Le tenant du titre aura eu bien du mal sur cette édition particulière de la Route du Rhum. A bord de son 50 pieds monocoque dessiné par l’architecte italien Felci, Andrea Mura a choisi de suivre la trace des IMOCA dès le passage de Ouessant qu’il débordait en tête de sa classe. Suivant l’orthodromie, il affrontait le mauvais temps des premiers jours au près quand ses poursuivants débridaient les écoutes pour plonger au Sud. L’option semblait logique et efficace puisqu’il cumulait 70 milles d’avance lorsque Anne Caseneuve (ANEO) et son trimaran de 50 pieds passaient au large du cap Finisterre, mais au bout de six jours l’anticyclone des Açores changeait de position…
Alors que ses prédécesseurs IMOCA arrivaient à se glisser sous les hautes pressions, le skipper italien se faisait phagocyter par une bulle anticyclonique qui descendait en même temps que lui ! Au large des Açores, les vitesses de Vento di Sardegna chutaient à moins de trois nœuds… Plusieurs fois scotché par ces cellules sans vent, Andrea Mura mettait six jours à revenir au contact des autres leaders en monocoque, Wilfrid Clerton (Cap au Cap Location) et Sir Robin Knox-Johnston (Grey Power), et du petit trimaran jaune de Jean-Paul Froc (Groupe Berto) : tout était à refaire alors qu’Anne Caseneuve pouvait s’envoler vers une victoire attendue avec déjà plus de 500 milles d’avance !
L’Italien ne lâchait pas pour autant prise et plongeait encore plus au Sud et malgré plusieurs arrêts sous des grains de pluie sans vent, Vento di Sardegna grignotait petit à petit ses concurrents pour reprendre le commandement à 700 milles de l’arrivée quand le premier trimaran de la Classe Rhum en finissait à Pointe-à-Pitre. Andrea Mura n’avait plus qu’à contrôler ses poursuivants en se calant à leur vent et croisait avec 45 milles de marge avant d’atterrir sur la Guadeloupe, devant le Britannique Robin Knox-Johnston fort bien revenu par le Nord…