Prochaine arrivée, prochain multi : demain samedi

Equipage a bord de Groupe Sefico
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« Tris-poursuite »
Il est attendu pour monter sur la deuxième marche du podium. Ce vendredi, tous les indicateurs du trimaran de 50 pieds Imagine sont passés au vert. Il affiche notamment 76 milles d’avance sur son poursuivant. Pour Pierre Antoine et ses complices, le vent de Sud-Ouest qui les propulse vers la ligne diffuse un agréable parfum : ça sent l’écurie devant les étraves ! « On commence à penser à l’arrivée que l’on espère pour demain samedi après-midi ou demain soir. On marche bien, l’allure est rapide et on n’est pas trop mal placé, confirme le skipper. Par rapport à Prince de Bretagne, qui nous fait souffrir depuis plusieurs jours, on est un peu décalé en latitude. Pour l’instant, on le contrôle en vitesse. Actuellement, on a entre 15 et 20 noeuds de sud-ouest, ce qui nous permet de faire à peu près la route directe, mais on espère une petite bascule sud ce soir ou en début de nuit. Ca devrait être du portant jusqu’à la fin et donc être assez rapide… »  Voilà pour l’ambiance. Place donc à la glisse pour conclure avec l’art et la manière cette traversée océanique plutôt rythmée. Le sel de la régate ne rajoute qu’un peu de saveur à la veille de l’arrivée.
A la lecture des fichiers météo, on devine en effet que Prince de Bretagne, positionné plus Nord, tardera à attraper cette bascule dans ses voiles. Hervé Cléris et son équipage risquent donc de souffrir d’un  déficit de vitesse, qui pourrait aller crescendo à mesure qu’Imagine se rapproche des côtes bretonnes. Pour autant, pas question de baisser les armes comme le détaille volontiers le capitaine du troisième trimaran : « On a toujours notre carte à jouer et on peut espérer un coup d’accordéon dans les derniers milles. Dans tous les cas, le moral est très bon. On sait qu’on joue la deuxième place dans les heures qui viennent et que tout est encore possible. La motivation est vraiment intacte ! » Voilà qui donne le ton :  la « tris-poursuite » n’est que plus vive à mesure que les arrivées se profilent à l’horizon.

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40 pieds : la classe ! 
Ce duel entre multicoques pourrait néanmoins être perturbé, en tout cas ponctué, par le dénouement de la bataille de haute lutte qui oppose les deux Class 40, Pogo Structures et Mistral Loisirs. Depuis bientôt 24 heures, Halvard Mabire et ses deux complices ont pris l’avantage sur le quatuor d’Oliver Krauss et creusent leur avance à mesure qu’ils se rapprochent de Saint-Malo. Au classement de 15 heures, Pogo Structures affiche près de 18 milles d’avance et caracole à 14 nœuds de moyenne. Toujours flashé jusqu’à 18 nœuds dans les pointes, l’équipage tire toute la mesure de leur Pogo 40.  Dans les deux cockpits, aucun ne lâche rien. A ce rythme, ces deux voiliers menacent même de voler la vedette au troisième trimaran de 50 pieds et au premier monocoque FICO, An Ocean of Smiles (Christophe Bullens). Une avance sur les autres catégories d’engagées qui augure des arrivées hautes en couleur et saveur dès dimanche, dans la nuit ou au petit matin. Comme quoi, la Class 40, dynamique et pleine de belles surprises, n’a certainement pas fini de faire des vagues… et faire parler d’elle.

Pour les poursuivants, la course continue au gré et au rythme des bulles sans vent, qui ont encalminé les partisans d’une route Nord, à l’image d’Appart City (Yvan Noblet) et Beluga Shipping (Boris Hermann), qui affichent des vitesses vertigineuses de moins d’un nœud ! Le malheur des uns faisant toujours le bonheur des autres, gageons que Prévoir Vie (Benoît Parnaudeau) saura en tirer profit. Le voilà à quelques milles de la 5ème place, dans le sillage des quatre premiers – Pogo Structures, Mistral Loisirs, Télécom Italia (Giovanni Soldini) et Novedia Group (Tanguy Delamotte) – qui n’ont pas fini de se chamailler les honneurs et l’ordre du podium. La journée de dimanche s’annonce animée au regard des arrivées de cette flotte de 40 pieds, décidément très en vogue sur la crête des vagues…

Démâtage de Groupe Sefico
Coup dur pour Philippe Vallée et son équipage. Lancé sur une route Sud et fort d’une très belle remontée de la 17è à la 9è place, le Pogo 40 Groupe Sefico a démâté ce vendredi matin.
A bord, la déception est immense après tous les efforts fournis pour recoller au milieu du peloton. Philippe Vallée, Eric Caiveau, Gildas Abgrall et Thomas Duhamel, qui n’ont pas été blessés, ont hissé un gréement de fortune avec les éléments de gréement récupérés (la bôme notamment). " Nous avons démâté, la course s’arrête là pour nous. Nous étions au portant 140° du vent, cap au 80, avec un vent de 18 nœuds. Nous marchions à 10 – 12 nœuds quand le hauban tribord a cédé, raconte Philippe Vallée. Nous allons rentrer aux Sables d’Olonne, le port d’attache du bateau…" Il envisage 10 jours pour arriver.

Ils ont dit

Yvan Noblet, Appart City : " On garde le moral, mais on est tanqué. On est dans une bulle qui descend avec nous à 1,5 noeud. Et le sud, c’est précisément là où on va pour essayer d’attraper le bon flux de sud-ouest dont bénéficie le reste de la flotte qui avance. On pensait pouvoir passer à côté cette nuit mais on n’a pas réussi à s’échapper donc on est coincé, sans vent. En plus, il y a de la vague. Résultat, non seulement on se fait un peu bastringuer dans tous les sens mais en plus on n’avance pas du tout. Pour couronner le tout, il fait gris ! Nul ! (rires) Ce n’est donc pas gagné. On peut très bien resté planté pendant une vingtaine d’heures. Pour autant, on reste concentré sur la marche du bateau.  "
 
Georges Leblanc, Port de Québec : " On a heurté un OFNI, ce qui a provoqué une voie d’eau importante à environ quatre mètres de l’étrave. Pour la sécurité de l’équipage, j’ai décidé de rebrousser chemin plutôt que de poursuivre vers l’Europe. La situation est sous contrôle. Personne n’est en péril. De l’eau rentre dans le bateau mais grâce à des pompes que l’on a installées, on réussi à la contenir raisonnablement pour pouvoir rejoindre St Jean de Terre-Neuve dans des conditions correctes. On se situe à un peu moins de 600 milles de la côte est de Terre-Neuve, il nous reste donc un bon bout de chemin à faire mais pour l’instant la météo est favorable. Notre abandon est évidemment une grosse déception, mais il faut l’accepter. "