Le départ de la Transat Saint-Barth / Port-La-Forêt a été donné cet après-midi. C’est l’occasion pour les skippers IMOCA de faire leur qualification pour le Vendée Globe. C’est finalement 6 des 7 skippers IMOCA60 qui se sont élancés, l’irlandais Enda O’Coineen (Currency House Kilcullen) est contraint de différer son départ à cause de soucis techniques. Le reste de la flotte fait actuellement route au nord, dans un régime d’alizé soutenu.
Pas besoin de soleil pour faire le show ! Les IMOCA60 ont offert un beau spectacle cet après-midi, sous un ciel nuageux, au large de l’île de Saint Barthélemy. Paul Meilhat (SMA) a été le premier à couper la ligne de départ, suivi de près par Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord).
À 15 – 16 nœuds, au près, dans une mer formée, un brin émus mais parfaitement concentrés, les concurrents de la Transat Saint-Barth / Port-La-Forêt entament-là (excepté Sébastien Josse) leur toute première transat en solitaire en IMOCA60…
Chasse aux fronts
Pendant les 24 à 36 prochaines heures, à la faveur d’un flux soutenu de 17 à 20 nœuds de secteur est, les solitaires vont chercher à gagner dans le nord de façon à quitter le régime des alizés et embarquer dans le « train » des dépressions qui balaient l’Atlantique Nord d’ouest en est. Leur stratégie va consister à se placer en avant de ces systèmes météo afin profiter des flux portants qui les précèdent.
Sébastien Josse, le seul représentant des nouveaux IMOCA
À la barre du Mono60 Edmond de Rothschild, Sébastien Josse sera le seul représentant de la nouvelle « vague » des 60 pieds du Vendée Globe, ceux dotés de plans porteurs en lieu et place des dérives droites. Suite à l’abandon sur la Transat Jacques Vabre, le marin et toute l’équipe du Gitana avaient à cœur d’être présents sur cette ligne départ. L’objectif étant naturellement d’engranger de l’expérience sur le dernier-né des Gitana et de trouver les bons réglages afin d’atteindre l’alchimie nécessaire pour mener au mieux cette nouvelle monture dans le Vendée Globe.
« Cette transat est tranchée avec une première partie dans les alizés, ambiance tropicale, puis une transition assez brusque qui nous plongera en quelques heures dans une ambiance quasi hivernale avec des dépressions pour nous propulser vers l’Europe. Le schéma météorologique de départ semble assez simple ; nous devrions partir dans des conditions médium avec un alizé d’une quinzaine de nœuds forcissant à 25 sous les grains. Car ils sont nombreux en ce moment dans le coin. Les premiers jours de course (3 à 4 jours) devraient se dérouler dans cette configuration et nous permettre ainsi de nous éloigner de l’arc antillais travers au vent. Puis l’alizé tournera progressivement tout en mollissant à l’approche de la bordure de l’Anticyclone des Açores. C’est là qu’il faudra négocier la transition pour aller attraper une première dépression, véritable rampe de lancement vers les côtes européennes. En termes de conditions météos, cette deuxième phase de course ressemble beaucoup aux 40èmes dans le Sud, à l’entrée de l’Océan Indien. C’est donc un très bon entraînement » glissait le skipper Gitana, avant de poursuivre : « Mais à ce stade, les modèles de prévisions divergent. Le CEP (modèle européen) et le GFS (modèle américain) ne sont pas calés pour l’instant et si le premier nous voit attraper rapidement une première dépression, cette dernière semble trop rapide pour le deuxième qui nous prévoit donc encore quelques milles vers le Nord avant de pouvoir bénéficier des puissant vents d’Ouest Nord Ouest. »
Il faudra ainsi patienter quelques jours avant de connaître le menu de la deuxième partie de parcours de cette Transat Saint-Barth – Port-la-Forêt. Mais qu’importe, d’ici là, les solitaires auront de quoi s’occuper même si Sébastien Josse qualifiait volontiers ces premiers jours de course dans l’alizé comme une mise en jambes tout en douceur : « Les conditions de ce début de course vont nous permettre de nous mettre dans le bain avant l’ambiance « casque lourd » qui nous attend dès que nous serons dans le train des dépressions. Sur les premiers jours, l’enjeu sera de bien gérer les trajectoires pour réaliser un beau contournement de l’Anticyclone des Açores. Les choix de voiles seront très importants mais il n’y aura pas de grands coups tactiques à jouer. La gestion de la transition vers les dépressions sera elle bien plus stratégique mais c’est encore trop tôt pour en parler ! »
Classement au passage de l’ile Fourchu, première et dernière marque de parcours avant l’arrivée
1. Paul Meilhat – SMA
2. Sébastien Josse – Edmond de Rothschild
3. Thomas Ruyant – Le Souffle du Nord
4. Morgan Lagravière – Safran
5. Fabrice Amedeo – Newrest-Matmut
6. Éric Holden – O Canada
7. Enda O’Coineen – Currency House Kilcullen