Gildas Morvan revient sur sa victoire

Cercle Vert Arrivée Saint-Gilles
DR

Gildas, avec quelques heures de recul, comment analyses-tu cette étape et cette victoire ?

“Je crois que le maître-mot est que je me suis fait plaisir, vraiment plaisir du début à la fin. Quand on gagne, on dit souvent ça ‘ce n’était que du plaisir’… c’est difficile à expliquer mais c’est vrai ! Dès le départ de Gijon c’était très chaud, j’étais au contact avec Thierry Chabagny et c’était déjà la grosse bagarre. Pour l’anecdote, la veille j’étais au restaurant et Bertrand Pacé m’a appelé, presque en m’engueulant. Il m’a dit : ‘Gildas ce n’est pas compliqué, tu dois prendre des risques au départ, attaquer à fond et partir devant, ne t’économise pas, tu dois prendre le meilleur départ’ ! C’est marrant mais j’y ai pensé tout le temps et j’ai suivi son conseil.”

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Ensuite dans le golfe de Gascogne, grosse bagarre avec Nicolas Lunven…

“A fond sous spi… Un moment je prends un sac dans la quille qui m’oblige à faire une marche arrière. ‘Lulu’ me passe et je sais qu’il va bien, qu’il est dans le match, qu’il ne faut pas le lâcher. Là, je me suis dit ‘Gildas, dodo !’. Je savais que ça ne se jouerait pas là. L’objectif c’était d’arriver le plus frais possible à la pointe de Bretagne, pour prendre les bonnes décisions. C’est là que cette étape se joue, à la fraîcheur. J’ai enchaîné cinq ou six siestes de 20 minutes, ce qui est énorme alors que nous étions encore à 100 milles de Sein. Et quand je suis arrivé là-bas, j’étais frais alors que ‘Lulu’ m’a dit qu’il était cuit. Comme j’allais vite sous pilote, il avait une pression permanente et n’a pas pu beaucoup dormir.”

C’est un peu la victoire en dormant, si on te comprend bien !

“Mais oui ! C’est exactement ça ! Ce n’est pas un secret, contrairement à ce que croient beaucoup de gens, la Solitaire c’est très rarement “que le veilleur gagne”! Michel Desjoyeaux dit tout le temps que celui qui gagne c’est celui qui sait dormir au bon moment. Il a raison. Et je crois que c’est ce que j’ai fait sur cette étape.”

Reste un “détail” : il faut être frais d’accord… mais ne pas se tromper ensuite ! Les coups décisifs ?

“Il y en a deux. En arrivant à l’occidentale de Sein frais et dispo, je lofe comme un fou dans le courant traversier et Cercle Vert accélère à fond. C’est une sensation géniale et c’est surtout ce qui me permet de repasser devant Nicolas Lunven. Je lui prends un demi-mille là-dessus. A partir de ce moment-là, je me dis qu’il ne faut plus que je m’occupe de lui, que je dois juste jouer parfaitement tous les coups. Alors, j’anticipe à fond pour arriver à Tévennec pile à la renverse de courant… et là c’est jouissif : je prends le tapis roulant et je me fais littéralement aspirer dans le raz de Sein. Je reprends encore un demi-mille et du coup je sors avec un mille d’avance. Ensuite, l’écart est fait : il n’y a plus qu’à aller vite jusqu’à Saint-Gilles, être vigilant, bien surveiller les algues… et ne plus dormir, du coup !”

A t’écouter, on a l’impression que tu as la satisfaction d’avoir réussi un cas d’école…

“Je crois que c’est ça, oui. J’ai regardé ma trace sur l’ordinateur et honnêtement je pense avoir livré une copie idéale, quasi parfaite. C’est un sentiment très agréable, car ce n’est pas une victoire sur un coup de chance ou une mistoufle. C’est l’impression du travail bien fait… et aussi d’avoir remis un peu le cavalier sur le cheval après la première étape où je n’avais pas eu de réussite.”

De tes cinq victoires d’étape sur la Solitaire, celle-ci est la plus belle, de ce point de vue ?

“Je ne sais pas… peut-être, mais elles sont toutes belles ! En tous cas je garderai en mémoire ce match-race avec Nicolas Lunven de nuit et sous spi. Je vais me servir de ça pour la troisième étape, m’appuyer sur cette belle navigation.”

Justement, tu gagnes la bagatelle de 6 places au classement général, tu es désormais 6e à une heure du leader Yann Eliès et à 30 minutes du podium. C’est jouable sur la dernière manche vers Cherbourg ?

“Tout dépendra de la météo bien sûr – plus d’opportunités si vent faible que l’inverse – mais il y aura de très nombreux pièges encore, entre autres à nouveau à la pointe de Bretagne, mais aussi sous la côte anglaise. Il faudra encore bien jouer les courants, anticiper, aller vite et savoir dormir au bon moment. Mais évidemment, cette victoire redonne le moral. Je me dis que je sais faire de belles choses, alors… “Yes I can ! “

Le podium de l’étape 2

1. Gildas Morvan / Cercle Vert en 2 jours 11 heures 28 minutes et 28 secondes
2. Nicolas Lunven / Generali à 3 minutes 17 secondes
3. Yann Eliès / Groupe Queguiner-Journal des Entreprises à 10 minutes et 25 secondes

Les 10 premiers au classement général (avant jury)

1. Yann Eliès / Groupe Queguiner-Journal des Entreprises
2. Morgan Lagravière / Vendée à 0h30 min’17 secondes
3. Nicolas Lunven / Generali à 0h30’27”
4. Fabien Delahaye / Skipper Macif 2012 à 0h33’49”
5. Thierry Chabagny / Gedimat à 0h56’49”
6. Gildas Morvan / Cercle Vert à 1h00’47”
7. Erwan Tabarly / Nacarat à 1h04’32”
8. Alexis Loison / Groupe Fiva à 1h15’45”
9. Paul Meilhat / Skipper Macif 2011 à 1h17’23”
10.Frédéric Duthil / Sepalumic à 1h22’32