler les écoutes de spi ou, si la bascule est franche et décidée, d’empanner pour gagner des milles favorables sur un bord temporairement meilleur. Et ce menu va tenir jusqu’au Cap-vert tout en sachant que la navigation à l’approche de l’archipel, et surtout dans l’archipel, peut réserver quelques surprises entre un relief escarpé et une onde tropicale en formation… Il reste également à travailler son approche et sa position de sortie du Cap-Vert en fonction du Pot au Noir. Facile à dire, moins facile à faire quant on sait que le seul moyen d’en connaître la situation et le seul et unique bulletin météo distillé par la voix des grandes ondes… Analyse en temps réel et connaissances apprises de par le passé, théoriques et pratiques, font ensuite la différence. Nous sommes loin ici des photos satellites que l’on peut avoir en quasi temps réel sur les ordinateurs embarqués dans les autres courses au large !
Glissades africaines…
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