Docteur Morgat and Mister Rade

Grand Prix de Ecole Navale 2009
DR

On attendait un temps orageux et de l’air… Les concurrents furent finalement soumis à un régime de vents faibles et instables qui, s’il souffla régulièrement sur le plan d’eau de Morgat, se révéla beaucoup plus capricieux en rade de Brest. Résultat des courses : quand à Morgat, les Laser SB3 avaient quasiment fini leur journée aux alentours de 14h, à la même heure, les concurrents des ronds Michelin et Thales piaffaient toujours d’impatience de pouvoir enfin se mesurer les uns aux autres.

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Laser SB3, série sereine
En baie de Morgat sous la houlette bienveillante mais ferme, de Jean-Paul Vallégant, le Président du Comité de Course, les Laser SB3 ont enquillé les parcours banane dès 9h30, heure prévue du premier départ. Une bonne dose d’opportunisme, une mise en condition des concurrents avec l’envoi, dès le premier départ du pavillon « noir » qui menace de disqualification tout concurrent qui franchirait la ligne prématurément, ont permis à la flotte de cumuler les résultats… A ce petit jeu, l’équipage sud-africain de City of Capetown démontrait toute son aisance dans les petits airs. Départs prudents, vitesse impressionnante, tactique maitrisée, Roger Hudson, son fils Dave et leurs deux équipiers ont dominé cette journée du franc-bord et de l’étrave… Et ce malgré la concurrence d’équipages aussi affutés que 3 Sad Old Blokes barré par Jeremy Hill. Autre équipage régulièrement aux avant-postes, les Irlandais de Team Redman Fisher. Un équipage britannique, un irlandais et un sud-africain comptant dans ses rangs deux noirs, la classe des Laser SB3 donnait un bel exemple de diversité culturelle.
Les deux équipages français engagés dans l’épreuve ne se berçaient pas de trop d’illusions en venant à Morgat. Confrontés au gratin de la série, Sébastien Audigane sur Direct Sailing et Philippe Péron sur Laser Performance, montraient au fil des manches une pugnacité grandissante malgré un manque évident d’expérience de la série. Il reste à espérer que les deux équipages français fassent des émules dans une série qui n’est pas sans rappeler l’état d’esprit qui préside en Dragon, la modernité en plus.

Open 5,70, petits mais impétueux
Est-ce le fait d’avoir attendu longtemps avant de pouvoir libérer leurs ardeurs ? Toujours est-il que les équipages d’Open 5,70 n’ont pas été vraiment raisonnables pour leur première manche du jour. Malgré l’envoi du pavillon noir, suite à un premier rappel général, le comité de course a dû se résoudre à renvoyer une troisième procédure non sans avoir renvoyé à leurs chères études, les huit concurrents qui avaient eu le malheur de se faire prendre… Dans cette série, l’équipage de Petit Moustic, mené par Laurent Iturbide a sérieusement enfoncé le clou d’une domination sans partage. Trois places de premier sur les quatre premières courses, une plus mauvaise place de troisième, on voit difficilement ce qui pourrait inquiéter les Basques, d’autant que leur plus proche adversaire, Olivier Gentric (Technichauffage), faisait justement partie de la charrette concernée par la fameuse règle noire… Il est maintenant sous la menace d’Ecole navale CG29 barré par Thomas le Breton. Les dernières manches risquent de peser lourd pour l’attribution du podium définitif.

J80, Longtzee, Open 7,50, Open 650 : débats houleux
Le rond Thales qui accueillait les J80 et les grands sportboats fut le théâtre de débats autrement plus animés. Positionné dans une veine de courant puissants, soumis à des variations de vents incessantes, les conditions du parcours avaient de quoi faire s’arracher les cheveux du plus placide des présidents de comités. Les concurrents ont dû jongler avec des changements de parcours fréquents, des retournements de situations rocambolesques, des lignes de départ parfois chaotiques et des arrivées dans un mouchoir de poche. A ce petit jeu, certains favoris en J80 y ont perdu une part de leurs illusions tel l’équipage de Gandja, barré par Luc Nadal, auteur d’une manche calamiteuse ou celui de PL Yachting, où des compétiteurs aussi affutés que Dimitri Caudrelier ou Jean Galfione, n’ont pu que constater que le vent est parfois bien imprévisible et le courant bien capricieux.
En Open 650, Yves Le Blevec (Actual) continue de mener les débats dans ce petit temps qui convient si bien à sa monture. En Longtze, les débats semblaient plus équilibrés qu’hier, même si les frères Tabarly, assistés de Vincent Biarnes et Gilles Favennec (Athema) semblent conserver une petite marge d’avance. Une chose est certaine : le Grand Prix de l’Ecole Navale montrait aujourd’hui deux visages, de part et d’autre de la presqu’île de Crozon… Mais l’essentiel est bien qu’au bout du compte, chacun ait eu son comptant d’émotions et d’images à l’issue de la journée.

Ils ont dit :
Sébastien Audigane (Laser SB3)
« C’est un bateau très pointu à faire marcher. De plus, le niveau de ce Grand Prix est très élevé avec quelques concurrents habitués es épreuves internationales. On retrouve un peu l’esprit du Dragon, avec une flotte très compacte et dans le même temps un très grand fair-play des concurrents. En tous les cas, c’est une série qui mérite de connaître un vrai développement, ouverte à tous types d’équipiers. Même si personnellement, j’ai la tentation de me mettre au rappel, position interdite sur la série. »

Sébastien Audigane est un des équipiers les plus recherchés de la planète mer. Son toucher de barre, sa capacité d’adaptation à tous types de supports lui permettent d’embarquer aussi bien à bord du maxi catamaran Orange II et d’être l’un des treize hommes les plus rapides autour du monde en équipage.

Dave Hudson (Laser SB3)
« C’est la première fois que l’on vient naviguer en Bretagne et l’ambiance est extraordinaire. Une très belle organisation, un plan d’eau magnifique et une compétition relevée, on ne pouvait pas rêver mieux. Pour venir, nous en avons profité pour faire un peu de tourisme : le Mont Saint-Michel, Cancale et ses huitres… C’est aussi pour nous l’occasion de découvrir votre pays…»

Tout l’équipage de City of Capetown navigue régulièrement ensemble. Ces quatre Sud-Africains établis à Londres travaillent aussi dans la même entreprise familiale dirigée par le père de Dave.

Yves Le Blevec (Actual, Mach 6,50)
« On peut arriver à avoir quelque chose d’intéressant si on arrive à mettre en commun nos expériences. On ne gagne pas à s’opposer les uns aux autres. Il faut surtout rester sur des coûts raisonnables, faire que les amateurs puissent venir se confronter aux professionnels. C’est une des conditions pour que cette classe soit pérenne. Pour moi, naviguer sur ce bateau, c’est un excellent entrainement en vue de mes navigations sur mon futur trimaran. Je continue de régater au contact, d’être à la recherche de sensations… Comme en plus, on se fait plaisir… »

Yves Le Blevec détient le record du tour du monde en équipage avec Orange II. Vainqueur de la Mini-Transat 2007, il construit un trimaran de 50 pieds avec lequel il devrait être au départ de la prochaine Transat Jacques Vabre.