Une trogne de marin comme on les aime, mangé de barbe, de rire et de soleil. Yves Le Blévec voudrait pouvoir hurler son bonheur de sa voix cassée de fatigue et d’émotion. A quelques encablures de la ligne d’arrivée, il pense que le pot au noir lui a été fatal. Privé de communication BLU, il ignore son classement réel et doute sincèrement de la victoire. Jusqu’au bout, jusqu’à la dernière encablure du dernier bord il cravaché pour venir à 42 ans et après deux tentatives, cueillir son Graal.
Morceaux choisis à chaud…
"C’est un sentiment inouï, incroyable. Deux années que je ne vis que pour ce projet, un projet que mon partenaire Actual et moi-même avons voulu gagnant, pas pour amuser la galerie… mais pour arriver ici, comme cela, à Salvador en vainqueur! Mais toute cette histoire est énorme. Rappelez vous d’où je viens. Je me suis préparé ces derniers moi sans savoir si je prendrai le départ. (Yves a été "repêché" en dernière minute avec 4 autres coureurs. ndlr) Après la première étape, je me suis mis une pression terrible tant la concurrence était forte ; Isa (Joschke), Sam, (manuard), mais aussi Hardy, Deshays et tous les autres… j’ai attaqué en permanence. J’ai chargé, chargé tant que j’ai pu, sans répit, avec seulement quelques moments d’inquiétude pour mon bateau en me demandant si tout cela était bien raisonnable. En franchissant l’équateur là où j’avais démâté en 2005, j’ai ressenti comme une libération. Il a fallu que je me reprenne en me disant "mais tu n’as encore rien fait, il te reste un demi océan à traverser. Et là, mon bateau m’a comblé, facile dans l’alizé, glissant avec un équilibre incroyable. Et pourtant, Dieu sait que je le sollicitais. mais ce pot au noir à double détente m’a à nouveau plongé dans le doute. J’ai été freiné une première fois, puis, alors que je pensais en sortir, un énorme nuage, monstrueux, chargé d’orages et de pluie m’a scotché, m’a puni, déversant des trombe d’eau sur le bateau… J’ai alors pensé qu’à ce moment de la course les autres étaient plus à l’aise dans l’est. J’ai constamment eu peur de me faire déborder sous les côtes du Brésil. Privé d’infos depuis 6 jours, il me fallait attaquer en permanence. Et le bateau a fait le reste…" (DVDB/GPO)