L’étape de nuit fait partie des incontournables du Tour de Bretagne. C’est une des constantes de l’épreuve que de proposer une étape avec départ au coucher du soleil. Marées obligent, c’est le plus souvent au départ de Perros-Guirec que l’étape se joue. Jouer avec les courants de Manche, aller jouer parfois dans les cailloux en pleine nuit relève d’un exercice particulier. Le plus souvent, quand un des deux navigateurs barre, l’autre a le nez collé sur l’écran d’ordinateur déporté à suivre la trace du bateau entre les têtes de roche. Certains y sont particulièrement à l’aise, tant ils ont passé leurs jeunes années à jouer dans ces eaux biscornues. Pour d’autres, l’exercice est plus difficile, moins naturel. Toujours est-il que tous tentent d’anticiper quels seront les moments stratégiques de cette étape : l’heure de la renverse de courant, les temps de passages à certains endroits clés comme le nord de l’île de Batz, la grande basse de Portsall ou bien encore le passage le plus étroit du chenal du Four devant Le Conquet. Pour peu que le courant soit contraire et que le vent ne soit pas au rendez-vous, chacun de ces points peut créer des écarts irrémédiables ou a contrario provoquer un regroupement généralisé de la flotte.
Rappels :
– Départ de la course de nuit à 18h30 pour un parcours de 80 milles
– Parcours libre jusqu’à la bouée Grande Basse de Portsall
– Possibilité de réductions de parcours à la tourelle des Vieux Moines (pointe Saint-Mathieu) et la bouée Swansea Vale (au nord-ouest de l’anse de Camaret)
Ils ont dit :
Fabien Delahaye (MACIF) : « Ça risque de tomber progressivement jusqu’à ce soir. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de vent. On va essayer de progresser le long des côtes bretonnes avec un vent d’est. Et naviguer au portant dans du petit temps, ce n’est pas vraiment facile. On a encore moins de vent ressenti sur le bateau, c’est très sollicitant à la barre et aux réglages, c’est un travail de tous les instants. Quand on a le courant avec soi, le vent apparent est encore moins fort. Quand on est contre le courant, on peut parfois reculer. »
Damien Guillou (Prati Buches) : « On doit être beaucoup plus concentré que dans du vent stable. C’est dur la pétole la nuit, parce que les écarts de vitesses peuvent être très importants. On est deux, ça aide un peu. On ne sait pas encore si on va dormir ou pas. On verra bien. On fera ça naturellement : si jamais on a une opportunité, on ira faire une petite sieste d’une heure. En même temps, on se dit qu’on va partir pour une étape de nuit, en sachant qu’on ne va pas être obligé d’aller faire des changements de foc par vingt-cinq nœuds de vent, que le ciré va peut-être rester dans la cabine. Pour le moral, ce n’est pas si mal. »
Yannick Livory (Lorientreprendre) : « Ce sont des endroits que l’on connaît. On a l’habitude d’y aller. Ce sera plutôt sympa, il va y avoir du jeu. Jouer avec les courants, des vents faibles, il faut être patient, ne pas faire trop d’erreurs. On va sûrement devoir jouer dans les cailloux, maintenant l’objectif premier reste quand même de ne pas devoir faire de la stratification à l’arrivée à Brest. On sait qu’on peut avoir à n’importe quel endroit un regroupement général et un deuxième départ, mais ça fait partie du jeu.»
Benoît Charon (Port de Caen Ouistreham):« C’est ma première expérience en double, c’est un peu délicat. Je trouve qu’il y a beaucoup de choses à faire pour deux personnes. Quand je fais ces étapes-là en équipage, je me consacre exclusivement sur une tâche, la stratégie, la barre… Là il faut conjuguer le bon fonctionnement du bateau, le dialogue avec ton équipière, c’est un nouvel exercice. D’ailleurs, ça s’est vu hier, je ne le maitrise pas encore parfaitement.»