Début janvier, un petit aller retour en voiture Port camargue – la Trinité dans le week-end, et même pas pour naviguer, ça vous dit ?
Ce coup là pas le choix, le stage ISAF est désormais obligatoire pour les « grosses » courses du calendrier 6.50 ( fastnet, Açores, Transat,…).
Sur la route, nous nous disons que ce sera l’occasion de rencontrer un « vrai personnage » de la course au large : la formation est assurée par Thierry Dubois.
Forcément s’être retrouvé à l’eau dans le Grand Sud sur un radeau qui se dégonfle et son 60 pieds parti au loin, le rend tout de suite très crédible quand il précise, par exemple, que la petite éponge dans l’équipement du radeau, c’est vraiment important. Venant d’un autre instructeur au vécu plus « théorique », je n’y aurai, comment dire, pas forcément porté toute mon attention. Mais quand il vous explique qu’éponger a été sa principale occupation pendant ses trois jours dans le radeau parce que être à peu près au sec a été déterminant pour tenir ; c’est sûr qu’on la regarde d’un autre œil, l’éponge.
Des exemples comme cela il y en aura des tas lors de ce week-end à la Trinité.
Et nous sommes tous repartis avec des modifications à faire dans la préparation de nos bateaux.
Ne serait-ce que d’avoir des lignes de vie qui ne permettent pas de dépasser le tableau arrière si on tombe à l’eau ! Ou encore de mettre la pharmacie dans un contenant réellement étanche et que l’on peut amarrer. A la poubelle mon Tupperware (qui a d’ailleurs jusque là satisfait tous les contrôles de jauge…).
Nous avons aussi eu la chance d’être un groupe uniquement composé de ministes, ce qui a permis que le contenu soit plus précisément adapté à nos problématiques. Et que l’ancien Président de la Classe- vainqueur de la mini 93, nous communique un peu de son expérience ; et visiblement avec plaisir !
Le programme s’étale sur trois demi journées :
– Une session théorie : préparation bateaux / météo / stratégie mauvais temps, par Thierry Dubois.
– Une session secourisme et incendie pensée en fonction de notre réalité : navigation en double ou solo. Ce qui induit un changement des priorités.
Par exemple, au port, à priori on ne déplacera pas un blessé. Alors que sur l’eau la priorité sera peut être de la mettre en sécurité (cockpit ou intérieur) plutôt qu’il passe à l’eau. Même si cela peut aggraver sa blessure.
Lu comme ça devant votre écran cela peut sembler logique mais êtes vous sûr d’avoir, sans y avoir été préparé, la bonne réaction en situation?
– Une dernière après midi radeau, feux et…baignade en TPS.
Les quelques promeneurs du jour ont vraiment fait une drôle de tête : « je vous l’avais bien dit que j’ai vu une soucoupe volante était tombée au large ».
Et son équipage tente de rejoindre le bord à la nage !
Au moins ceux dont la combinaison fuyait s’en sont tout de suite rendus compte. C’est sûr qu’un petit filet humide entre les omoplates en janvier. Dans un autre registre, ce n’est pas que j’envisage d’en avoir besoin, mais je suis bien content d’avoir eu l’occasion d’apprendre comment se déplacer sous un bateau retourné avec du gréement et des bouts partout.
Et, pour finir en beauté, feu d’artifice général avec feux parachute, à main et autres fumigènes. (Ca y est les aliens bleu et rouge de tout à l’heure appellent du renfort !) Avec nombre substantiel de ces feux ne fonctionnant pas, on réalise l’importance de ne pas les gaspiller en sachant s’en servir !
En fait, c’est celà ce stage: Il permet de vivre ou visualiser avant d’y être confronté bien des problèmes auxquels seule l’expérience peut apporter réponse. C’est à mes yeux son plus grand mérite.
Un vrai condensé de sens marin pour les situations « chaudes », qui peut s’en priver ?
Matthieu Girolet