Où l´on fourbit ses armes…

BMW Oracle racing
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C’est un processus qui ne doit pas être sous-estimé. Si une part des progrès en matière de performance est inhérente au design, l’autre partie est encore à découvrir et à exploiter en navigation. L’équipe qui sera la meilleure dans cet exercice sera certainement celle qui ira le plus loin en 2007. Celles qui ne seront pas capables de trouver la vitesse seront forcées de rentrer plus tôt à la maison.

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Ian Burns, le coordinateur du design team de BMW ORACLE Racing, distingue deux méthodes contradictoires pour obtenir le bateau le plus rapide qui soit en compétition. La résolution de ces contradictions est une part importante dans la stratégie d’une équipe engagée dans l’America’s Cup.  “Il y deux écoles de pensée qui s’opposent. La première est de mettre à l’eau deux bateaux identiques assez tôt et de faire du développement le plus longtemps possible à travers des tests en navigation. L’autre extrême est de faire un second bateau aussi tard que possible, jusqu’à en prendre possession au milieu de la compétition. De cette manière, vous bénéficiez d’un temps plus long en terme de recherche architecturale et vous pouvez voir comment se comportent vos concurrents avec leur premier bateau. Aucune de ces deux théories ne doit être sous-estimée. “

Les expériences passées sont riches d’enseignements concernant les pièges que peuvent représenter ces deux extrêmes. Lors de la dernière America’s Cup, les Américains de OneWorld challenge ont eu deux des premiers Class America enregistrés : USA 65 et USA 67. L’équipe fit des tests et des modifications avec ses bateaux, longtemps avant les autres, et survola littéralement le premier round robin. Mais à mesure que la compétition avançait, il devenait évident que les Américains avaient atteint leur vitesse maximum pendant que leurs concurrents progressaient. OneWorld échoua finalement en demi-finale.

Défauts de jeunesse
A l’opposé, Team New Zealand avait en 2003 les deux derniers numéros de voile : NZL 81 et NZL 82. Bien que l’équipe (qui n’avait pas à disputer la Louis Vuitton Cup), prît son temps pour faire des essais, elle ne parvînt pas à détecter les lacunes potentielles de ses bateaux et à trouver leur vitesse maximale. Le résultat fut une série d’avaries lors de l’America’s Cup Match finalement remporté par le challenger, Alinghi.

Pourtant, avec quelques mois de navigation en plus, NZL 81 et NZL 82 ont permis aux kiwis de remporter la saison ACC en 2004 et de terminer seconds sur les 12 équipes en 2005. Emirates Team New Zealand semble de plus avoir tiré les leçons de la 31e America’s Cup, puisque leur nouveau bateau, NZL 84, était le premier parmi les quatre grosses équipes à être mis à l’eau, le 17 décembre dernier à Auckland. Pour cette édition de la Coupe, ce sont néanmoins les Sud-africains de Shosholoza qui ont été les plus précoces en baptisant leur nouveau bateau en 2005, juste avant les Valencia Louis Vuitton Acts.


Leur Class America a souffert de nombreux problèmes après son lancement (ce qui n’est pas très surprenant) et l’équipe a dû se battre en première partie de saison. Mais à force de tests et de compétitions, les performances se sont peu à peu améliorées, jusqu’à ce que Shosholoza termine 5e lors des régates en flotte de Trapani.

Les Sud-africains pensent encore faire progresser RSA 83 en 2006. “Je m’attends à un autre bond en avant de notre équipe navigante dans les courses cette année ” a déclaré leur directeur sportif Paul Standbridge.

Apprivoiser le plan d’eau
Selon Burns, un autre facteur décisif dans le choix de la date de lancement est la connaissance du site de navigation.  “Cela dépend un peu du degré de confiance que l’on peut avoir” dit-il. “En Nouvelle Zélande la fois précédente, la Coupe avait déjà été disputée là bas et nous y allions pour la deuxième fois, il y avait de nombreux kiwis dans les équipes qui connaissaient très très bien la zone. Donc, nous n’étions pas en train de découvrir le site ni comment le bateau se comporterait. Cela relevait plus de ce qu’on pouvait développer pour rendre le bateau aussi rapide que possible. “ Ici à Valencia, parce que le plan d’eau n’est pas aussi connu –même les locaux n’ont pas passé beaucoup de temps à naviguer ici – nous devons apprendre à connaître le lieu et à y naviguer avec notre bateau. C’est pourquoi la plupart des équipes mettent à l’eau leur premier ACC cette année et le second l’année prochaine.”

La grande question est de savoir si la plupart des syndicats navigueront avec leur nouveau bateau lors des Louis Vuitton Acts cette année. Certaines, comme United Internet Team Germany (GER 89) ont annoncé qu’elles utiliseraient leur ancien Class America. Avec une mise à l’eau de GER 89 à Kiel le 24 avril, soit trois semaines à peine avant le Louis Vuitton Act 10, c’est certainement une sage décision.  Un des facteurs qui pourraient convaincre quelques équipes de montrer leur “ arme ” est que la compétition est le meilleur moyen de tester les nouvelles montures pour des développements futurs.  “En compétition, les gains sont incroyablement rapides et étonnamment importants,” poursuit Burns. “Quand vous allez sur le parcours contre les autres bateaux équipés de leur meilleur matériel et que vous voyez ce qu’ils font, vous pouvez estimer où sont vos faiblesses et reproduire leurs points forts. “

Une partie de la réponse à cette question, à savoir qui dispose du meilleur compromis, sera connue cet été. Mais pour être définitivement fixé, il faudra attendre 2007.

Source ACM