Les voiliers Modernes s’accommodent décidément de tout, et les quelques 5 à 6 nœuds d’un vent à l’humeur alternative leur ont suffi pour entrer dans le vif de ce Millésime 2012 des Voiles. Un petit parcours aller et retour depuis la tour du Portalet jusqu’à une marque mouillée en bordure du golfe leur était proposé, prétexte à lancer la fête de sportive manière, en habillant le petit port Varois de centaine de spis multicolores sous le soleil lors du retour au portatif. Une manche qui favorisait à l’évidence les unités les plus légères, capables de se déhaler au moindre souffle d’air, à l’instar du tout nouveau monotype Australien McConaghy 38 Raffale qui brillait chez les IRC C.
Les grandes cathédrales de toile qui coiffent les grands Maxis faisaient merveille, aspirant l’air loi au dessus es flots, et c’est sans surprise que le grand spi fluo du Proto Judel/Vrolijk Jethou venait en premier saluer le Portalet. Leopard 3 lui emboîtait le pas dans le même tempo d’un dernier empannage toujours crucial à quelques encablures de la ligne. Firefly et sa fine étrave inspirée des Classe J de la belle époque rappelait à chacun qu’il est surtout taillé pour la vitesse. Il pointe ce soir déjà à la seconde place du général provisoire, devant le swan 601 américain Stark raving Mad. Les 52 pieds se sont eux aussi joués avec bonheur des pièges du jour et le très tonique TP 52 Spirit of Malouin IV a livré un joli pas de deux au Ker 53 Dralion. C’est, rating oblige, le GP 42 Team Vision Future qui les coiffe au générale.
Les Wally pour un « run »
Même régime « pétoleux » au large de Pampelonne, zone traditionnellement investie par les grands et futuristes Wally. 10 d’entre eux régatent aux Voiles, et ont dû composer avec les petits airs instables du jour. Un départ pour un « run » entre deux bouées leur fut proposé peu après 15 heures, sur un parcours face au faible vent d’Est d’un peu plus de 2 milles de longueur.
Les yachts Classiques entrent en lice ce mardi. Toutes les « stars » sont là, et on ne sait vraiment par quel nom de légende commencer ; annonçons alors la lutte fratricide entre 4 « sisterships » centenaires, les fameux 15 mJI signé du génial William Fife, en lutte pour un véritable championnat. Mariska au Suisse Christian Niels, fort de ses succès en Italie, semble dominer Tuiga, The Lady Ann et Hispania. Mais gagner à Saint-Tropez relève d’un tel prestige que chaque équipage va mettre un point d’honneur à briller à l’ombre de la Cité du Bailli. Ces quatre cotres auriques auront leur propre signal de départ, dissocié des autres grands Classiques. Ce jeudi verra le 19 M JI Mariquita (Fife 1910) défendre son titre glâné il y a deux ans face à Cambria (Fife 1928). Un duel hors norme puisque c’est Altaïr (Fife 1931) qui lui est opposé.
Les « mordus » des Voiles retrouveront avec plaisir les inimitables et formidables silhouettes des grandes goélettes auriques, Elena (Herreshoff 1910) et Sunshine (Fife 2006), du grand côtre Bermudien Cambria, de son alter ego aurique Mariquita (Fife 1911), et des grands ketches auriques comme Thendara, ou Bermudien comme The Blue Peter (Mylne 1930) ou White Dolphin (Beltrami 1967). On s’émerveillera aussi aux évolutions tout en finesse des merveilles de voiliers auriques ou Bermudiens de taille plus modeste, à l’image du vénérable et si véloce cotre aurique Nan of Fife (1896), Lulu, lancé en 1897 et classé Monument Historique ou Oriole (Herreshoff 1905). On observera aussi avec un brin de nostalgie les 5 Pen Duick menés par le premier du nom, dessiné par William Fife et lancé en 1898. Le titre de doyen revient à Partridge, cotre aurique reconnaissable à sa coque noir et lancé… en 1885.