La décision de la direction de course est tombée. Le départ de la Route du Rhum est reporté à mardi ou mercredi. L’annonce a été faite lors du briefing des skippers samedi à 10h30.
Après un aperçu des conditions météos attendues en Manche, le directeur de course Francis Le Goff a annoncé le report du départ de la course aux 138 skippers présents. ” C’est une bonne décision qui vise à optimiser la sécurisation de la flotte et les meilleures conditions possibles au succès sportif de l’épreuve, pour les marins et le grand public. ”
A la sortie du briefing, si la décision était déjà connu de tous, la majorité des skippers n’ont pas souhaité commenter le choix de la direction de course s’attachant plutôt à s’organiser pour les jours suivants. Une décision confirmée notamment par le passage d’une très violente dépression, accompagnée d’une mer très forte barrant la route dès la première nuit et ne laissant aucune échappatoire aux marins pour sortir de la Manche. Après consultation des prévisionnistes de Météo Consult, OC Sport Pen Duick, l’organisateur de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, et son Directeur de Course Francis Le Goff, ont donc décidé de décaler le départ de la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, en attendant de trouver une prochaine fenêtre plus favorable pour un nouveau départ mardi 8 novembre ou mercredi 9 novembre.
Donner un départ dimanche dans 20 à 25 noeuds de vent d’Ouest, était envisageable. Mais les derniers bulletins météo précis à 48 heures ont montré que les conditions étaient beaucoup plus dures qu’envisagées initialement, et ce dès les premières heures de course. En cause, le passage d’un front froid très actif avec des vents moyens de l’ordre de 40 noeuds et rafales supérieures à 50 nœuds, s’accompagnant d’une très forte houle soulevée par la tempête tropicale Martin. 7 mètres de creux sont prévus en Manche dès lundi. C’est en particulier le timing du passage de ce phénomène qui rend la situation plus complexe encore, ne laissant aucune route alternative pour s’échapper au sud en sécurité.
Et Francis Le Goff d’ajouter : « en concertation avec l’organisation, le départ de dimanche est décalé, vraisemblablement à mardi dans la soirée ou mercredi matin ». Dans la foulée, l’ensemble des skippers et des membres de leurs équipes techniques ont applaudi énergiquement. Une salve d’applaudissements à valeur de soulagement pour les marins.
« C’est la sécurité des marins et de leurs bateaux qui a primé », poursuit Francis Le Goff. Sur scène, Hervé Favre, président d’OC Sport Pen Duick, se veut rassurant : « cette décision s’est imposée à nous et il s’agit d’une péripétie comme il en existe tant en course au large. La course sera magnifique, nous l’attendons depuis 4 ans. Nous saurons patienter 2 jours supplémentaires ». « Nous sommes désormais pleinement mobilisés à ajuster tous nos dispositifs avec la ville de Saint-Malo, la Région Bretagne et la Région Guadeloupe afin de continuer à profiter pleinement de cet événement », abonde Joseph Bizard, Directeur Général d’OC Sport Pen Duick. L’amélioration des conditions, prévue pour le milieu de semaine, permettra donc d’assurer le départ de cette 12e édition. De quoi assurer une belle fête sur l’eau.
Village, veille de fermeture : Le village fermera ses portes demain soir à 17h00 après 13 jours de fête et de partage entre un public nombreux et les 138 concurrents. Les bateaux resteront dans les bassins Vauban et Dugay Trouin (IMOCA, Class40, Ocean Fifty, Rhum Mono et Multis) jusqu’au départ pour finaliser les derniers préparatifs avant le grand saut dans ce monument de course océanique. Seuls les Ultim32/23 seront au mouillage, à l’extérieur du port.
ILS ONT DIT
Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI, Ultim 32/23) : « On discutait avec la Direction de Course depuis quelques jours. Les conditions sont exceptionnelles. Aucun des marins en Ultim 32/23 n’a déjà affronté ces conditions. Avec les côtes bretonnes sous le vent et le trafic maritime, on allait dans le mur. Le noyau de mer formé par cette ancienne dépression tropicale est une situation très particulière. Ça fera de très belles images lundi à la pointe Bretagne, mais c’est mieux que l’on ne soit pas dedans. Un nouveau départ mercredi promet quand même des conditions engagées. Le vent restera calé à l’ouest mais la houle va se calmer progressivement. »
François Gabart (SVR Lazartigue, Ultim 32/23) : « En partant mardi ou mercredi, on prendra quand même des risques ! Nous sommes très nombreux au départ et c’est un paramètre important qui a sans doute joué. C’est aussi une bonne façon de réfléchir que de ne pas se croire plus fort que la météo et les éléments. On aurait pu renoncer de façon individuelle, c’est courageux de le faire de façon collective. Je n’ai pas trop d’inquiétude sur la préservation de nos bateaux mouillés derrière la pointe de Dinard. Évidemment, nous serons vigilants et il y aura toujours du monde à bord pour le garder en sécurité. »
Kevin Escoffier (Holcim-PRB, IMOCA) : « C’est la bonne décision, tout le monde est d’accord là-dessus, que ce soit nos météorologues, les skippers et l’organisation. C’est un évènement qui est suffisamment beau en soit pour ne pas rajouter d’accidents à l’histoire. Il y avait trop de paramètres qui pouvaient engendrer des accidents, des collisions et ce n’est souhaitable pour personne. Si on veut être responsable, c’est la bonne décision. »
Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, IMOCA) : « C’est un gros soulagement. Cela donne un peu plus de temps pour travailler sur les derniers petits détails. La météo aurait été éprouvante. Ce sont les deux premières heures de course qui m’inquiétaient le plus. L’idée de louvoyer dans un petit couloir avec 138 bateaux m’a empêché de dormir. »
Yoann Richomme (Paprec Arkéa, Class40) : « Cette décision a été une petite surprise pour moi parce que j’étais concentré sur un départ de course demain. Je pense que c’est une décision correcte de la direction de course qui doit juger selon de nombreux critères de sécurité et d’organisation pour toutes les classes. Et ce n’est que partie remise pour un départ mardi ou mercredi. »
Aurélien Ducroz (Crosscall, Class40) : « Plus ça allait, plus les voyants étaient au rouge. On allait au carton. Ce sont les éléments qui dictent notre sport, et là ils nous disaient clairement non. Je n’ai jamais connu cette situation en bateau mais en montagne, j’ai passé ma vie à réduire les risques, à ôter les doutes, à trouver des solutions quand il y avait des dangers. Là, on se trouve dans une situation d’alerte d’avalanche 5/5. Pour être sincère, je savais que j’allais partir avec quasiment la certitude de faire demi-tour. Cette décision est normale. »
Philippe Poupon (Flo, Rhum Multi) : “C’est une sage décision ! C’est évidemment ce qu’il fallait faire. Ma philosophie, c’est que c’est le directeur de course qui décide du départ. Libre à chacun ensuite de suivre sa voie.”
Marc Guillemot (METAROM MG5, Rhum Multi) : “C’est la meilleure option que Francis Le Goff pouvait prendre. On est bien conscient que ce n’est pas un choix facile à prendre dans une organisation telle que la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ! Nous avions déjà pris la décision entre Rhum Multi de prendre le départ, de rentrer après la Bouée de Fréhel et de repartir avec un départ collectif mardi soir ou mercredi matin. “