En passant de la théorie météorologique à la pratique en mer, on s’expose parfois à quelques déconvenues. Les figaristes comptaient sur cette remontée directe du golfe de Gascogne pour se reposer et charger à bloc les batteries avant le passage aux Birvideaux. Ils ont du se raviser. Comme le prédisait Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole) hier après le départ, il a fallu rester rivé à la barre, à l’affût des variations du vent, enchaîner les virements de bord, réajuster les réglages dans une mer désagréable, pour ne pas perdre un mètre sur ses concurrents. Après un court répit au petit matin où les solitaires, calés sur un bord, ont pu souffler un peu, les voilà aux prises avec de nouvelles difficultés. Dans la journée, le vent s’est effondré, mais pas la houle résiduelle qui continue à secouer les bateaux et les estomacs les moins bien accrochés.
A 1 nœud dans le Golfe
A 14 heures, les marins évoluaient dans un flux de nord erratique (3 à 5 nœuds), poussant certains à envoyer le spi quand d’autres naviguaient au près sous génois ! Quant aux vitesses des bateaux, elles ont chuté proportionnellement. Au pointage de 16h00, les Figaro avançaient à 1 nœud pour les plus lents, 2 nœuds pour les plus rapides ! « Les voiles ont même du mal à porter » nous confiait cet après-midi Jean-Yves Chauve à bord du bateau médical.
Un jeu de placements
La flotte s’est scindée en plusieurs petits groupes qui tentent de progresser tant bien que mal vers le but, chacun espérant que sa stratégie sera la bonne.
Thierry Chabagny (Littoral) n’a pas fait dans la dentelle en tentant une option diamétralement opposée à celle de ses camarades. Parti à fond dans l’ouest, il est décalé de 58 milles du concurrent le plus à l’est, à savoir Eric Drouglazet (PIXmania.com). Pointé 40e cet après-midi, Chabagny accusait certes 10 milles de retard sur les leaders mais marchait à …6,6 nœuds. Son choix extrême est donc à surveiller, de même que celui de Nicolas Troussel (Financo). Mais pour l’heure, sur le papier, les options radicales ne sont pas les plus payantes. Le gros du paquet navigue dans l’est de la route directe et ce sont les petits placements des uns par rapport aux autres qui ont dicté les derniers classements. Armel le Cléac’h (Brit Air), vient de faire un joli coup grâce à une route décalée sur la gauche de ses adersaires. Il pointe désormais en tête à 1,9 milles de Laurent Pellecuer (Cliptol Sport) et à 2,1 milles du troisième, Nicolas Berenger (Koné ascenseurs). Ces deux là ont pourtant choisi la droite du plan d’eau… difficile donc de savoir qui détient la vérité. « J’ai en face de moi deux bateaux qui naviguent au près, sur la même amure, mais qui font un cap très différent » indiquait Jean-Yves Chauve.
La fatigue arrive et le doute s’installe
Ronan Guérin, ancien figariste émérite (10 Solitaire, 7e de la dernière Transat AG2R) et skipper du bateau médical, analysait la situation : « c’est une étape de pétole typique de La Solitaire au mois d’août. Il y a pas mal de doutes dans la tête des coureurs qui ne savent pas trop d’où va revenir le vent. C’est très épuisant nerveusement et il est possible que ce soit de la loterie. Ils s’attendent à passer plusieurs nuits en mer et ceux qui n’ont pas réussi à dormir ces premières 24 heures vont arriver très fatigués à Saint Gilles Croix de Vie. Ils vont aller jusqu’au bout d’eux-mêmes. » Et pour cause, s’ils continuaient à cette vitesse, nos solitaires mettraient 65 heures pour atteindre la marque des Birvideaux !
Echos du large
Corentin et les thons
Lors de notre vacation de l’après midi avec le bateau médical, le docteur Jean-Yves Chauve apercevait devant lui Corentin Douguet (E.Leclerc-Bouygues Telecom), littéralement cerné par un banc de thons. On sait le régatier amateur de pêche… mais il y a peu de chances, vu les circonstances, qu’il mette une ligne à l’eau.
De la strat’ sur Gedimat
A 6h00 ce matin, Gedimat a déclaré une avarie suite à un contact avec un bateau : trou au niveau de la jupe arrière, liaison pont/coque arrière tribord. Armel Tripon demande une mise à terre dès que possible une fois arrivé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie afin de pouvoir effectuer les réparations.
Le grand échiquier atlantique
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