Les dernières quarante-huit heures ont visiblement éprouvé les organismes et tous les coureurs joints à la vacation ont exprimé leur soulagement de pouvoir souffler. Il faut dire que vivre dans une sorte de shaker aux mouvements parfois totalement imprévisibles, dans la caisse résonance des coques en carbone, dans l’humidité permanente ne relève pas vraiment de la sinécure. Quand on ajoute à ces ingrédients, la crainte toujours présente de la casse matérielle et la pression de la compétition, on comprend mieux que les tandems de la Barcelona World Race n’aient pas spécialement apprécié les dernières heures.
D’autant que les monocoques IMOCA peuvent faire parfois montre d’un caractère pour le moins impétueux. Kito de Pavant expliquait ainsi que, lors des dernières heures, malgré la décision de l’équipage de naviguer sous grand-voile seule, leur monture continuait de flirter avec les vingt nœuds de moyenne en enfournant régulièrement dans des vagues plus abruptes que les autres. Difficile dans ces conditions de trouver le repos nécessaire : dormir tient de la gageure entre mouvements de la coque qui cogne dans les vagues et le bruit infernal ; se préparer un repas chaud tient de l’utopie. L’Indien comme c’est souvent le cas, ne sera visiblement pas regretté par beaucoup de navigateurs, à l’heure de faire les bilans.
Dans ces conditions, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron, forts de leur avance, ont visiblement pris le parti de gérer leur course. L’écart avec Mapfre se stabilise aux alentours de 400 milles, soit une grosse journée de navigation. Un petit plus en retrait, Estrella Damm et Groupe Bel continuent leur mano a mano. Autre duo collé serré, Mirabaud et Neutrogena se livrent maintenant bataille à cinq milles à peine l’un de l’autre.
C’est d’ailleurs une des caractéristiques de cette édition que de présenter plusieurs duels au sein de la course… On pourrait ainsi citer la bataille à distance entre les demoiselles de GAES Centros Auditivos et les deux gaillards d’Hugo Boss qui ont juré de les accrocher à leur tableau de chasse avant la sortie de l’océan Indien. Mais ces dames ont décidé de faire de la résistance. Enfin en queue de flotte, Forum Maritim Catala ne peut que se féliciter d’avoir enclenché le mode furtif puisque, pour 12 milles, ils ont pu griller la politesse à leurs complices de We Are Water. En vingt-quatre heures, le duo franco-espagnol a gagné deux places profitant aussi de l’arrêt de Central Lechera Asturiana à Cape Town.
Juan Merediz et Fran Palacio, arrivés dans la nuit à Cape Town ont finalement pu larguer les amarres aux alentours de 14h00 (TU + 1) et devraient maintenant tenter de revenir au plus vite au contact. Le régime de vent d’ouest qui s’installe progressivement sur la zone de course devrait les y aider.
Classement de 15 h:
1 VIRBAC-PAPREC 3 à 15 547,6 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 419,1 milles du leader
3 ESTRELLA DAMM à 549,7 milles
4 GROUPE BEL à 586,8 milles
5 RENAULT Z.E à 805,9 milles
6 MIRABAUD à 1464,9 milles
7 NEUTROGENA à 1469,9 milles
8 GAES CENTROS AUDITIVOS à 2065,7 milles
9 HUGO BOSS à 2311 milles
10 FORUM MARITIM CATALA à 2704,2 milles
11 WE ARE WATER à 2716,3 milles
12 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 2896,7 milles