En ce dernier jour du mois de juin, les 4 Maxis Trimarans engagés dans l’incroyable course de The Bridge continuent leur route chaotique sur un océan Atlantique peu conciliant. De son côté, le paquebot amiral de la Cunard trace toujours sa route à travers brumes et anticyclone et s’apprête à passer sa dernière journée en mer. Au classement général les positions n’évolue que très peu, seuls les écarts varient en fonction des conditions rencontrées. Macif ouvre toujours la route devant Idec, Sodebo et Actual.
La journée de jeudi a été mitigée sur le Queen Mary 2. Entre les pluies diluviennes du début de matinée, le brouillard épais caractéristique de cette région et le grand soleil retrouvé dans l’après midi, le temps change vite sur l’Atlantique. Une vision de ce que les marins vont vivre aujourd’hui, 711 milles derrière le transatlantique. Tous sont toujours à la lutte pour trouver la meilleure voie vers New York à des allures peu habituelles pour ces avaleurs de milles. Le seul ce matin au classement de 9H00 à flirter encore avec des moyennes supérieures à 20 nœuds est Actual qui bénéficie toujours de ce flux de 15 nœuds de sud-ouest. 275 milles devant, Macif créé un léger décalage en filant vers le nord-ouest ce qui devrait lui permettre de continuer de rester dans un flux légèrement plus fort tout en capitalisant pour les heures à venir et le franchissement d’une zone peu ventée. De son côté, Idec continue sa route vers le sud ouest malgré un contre bord opéré dans la nuit. A bord de Sodebo, 9 milles derrière l’ambiance est studieuse et les Sodebo boys espèrent encore, même si les ouvertures tactiques se comptent sur les phalanges d’un doigt : « Autour de nous, c’est nuit noire mer plate et c’est un peu brumeux. On est avec Vincent (Riou) de quart sous le rouf et on pilote aux instruments ! Ça paraît simple comme ça, mais on a vingt compteurs et afficheurs devant nous que l’on surveille pour faire marcher le bateau le plus vite possible, et c’est assez passionnant. Ce matin l’on va traverser un talweg (zone de basses pressions), et il y aura de la molle et des vents instables avant de repartir au près. Sur les prochaines 24 heures, on a deux transitions à franchir. C’est une transat de près et on voit bien que les bateaux sont à la queue leu-leu depuis Saint-Nazaire. Et à part créer de petits décalages en faisant du tribord amures quand le vent est à droite et du bâbord amures quand le vent est à gauche, c’est un peu monotone et une course de vitesse pour ne pas se faire décrocher, et rester dans les mêmes systèmes météo. Le final s’annonce un peu foireux et il peut y avoir un coup de Jarnac ».
Antoine Gautier (Macif) : « Il y a tellement de brouillard que l’on distingue à peine le haut du mât. C’est un truc que l’on n’a pas chez nous ! Hier, il y a eu localement une rotation du vent sur la droite, et du coup on a décidé de la saisir en virant. En fait, toute cette nuit il y a eu des passages de courant dus au Gulf Stream, et on vient d’en sortir. C’est pour ça qu’on va vite (à 28 nœuds au classement de 5 heures) et que l’on risque de creuser un peu l’écart quand nos poursuivants vont rentrer à leur tour dedans. On va encore avoir du vent pendant cinq à six heures avant un virement en bordure de la zone des glaces. Ensuite, on va traverser de nouvelles dorsales (anticycloniques) et donc on aura peu de vent dans la journée. On n’a même pas le radar en route mais ça ne change rien, et on est à l’attaque. Tout à l’heure on a eu une petite alerte car on a tapé quelque chose. Je pense que c’était un poisson. Ce sont les aléas et on n’est jamais à l’abri de casser quelque chose. Sinon, ça va super. On est juste un peu perdus dans l’organisation de nos quarts. On ne sait jamais qui il faut réveiller et à quelle heure, mais tout se passe bien. Les routages peuvent évoluer, et il y a un gros écart entre les différents fichiers météo. Notre ETA (temps estimé d’arrivée) se situe entre le 3 et 4 juillet. »
La réflexion d’Antoine Gautier à bord de Macif concernant les horaires n’a rien d’étonnante et à bord du Queen Mary, depuis le départ de Saint-Nazaire, nos journées durent 25 heures. Chaque nuit à 2h00 nous reculons notre montre d’une heure afin de se caler sur les différents fuseaux horaires.Un bon moyen de profiter encore plus des joies de naviguer sur un tel bateau.
Pourtant la vie de passager touche bientôt à sa fin et à moins de 600 milles de l’arrivée la grande question est de savoir où bien se positionner pour découvrir de la meilleure des façons Manhattan et la Statue de la Liberté. Ce final débutera à 4h30 samedi avec le passage sous le pont de Verrazano. Un moment impressionnant car seul 4 mètres séparent le haut de la cheminée du Queen du pont. Ce final sera certainement un moment très fort de cette traversée unique. Tous l’attendent avec impatience et vont encore, une journée durant, vivre au rythme de l’Atlantique.
Classement du vendredi 30 juin à 0çH00
1 – Macif à 1274 milles de l’arrivée
2 – Idec à 36 milles du leader
3 – Sodebo à 45 milles
4 – Actual à 275 milles