Lemonchois contrôle, Jourdain accélère …

GITANA XI
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Lemonchois, qui s’apprêtait à pulvériser tous les records, ne redoutait guère les pièges de la navigation sous le vent de l’île. « J’ai passé quelques années de ma jeunesse à traîner là-bas », expliquait-il lors d’une liaison téléphonique nocturne.  « Je me suis promené en Guadeloupe avec des copains. J’y ai pêché des coquillages de collection et j’ai achevé à Basse-Terre une mini Transat, en 99. ». Le Normand se souvient d’avoir navigué par le passé dans ces  zones entre les moles culminant à plus de 1000 mètres, là où la vitesse du vent peut « passer de 0 à 25 noeuds en 30 secondes dans les vallées ». Par ailleurs, le coach de l’écurie Gitana, Loïck Peyron a mis au point avec son équipe une opération repérage du plan d’eau à terre et en l’air puisqu’il s’apprêtait à survoler la zone. Lemonchois redoute un souci matériel, à l’image de celui dont pourrait, selon lui, être victime Pascal Bidégorry, dont le cap et la vitesse constituaient en milieu de nuit une énigme à ses yeux. « Il peut avoir des soucis de drisse de gennaker. Si c’est ça, il ne peut pas faire grand-chose. C’est ma hantise. On est à la merci du moindre pépin ! ». La perspective de passer « quelques heures ou quelques jours sous les projecteurs  » en cas de victoire ne semblait guère l’émouvoir. Mais Lemonchois préférait parler de son bateau : « Je vis une belle histoire d’amour avec ma bête ». Une bête attachante mais difficile à dompter qui filait encore et toujours à grande vitesse vers « l’écurie ». Tandis que Lemonchois constatait qu’il ne lui restait plus que 413 milles au compteur pour atteindre la pointe nord de la Guadeloupe.

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Thomas Coville (Sodeb’O), qui faisait part de sa volonté de ne rien lâcher samedi, a reçu la récompense de ses efforts puisqu’il occupait la troisième marche du podium à la faveur des ennuis de Michel Desjoyeaux (Géant) et de la route sud empruntée par Yvan Bourgnon (Brossard).

Chez les monocoques IMOCA, le groupe des trois demeure en revanche très compact même si Roland Jourdain compte à 08H00 27 milles d’avance sur ses poursuivants. Bilou a été « obligé de bosser dans des conditions hyper changeantes alors que la pleine lune laissait présager une belle nuit. Toutefois, ajoutait-il entre deux grains, ce n’est pas encore l’alizé des cartes postales ». L’oubli du réveil ne l’avait pas trop pénalisé et il s’apprêtait à franchir un nouveau passage à niveau, générateur d’option. » Evoquant par ailleurs la proximité sur l’Océan de Le Cam et Dick, il ne les imaginait pas, les connaissant fort bien, « prenant l’apéritif ensemble, car ils ne vont pas mollir ».

Gildas Morvan (monocoque classe 40 Oyster Funds), en tête de sa classe, ne se relâchait pas davantage, même s’il avait dormi trois fois 30 minutes samedi. Quelque peu éprouvé par le portant dans la brise (40 noeuds parfois dans la nuit avant-hier), le leader de la classe demeurait à l’affût : « Il nous reste 2000 milles à parcourir, et il va se passer des choses, des divergences de route », très prochainement », prévoyait-il.

Dans les autres classes la situation est plus claire : 335 milles d’avance pour Crêpes Whaou ! (multis classe 2), 53 milles d’avance pour Imagine  (multis classe 3), 99 milles pour Jeunes Dirigeants (monos classe 1), 130 milles pour Artforms (monos classe 2) et 248 milles pour Roaring Forty (monos classe 3).