74 milles derrière Giovanni, Boris Herrmann est en seconde position, naviguant avec la trinquette et un ris dans la grande voile. « Je suis un peu sous toilé, mais d’ici peu cela sera parfait !» et le skipper allemand ajoute « Je suis un peu fatigué ce matin. Le téléphone n’a pas arrêté de sonner, je n’ai pas pu dormir » La ligne d’arrivée étant à 270 milles devant lui, un ‘fan club’ s’est formé : « mes sponsors m’ont appelés, l’ancien propriétaire du bateau ainsi que des amis. Le décalage horaire entre ici et l’Europe n’est pas à mon avantage.» expliqua le jeune Hermann à 10h30 GMT, alors que le soleil commençait à pointer son nez. En lui demandant si son sponsor était content, Boris Herrmann répondît « Je pense que oui, ils m’ont dit que j’avais intérêt à gagner mais je ne crois pas que cela soit réalisable. Même si je ne gagne pas, je pense qu’ils seront contents du résultat. »
74 milles d’avance sur Herrmann
En ce qui concerne la météo des prochains jours, le skipper Allemand de 27 ans, est septique : « Juste avant mon arrivée à Marblehead, le vent risque de tomber.» Il y a bien un scénario que Boris Herrmann voudrait éviter : « Quelques années auparavant, j’ai passé mon anniversaire sur un mini, dans la pétole de la baie de St Malo. Demain c’est mon anniversaire, et je ne voudrais pas passer la journée à essayer d’atteindre la ligne d’arrivée pour faute de vent. » Cette après-midi, Beluga Racer suit Telecom Iatlia de 85 milles, perdant 11 milles depuis que Giovanni Soldini a lancé son bateau à plein régime (10.6 noeuds)
En 3ème position, Thierry Bouchard, âgé de 49 ans, avouait : « Je suis vraiment fatigué » ce qui était clairement vérifiable dans le son de sa voix. « Les derniers jours ont été durs, les derniers résultats n’ont pas été exceptionnels! » Ne remettant pas en question la capacité de son Class40, Thierry ajoute « Ce n’est pas mon bateau, c’est juste ma faute, je n’arrive plus à le faire avancer aussi vite. » Thierry Bouchard navigue entre la 2ème et la 3ème place depuis le 8ème jour de The Artemis Transat, et ces 19 jours en tête de la course commencent à l’éreinter. « Plus que deux bords avant la ligne d’arrivée » dit-il avec mélancolie. Mistral Loisirs – Pole Santé ELIOR a repris, au cours de la journée, 21 milles sur son poursuivant Louis Duc
Au contraire, le skipper de Fujifilm en pleine forme lors de la conférence de ce matin, raconte : « Si vous parlez à Mistral Loisirs, dîtes lui que je compte bien revenir sur lui». Alors que le vent faisait son apparition entre 18h00 et 19h00 GMT la nuit dernière, Alex Bennettt a choisi l’option sud, ce qui a, au final, porté ses fruits : « J’ai pris 50 milles d’avance sur Miranda Merron (40Degrees) ». Hier Fujifilm naviguait à vue de Groupe Royer « j’ai réussi à me mettre à son vent ce qui m’a permis de toucher la brise de sud-ouest le premier et après il a suivi une route plus au nord. » C’est une grosse erreur se réjouit Bennett qui, avec Fujifilm, poursuit sa route au sud, en direct sur Marblehead de manière à être bien positionné quand les vents tourneront au nord ouest à l’approche de l’arrivée. Ce matin, Fujifilm naviguait entre 15 et 20 nœuds dans une brise de sud-ouest avec un ris et génois. « Chaque mille navigué dans cette configuration est un bonus », admet-il. « Ça peut tomber à tout moment, comme ça peut tenir jusqu’au bout ! »
Miranda Merron, admet, ce matin dans un mail que, d’avoir emmené 40Degrees dans le nord, n’a pas été un de ses meilleurs choix tactiques : « Les autres ont trouvé beaucoup plus de vent que moi, leurs vitesses ont augmentés, ma route n’a pas été la bonne. » Depuis la dernière position hier soir à 18h00 GMT, 40 Degrees est passé de la 4ème position à la 7ème. Elle commente : « C’est la chose la plus énervante dans ce sport, un bord différent et tu te retrouves loin derrière les leaders ». Miranda Merron, afin de faire son choix, s’était basée sur les analyses des fichiers météo, et reste pragmatique sur le résultat : « Ce n’est pas comme si j’avais pris une option radicale, la route était juste un peu différente mais cela n’a pas fonctionné. » Hier, au cours de la journée, scotchée dans la dorsale, Miranda Merron a dû prendre des mesures pour combattre la fatigue : « Je n’avais plus de ressources. Je me parlais lors des manœuvres afin de ne pas faire n’importe quoi ! »
Parnaudeau : "ça attaque dans tous les sens"
Prévoir Vie a rejoint 40 Degrees au nord. Benoît Parnaudeau, quant à lui, était très ‘relax’ lors de la vacation de ce matin : « Tout va bien ici, la mer est plate, le bateau glisse tout seul. » Cette après-midi Prévoir Vie est en 8ème position à 14 milles derrière 40 Degrees « J’en profite pour me reposer, je monte de temps en temps sur le pont pour vérifier les réglages, le compas, et retourne m’allonger. » Cependant Benoît affirme que la compétition n’est pas terminée et ajoute « J’adore cette course, elle est vraiment passionnante car ça attaque dans tous les sens avec des options différentes. »
Suivant Benoît Parnaudeau de 44 milles cette après-midi, Groupe Partouche a tenu la 9ème ou la 10ème position tout au long de la course, avec une rapide apparition à la 7ème place. « Depuis le premier jour de la course, j’ai ma caisse à outils ouverte. » raconta-t-il, un peu déçu, ce matin lors de la vacation. « J’ai eu le moteur qui a surchauffé, puis la voile qui a éclaté lors de la tempête de l’autre jour et maintenant c’est une fuite au niveau de la quille. La fuite n’est pas grave, il faut juste que j’éponge de temps en temps ». Christophe Coatnoan n’a donc pas pu utiliser le maximum de son bateau. En 11ème position, Simon Clarke sur Clarke Offshore Racing suit Groupe Partouche de 57 milles après avoir subi un vent du nord la nuit dernière : « J’ai encore perdu 20 milles la nuit dernière ce qui est vraiment frustrant. Je ne pouvais prendre le risque de rester coincé là, donc j’ai optionné vers le nord. » Être le dernier de la course n’est pas facile pour Simon Clarke, bien qu’il ne s’est jamais plaint de sa place, et rajoute même « C’est vraiment dommage pour Miranda, elle a perdu beaucoup de milles en choisissant l’option nord, c’est elle qu’il faudrait plaindre. Elle avait effectué une très jolie course jusque-là, et a tout perdu en un jour. » Gardant un œil sur la bataille qui se livre à 80 milles devant lui, Simon Clarke ajoute : « Je peux me tromper, mais il est possible qu’elle puisse se glisser juste derrière les autres. »
(source The Artemis Transat)