Speedomètres bloqués à 20 nœuds…
Pilotes rivés à leur barre, les monocoques de la Calais Round Britain Race avalent les milles à toute vitesse. Les équipages naviguent sur le fil du rasoir avec un plaisir mêlé de stress et une excitation teintée de fatigue.
Les récits de départs à l’abattée, de spis explosés, d’enfournements, de petites ou grosses frayeurs ont en effet animés la vacation de midi. Jean Luc Nélias à bord de Sill et Veolia : « Nous sommes partis à l’abattée sous spi max avec 40 nœuds de vent. On a failli faire le « grand casino , et je peux vous dire que tout le monde a eu les genoux qui s’entrechoquaient ! ». Victime de plusieurs incidents de ce genre, l’équipe de Roland Jourdain a d’ailleurs mis la pédale douce cette nuit, laissant le duo de tête prendre un peu d’avance. Toutefois, personne n’a échappé aux figures libres.
Graham Tourell à bord d’Ecover : « le bateau est parti à l’abattée, le spi a explosé et on a dû tout couper. Les morceaux de spi doivent flotter quelque par autour de îles Orcades (archipel situé au nord de l’Ecosse). ». Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) confirmait : « On s’est fait quelques frayeurs cette nuit… ce n’est pas de tout repos . »
« A la barre, c’est rock and roll »
A la mi journée, le vent de sud-ouest oscillait entre 25 et 35 nœuds, la mer était formée mais courte, d’où le risque permanent de planter les étraves dans les vagues. « A la barre, c’est parfois rock and roll parce qu’on enfourne beaucoup. » précisait Kito de Pavant (Bonduelle). Du coup, les barreurs doivent se relayer fréquemment pour ne pas fatiguer. Toutes les deux heures en moyenne sur Bonduelle, voire toutes les demi-heures sur Ecover.
Quant à l’équipage, il doit être en mesure d’intervenir à tout moment car la moindre manœuvre monopolise les cinq hommes du bord. L’exercice est donc aussi réjouissant que fatigant, d’autant que depuis le départ, les conditions de navigation n’ont jamais été clémentes.
Ce matin, seule l’équipe d’Ecover, motivée par sa nouvelle place de leader, semblait relativement en forme. « Notre objectif est de garder Bonduelle à distance tout en continuant à naviguer prudemment ». Et jusqu’à présent Mike Golding et ses hommes maîtrisent bien la partie puisque les écarts restent stables avec leurs poursuivants.
Direction la Mer du Nord
A ce rythme (plus de 300 milles avalés en 24 heures), les première arrivées de la Calais Round Britain Race pourraient bien avoir lieu dimanche matin. Dès ce soir, les concurrents vont entamer leur descente en Mer du Nord. Et ces 600 milles de navigation jusqu’à Calais pourraient encore réserver quelques surprises tant la météo est incertaine. La course est loin d’être finie !