– Vous étiez avec les Néo-Zélandais en 2003 : vous attendiez-vous à les retrouver à ce niveau-là en Espagne ?
"Disons que je ne suis pas trop surpris. Ils étaient solides avant : il n’y avait donc pas de raison que cela change même si la direction générale a été modifiée avec l’arrivée de Grant Dalton. Mais si on regarde bien, c’est le même noyau dur même s’il y a eu des départs et des arrivées".
– Et Luna Rossa ?
"Lors des demi-finales, je savais que ça allait être difficile mais que ça finirait par tourner en notre faveur. Au départ, je pensais que ce serait du 55 pour nous et du 45 pour eux… (ndlr : Luna Rossa a battu Oracle sur le score sans appel de 5 à 1) En revanche, dans l’autre demi-finale, j’avais annoncé que c’était du 70-30 : 70 pour les Néo-Zélandais et 30 pour les Espagnols".
– Vous n’attendiez donc pas les Italiens à ce niveau de la compétition ?
"Ce syndicat existe depuis trois ans : il a recruté dans tous les domaines, design team, équipage, etc. C’est du solide. En revanche, je trouve "spéciale" la façon dont ils naviguent. Avec eux, c’est un peu "ça passe ou ça casse" : c’est peut-être séduisant pour le public et les journalistes, mais je ne pense pas que cela marche longtemps. Comme je ne crois pas qu’ils puissent gagner la Coupe en navigant ainsi. Cette façon de naviguer "jusqu’au-boutiste" est rarement payante en voile : ça peut marcher un coup ou deux mais pas à chaque fois. Pour toutes ces raisons, je pense que les Néo-Zélandais, qui régatent de manière plus "classique, plus match-race", passeront l’obstacle".
– Du coup, cela donnerait une finale "Team New Zealand" – "Alinghi", soit la revanche de mars 2003 avec l’humiliation subie par les Kiwis à Auckland (5 à 0) ?
"Nous n’en sommes pas encore là mais si ça devait arriver, je crains que les Suisses soient vraiment plus rapides au près. Ils vont tellement vite à cette allure-là que ça s’annonce dur pour l’adversaire. Il y a deux jours, "Alinghi" a disputé deux régates d’entraînement contre les Néo-Zélandais et ils ont gagné les deux. Oui, les Suisses ont travaillé dans le bon sens : c’est sûr, ils seront là, durs à battre".
– Et la situation personnelle de Bertrand Pacé ?
"Je suis sous contrac avec BMW Oracle jusqu’à fin du mois de juillet et j’ai encore des choses à faire. Disons juste que je ressors de cette expérience avec une dose de frustration importante. Et que j’ai envie d’évacuer tout cela assez vite".
PE
Nota : Champion du monde de match-racing en 94, sextuple vainqueur du Tour de France à la Voile, Bertrand Pacé participait à Valence à sa sixième campagne pour la Coupe de l’America au sein du richissime défi américain "BMW Oracle" (budget de 150 millions d’euros). Né à Dunkerque il y a 45 ans, d’une famille bretonne, Pacé est resté dans l’ombre de Chris Dickson.