En cette fin de matinée de ce troisième jour de course, et avec déjà 1000 milles au compteur, les coureurs sont en phase de récupération : vents contraires légers en Manche, calmes à la pointe de Bretagne, vitesses extrêmes dans le golfe de Gascogne, brises faibles portantes au cap Finisterre, les conditions météorologiques de ce jeudi matin sont favorables pour régénérer les organismes. Sommeil, séchage, alimentation : l’installation d’un alizé portugais modéré (Nord à Nord Ouest 14 à 18 nœuds) permet d’aligner les milles sur une mer plate sans trop manœuvrer (quelques empannages au gré des bascules). Car la fatigue s’est accumulée après une nuit quasiment blanche lundi, une journée de mardi assez active sur le pont et un mercredi musclé qui ne facilitait pas le repos… Surtout que la journée de vendredi s’annonce plus qu’agitée, carrément violente ! Franck Cammas a profité de ces conditions que son trimaran affectionne particulièrement, pour s’échapper un peu face à Pascal Bidégorry, mais surtout gagner encore des milles sur Michel Desjoyeaux et les deux Gitana. Déjà à la hauteur du Tage ce midi, les deux leaders devraient logiquement, au vu des cartes météo de ce jeudi, grappiller encore une dizaine voir une vingtaine de milles sur leurs trois poursuivants alors que Sopra Group va en perdre des dizaines, englué qu’il sera dans une bulle sans vent à l’approche de l’Espagne… Le jeune équipage d’Antoine Koch n’a décidément pas de chance car tous les enchaînements météo passés et à venir (du moins pour le trois jours suivants) lui sont défavorables ! A noter que Thierry Duprey du Vorsent (Gitana 12) a dû arrêter son bateau quelques temps au large de Vigo pour changer le safran de flotteur tribord qu s’était brisé en fin de nuit dernière.
Glissades, orages, tamponnages
Suivant la face orientale d’une dorsale positionnée au large du Portugal, les trimarans (à l’exception de Sopra Group, encore dans le golfe de Gascogne et qui va butter sur les calmes du cap Finisterre cet après-midi) filent tranquillement plein Sud dans un flux établi qui se renforce un peu plus sous la latitude de Lisbonne. Les cinq premiers vont donc glisser à une vingtaine de nœuds jusqu’au cap Saint Vincent, Groupama 2 en tête devant l’atteindre en milieu d’après-midi, Gitana 12 (5ème à 180 milles) après le coucher du soleil. Ce cap portugais se présente aussi comme un nouveau passage à niveau car un centre dépressionnaire centré sur Madrid va générer dans la baie de Cadix, une zone d’orages et de vents instables, quasiment jusqu’au détroit de Gibraltar. Les premiers vont donc de nouveau ralentir pendant que les poursuivants vont refaire leur retard : ce « virage » là est certainement le « tournant » de la course Londres-Alpes Maritimes !
Le virage est un tournant…
Si les écarts sont trop conséquents (plus de cent milles) avant le passage des Colonnes d’Hercule, il deviendra très difficile de revenir ensuite en Méditerranée… En effet, le vent est clairement installé au secteur Est depuis plusieurs jours et pour encore plusieurs jours, soit du près contre une mer courte et chaotique en mer d’Alboran, et surtout un passage très dur, très violent dans le détroit de Gibraltar. L’effet Venturi va générer des vents de plus de 40 nœuds pendant les quelques heures et il faudra affronter vent et mer contraires tout en gérant l’important trafic maritime… Il vaut mieux être en pleine forme avec un bateau nickel pour traverser cette zone extrêmement dangereuse et
brutale ! La flotte va donc tamponner en arrivant sur la pointe Sud de l’Espagne vendredi après-midi.
Source MultiCup 60