Alinghi, la force tranquille

Alinghi
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Si les onze challengers de la 32e America’s Cup pensaient qu’Alinghi allait s’étioler après une saison 2004 en demi-teinte (où le Defender a terminé troisième derrière Emirates Team New Zealand et BMW Oracle Racing) et après la perte de son skipper Russell Coutts (vainqueur de trois America’s Cup), la domination suisse lors de la saison 2005 s’est chargée de remettre les pendules à l’heure.
« C’est juste une question de temps passé sur l’eau » expliquait Ed Baird, le barreur pour les épreuves de Trapani. « En 2004, l’équipe n’a pas eu beaucoup de temps avant les compétitions. Désormais, nous sommes sur l’eau dès que nous le pouvons. Si vous faites ça, vous progressez. Vous améliorez votre équipement et vous vous améliorez aussi. »
L’Américain a été un des trois barreurs d’Alinghi lors de ces Louis Vuitton Acts de 2005. Après le départ de Russell Coutts, l’équipe a divisé les temps de barre de façon égale entre Peter Holmberg (Valencia), Jochen Schueman (Malmö-Skåne) et Ed Baird (Trapani). Le partage fait partie des objectifs d’Alinghi afin de concevoir au moins deux équipages aguerris, capables de défendre la Coupe. Car à l’issue de la dernière régate en flotte de 2007 (soit le dernier Louis Vuitton Act), le Defender se retrouve seul pour s’entraîner, tandis que les challengers continuent d’affûter leurs armes pendant la Louis Vuitton Cup. Le problème le plus ennuyeux que va rencontrer l’équipe est de trouver à tous ces talents une place à bord pendant l’America’s Cup… Mais c’est un souci que de nombreuses équipes souhaiteraient avoir ! « Je pense que nous pouvons encore progresser » a déclaré Ernesto Bertarelli, le patron du Defender suisse. « Nous avons testé de nombreuses personnes à bord. Nous les avons mélangées avec les barreurs et nous sommes dans un processus de progression. Je ne dirais pas que nous sommes à notre meilleur niveau. Ce qui est satisfaisant, c’est de voir qu’à chaque fois que nous allons sur l’eau pour régater, nous apprenons quelque chose. C’est la méthode que nous devons appliquer pour réussir en 2007. »

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Venant d’un homme dont l’équipe a remporté cinq des six épreuves cette année, ces propos ont de quoi inquiéter challengers. Quoiqu’il en soit, la réalité sur le plan d’eau n’est pas aussi simple. En tant que groupe, les challengers se sont améliorés à chaque compétition de match racing, pour finir par combler le fossé. Rappelons qu’à Trapani, Emirates Team New Zealand, Luna Rossa Challenge, BMW Oracle Racing et Alinghi ont tous fini à égalité de point (9 victoires contre 2 défaites) en match racing. Alinghi a certes bénéficié du système de partage des ex-aequo, mais ne peut en aucun cas s’endormir sur ses lauriers.
Ernesto Bertarelli, dont le rôle est aussi d’assurer le succès de la 32e America’s Cup en tant qu’événement, se réjouissait d’ailleurs de participer à des régates aussi serrées, même s’il doit certainement espérer des victoires plus facile pour 2007. « Ce qui est surprenant et plaisant (si l’on regarde l’événement lui-même), c’est que la hiérarchie n’est pas aussi solide et établie que le craignaient certains. Nous avons terminé avec quatre bateaux à égalité. Quatre équipes de niveau presque équivalent. Si on regarde les régates en flotte (le résultat), nous avons gagné d’une seconde, donc c’est très serré. Il en faut peu pour tomber du mauvais côté de l’équation. Une poignée de petites équipes a fait preuve d’un très bon potentiel. Les Suédois à Valencia par exemple ; les Espagnols sont forts et Shosholoza qui est parti de nulle part commence à marquer des points. Je suis plutôt content de voir que tant de petites équipes montrent un tel potentiel. »

Après Trapani, Alinghi a conclu sa saison avec l’inauguration de sa nouvelle base à Valencia où l’équipage s’est installé, quittant ainsi les infrastructures temporaires du Club Nautico. Les navigants se sont un peu entraînés à Valencia mais sont désormais en vacance jusqu’au mois de février, entre deux compétitions internationales. « Nous allons avoir des moments plus tranquilles pendant la période la plus froide de l’hiver, mais nous allons continuer à discuter et à nous réunir pour planifier l’année prochaine. Nous avons de nouveaux équipements à gérer et à intégrer dans notre programme. » a confirmé Ed Baird.
Ces "équipements" comprennent au moins un nouveau bateau, même si l’équipe ne promet pas de régater avec l’année prochaine. SUI-75 a gagné tant de courses en 2005 qu’il n’y a pas urgence à régater avec un nouveau bateau et à dévoiler tous ses secrets. Alinghi va plutôt continuer à chercher comment aller plus vite en Class America. Il y a toujours quelque chose à améliorer, telle est la philosophie de l’équipe. « Nous devons mesurer tous les aspects qui permettent de gagner une course sur ces bateaux et tenter de progresser dans le moindre détail. Les départs, le matériel, les virements, les empannages, l’envoi des spinnakers, les voiles, le gréement… C’est tout le « package » qui peut être amélioré. Nous devons regarder cela et revenir avec des idées. » C’est la méthode suisse pour défendre l’America’s Cup.

DBo. (Source AMC)