Départ en peloton vers l’Irlande

passage bouée 3ème étape
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Ce matin au ponton de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, les skippers sont arrivés au compte goutte, retardant au maximum l’heure de quitter le plancher des vaches. La deuxième étape a laissé des traces sur les visages, sur le moral de certains aussi, mais avec un peu de méthode Coué et la volonté affichée de tourner la page, les discours de nos marins se voulaient positifs. Sûr qu’ils auraient bien passé une nuit de plus à terre. Pourtant, il va falloir tenir bon pendant cette remontée de l’Atlantique qui promet d’être agitée.

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Pellecuer en tête à la bouée Radio France

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) est le premier à larguer les amarres et à emprunter le chenal de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, applaudi par un public nombreux posté aux abords du village de la course. Dehors, sous les rais de lumière, la mer est d’un vert émeraude, une houle d’un mètre secoue les bateaux qui s’élancent en ligne à 13h00, dans un vent de sud-ouest de 15 nœuds. Le ciel perturbé passe du bleu au gris avant de se charger de grains qui ne tardent pas à s’abattre sur la flotte… comme un avant goût d’Irlande.

Fred Duthil (Brossard), bien inspiré sur la ligne de départ, enroule en tête la bouée de dégagement, mais c’est Laurent Pellecuer (Cliptol Sport) qui prend l’avantage 12 milles et 1h30 plus tard à la marque Radio France, sous l’île d’Yeu. Le Méditerranéen, vainqueur l’année dernière en Irlande, se réjouissait de son entrée en matière : « C’est génial. C’est trop bien de passer cette bouée en tête, c’est de bon augure. Je me sens libre devant et j’ai choisi ma route.»

Derrière, au débridé, à 8 nœuds de moyenne, Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Armel Le Cléac’h (Brit Air), Fred Duthil (Brossard), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Marc Emig (A.ST Groupe) lui emboîtaient le pas.

Sur un bord jusqu’à Ouessant

Les marins vont profiter de ces premières heures de navigation. Le vent de sud-ouest (15 nœuds), travers aux bateaux, va leur permettre de tracer la route sur un seul bord (bâbord) jusqu’à Ouessant, à des vitesses plus qu’honorables. Ils y sont attendus dimanche. « Le bateau avance vite, les voiles sont ouvertes, c’est puissant. Ca nous permet de progresser sur la route », continuait Pellecuer. Gildas Morvan avait même tenté d’envoyer le spi, mais sans succès. Jeanne Grégoire, quant à elle, comptait profiter de ces conditions agréables pour aller dormir. Pourtant, il faut dès maintenant choisir son camp, au vent ou sous le vent de la flotte, pour anticiper le passage à la pointe de la Bretagne qui s’annonce délicat avec une zone de vent mou et perturbé. Entre ceux qui auront choisi de ‘pointer’ davantage et ceux qui se laisseront glisser en accélérant, le verdict sera donné dimanche.

Une course d’endurance

Ensuite, la remontée vers l’Angleterre pourrait se corser au passage d’un front. Les skippers se sont préparés à affronter ce long épisode de navigation au près, dans du vent plus fort et une mer difficile. « A priori, on risque d’avoir 300 milles de près et c’est à celui qui tiendra le plus longtemps à la barre » annonçait Oliver Krauss (AXA Plaisance) ce matin. Franck Le Gal (Lenze) : « ça va bouger, ça va taper et il y aura une sélection naturelle qui s’opèrera avec ceux qui vont baisser les bras ".

Les skippers les plus expérimentés et ceux qui auront réussi à bien gérer leur sommeil sortiront certainement gagnants de cette course d’endurance. 

Source: Solitaire Afflelou Le Figaro