Franck Cammas éclabousse de tout son talent cette 9e édition à la fois compliquée et éprouvante. Francis Joyon, qui participe pour la cinquième fois à la Route du Rhum, qualifie celle-ci de plus dure de toutes ! Pour remporter son premier Rhum, Cammas ne s’économise pas. Toute la journée lundi, il a multiplié des virements de bord ô combien épuisants sur cette monture surpuissante.Si la victoire semble promise au skipper de Groupama 3, la deuxième place reste encore indécise entre Thomas Coville et Francis Joyon. Les deux skippers attendaient avec impatience cette première confrontation entre leurs deux maxi-trimarans taillés pour le tour du monde en solitaire. Mais quel que soit le premier des deux à Pointe-à-Pitre, il sera difficile de tirer des enseignements sur le potentiel respectif de leurs machines du fait qu’ils ont chacun suivi des routes totalement opposées. Avec 70 milles d’avance, Coville conserve pour l’instant un avantage conséquent.
Derrière, Yann Guichard (Gitana 11) n’est décidément pas à la fête. Après des conditions musclées à travers des grains en tout genre, il s’est retrouvé quatre heures de suite sans le moindre souffle d’air, sur une mer encore agitée. Philippe Monnet (La Boîte Pizza) doit aussi se sentir un peu seul au milieu de l’Atlantique à environ 500 milles de ses adversaires de la catégorie Ultime. En bout de flotte, Servane Escoffier (Saint-Malo 2015) et Gilles Lamiré (Défi Cancale) sont mieux lotis, bien calés dans les alizés. Les deux concurrents du pays malouin sont toujours à la lutte et ne comptaient que 6 milles d’écart au dernier pointage.
Imoca : Le calme avant la tempête
En huit jours de course, les huit concurrents encore en lice dans la classe Imoca n’ont pas été épargnés par des conditions météo difficiles. Un peu de répit ne fait pas de mal pour reposer les organismes et faire sécher vêtements et habitacle, trempés par des déferlantes à répétition. Mais un répit de courte durée puisqu’au calme de ce lundi devrait succéder l’arrivée de la dépression tropicale issue du cyclone Tomas mardi soir.
Multis 50 : Coups durs en série
Toujours en tête de la flotte, Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) dont l’étrave s’est brisée juste en avant de la cadène de solent et Yves Le Blévec (Actual) qui a subi une avarie au niveau de la crosse du bras de liaison avant tribord, tentent tous les deux de gagner vers le nord, sous ORC seul, dans le but de trouver une mer plus calme et d’envisager des solutions pour rejoindre la Guadeloupe dans les meilleures conditions de sécurité possibles. Leur progression – entre 2 et 3 nœuds – est rendue particulièrement difficile à cause des vagues et d’un vent très instable. Pour l’un comme pour l’autre, distants de 100 milles en latéral et positionnés à plus de 1 100 milles de la terre la plus proche, l’inquiétude est aujourd’hui réelle pour les bateaux.
Class 40 : A l’assaut des Açores
Dans l’ouest de ces îles situées à mi-Atlantique, Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) ouvre toujours la route et creuse les écarts avec ses poursuivants immédiats, Yvan Noblet (Appart City) et Samuel Manuard (Vecteur Plus). Pourtant, en ce 8è jour de course, les regards convergent vers le Sud où progressent les dissidents de la première heure de cette grande traversée océanique. Sous le soleil et dans un alizé plus musclé, Nicolas Troussel (CMB) et les siens ont des ailes.
A 2000 milles de l’arrivée en Guadeloupe, Andrea Mura (Vento di Sardegna) ne desserre par son étreinte sur la première place en catégorie Rhum. Solidement accroché à son fauteuil, le Sarde a profité de ces dernières heures pour conforter son avance et distancer ses poursuivants. Relégué à 83 milles et décalé dans le Nord du leader, Charlie Capelle (A’Capella) est aux prises avec de petits airs depuis ce matin.