Orages au milieu de l’Atlantique

David Sineau Proto 348 Bretagne lapins
DR

La route directe est donc pour le moment aux oubliettes et le but est de sauver ses milles en s’éloignant le moins possible de la destination finale tout en essayant de garder de l’Est sous le coude pour ouvrir les voiles dès que le vent rentrera. Autre détail et non des moindres : tout faire pour garder le poteau droit, soit le mât bien vertical.
Car, un grain à 40 nœuds avec un vent qui tourne à 180° et il est facile de fusiller une grand-voile, de casser des lattes, d’endommager un chariot ou pire de faire tomber un mât avec une bastaque trop molle… À ce petit jeu qui devient vite dangereux, il est clair que nombre de marins préfèrent tout affaler, courber l’échine et laisser glisser le vent dans les haubans pour mieux progresser ensuite entre les grains. Seul hic, voilà qu’entre les grains, la tendance est à la pétole… Sale Pot au Noir qui descend très Sud et qui joue avec les nerfs d’Yves Le Blévec (Actual) qui voit son avance se faire grignoter. 71 milles d‘avance hier sur le deuxième, 33 milles aujourd’hui à la même heure. Voilà même que le deuxième a changé puisque Nick Brennan sur son Rafiki s’est glissé devant Adrien Hardy (Brossard) plus décalé dans l’Est. Ce soir, ils sont vingt marins à se tenir en 150 milles et onze en 100 milles. David Sineau (Bretagne Lapins) est calé derrière Adrien et Ronan Deshayes (Pco technologies) est calé derrière Nick. À chacun son lièvre, difficile de dire qui va croquer l’autre… Difficile de dire qui va décoller le premier sachant que – logiquement – Yves devrait garder quelques petites heures d’avance et profiter le premier du retour du vent d’Est/Sud-Est. Ensuite Adrien et David devraient partir, suivis de Nick et Ronan. Logiquement… Mais quoi qu’il en soit, cette autoroute qui s’ouvrira devant les étraves sera bien mal pavée et gare alors aux sorties de route ! Les gréements réglés pour les petits airs et les allures portantes vont subitement changer de régime. Il va falloir re-régler les mâts, les tensions et retrouver les habitudes d’une vie penchée. Il va même falloir ressortir les vestes de ciré pour se protéger des embruns salés et de l’humidité… Le mythe du passage de l’équateur en tee-shirt et de faire ses offrandes à Neptune sur le pont en maillot de bain est bien loin et le vivre à l’intérieur du bateau, dans le noir, en ciré, le tout sur une route tendance nids de poule risque d’être bien réel…

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En plein milieu

Et si l’on regarde les cartes, on remarque qu’aujourd’hui les premiers de la flotte sont exactement en plein milieu de l’Atlantique ! 800 milles à gauche pour atteindre les côtes africaines, 800 milles à droite vers les premières plages brésiliennes du Nordeste. Et ce soir, les premiers y sont… Et la première terre à venir n’est pas l’archipel de Fernando do Noronha mais bien l’archipel de Sao Pedro e Sao Paulo qui est exactement à 250 milles dans l’étrave d’Yves. Un archipel méconnu constitué de cinq îles majeures dont Belmonte, Challenger, Cabral, Nordeste et de nombreux rochers immergés… Dernier détail : le point culminant est à… 18 mètres. Autant dire que le way-point est intéressant à noter sur son GPS et qu’il est hasardeux de compter sur ses petits yeux fatigués pour le repérer.

Les luttes…

Côté série, les deux leaders continuent leur mano à mano et ne se quittent pas vraiment du sillage. 6 milles d’avance pour Stéphane Le Diraison (Cultisol – Institut Curie) sur Hervé Piveteau (Jules – Imprimerie Cartoffset). Tous les deux ont suivi le léger décalage dans l’Est imposé. Maintenant, c’est derrière que le débat est très intéressant avec un décalage Ouest/Est important. Henrik Masekowitz (Beija Mar) est le concurrent le plus dans l’Est pour le moment avec Matthieu Sannié (Orange Mini) dans son étrave. Côté Ouest, on trouve Gérard Marin Julia (L’Escala – Cn Llanca) et David Krizek (Atlantik FT). Il va être intéressant de voir si l’investissement Est d’Henrik et surtout de Matthieu va être payant. Il est clair que les 70 milles de retard de Matthieu pourrait être grappillé grâce au surplus de vitesse qu’il pourrait avoir pendant les jours à venir.

(source PG/GPO)