
Bien parti dans le peloton de tête hier, Armel Tripon à bord de « Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty » plonge au sud alors que Phil Sharp et Maxime Sorel sont plus ouest. C’est finalement l’ensemble de la flotte qui a opté pour la route Sud. Retour sur le départ d’Armel Tripon et les options stratégiques au niveau météo qui ne seront pas simples sur cette Transat.
« C’est le grand jour tant attendu, les derniers moments avant le départ… J’ai un peu la boule au ventre – c’est normal, elle disparaitra dès le départ – et je suis très concentré, à fond sur l’étude de la météo pour analyser le mieux possible ce qui nous attend. D’autant que la situation est assez inhabituelle et très compliquée. Cette étude de la météo juste avant le départ est très importante car nous n’avons pas droit au routage extérieur et il faut bien comprendre tout ce qui peut se passer, sachant que j’ai à bord de quoi recevoir des fichiers de vent et des cartes satellites pour réactualiser en mer. Il y a aura vraisemblablement un choix crucial à faire dès les premières heures de course. »
« La météo prévoit une dépression assez creuse qui arrive sur la flotte pendant les premières 48 heures de course. On parle d’une hauteur de vagues pouvant atteindre six mètres et des rafales à 50 nœuds. Il y a donc cette première dépression à négocier… et derrière il y en aura d’autres ! Le problème est d’anticiper ce qui se trame après le passage de la première dépression, à l’échéance de 6 ou 7 jours de course. Pour schématiser, il faut soit aller chercher la dépression, soit passer sous l’anticyclone en allant chercher un point qui peut se trouver assez proche du cap Finisterre, la pointe nord-ouest de l’Espagne. C’est ce que disent les routages théoriques que j’ai fait tourner tôt ce matin.
Il y a un choix stratégique à faire dès le début : soit faire du gain vers l’Ouest proche de la route directe pour aller chercher cette dépression tout de suite, soit faire du gain vers le Sud pour passer sous l’anticyclone, en faisant bien attention à ne pas rentrer dans la bordure de cet anticyclone, au risque d’être freiné. Personnellement, ça ne me dérange pas d’aller dans la baston, dans le gros temps, si ça se justifie du point de vue de la course… mais là le problème est que derrière la première grosse dépression, une énorme dorsale anticyclonique de vents faibles barre la route.
il ne faut pas s’attendre à voir les bateaux du Sud mettre le cap vers l’Ouest avant mardi soir, voire mercredi. Mais quelle que soit la route choisie on sait que de toutes façons on devra affronter des conditions difficiles, des vents puissants, des mers formées… Il va y avoir du jeu stratégique à mon avis très intéressant…»