Les leaders s´apprêtent à entrer dans la mer de Chine

Groupama et Telefonica
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Épuisement. Empannages incessants. Soleil de plomb, veille constante : les derniers milles des détroits de Malacca et de Singapour n’épargnent pas les concurrents. Au portant dans un régime de transition entre la brise des détroits et la mousson océanique, tous attendent impatiemment la sortie, indiquée par le phare de Horsburgh au sud-est de Singapour. Et le couloir de navigation qui les amène jusqu’à la mer de Chine est étroit : 2,5 milles de largeur par endroit.

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Après un duel ce matin au petit jour, à quelques mètres, Team Telefónica a légèrement distancé Groupama et s’apprête à sortir en tête du détroit. À 15h heure française, 4,2 milles les séparent. Au téléphone, la fatigue se fait sentir dans la voix de Neal McDonald, chef de quart du bateau bleu. « La plupart des gars étaient debout pendant 20 des dernières 24 heures et je crois que ça va être la même chose aujourd’hui. Une erreur arrive facilement et vous coûte des milles. La pression est là, pour pousser le bateau et toujours faire au mieux. Même si le vent n’est pas fort, il y a beaucoup de manœuvres et il faut toujours être prêt. On a probablement fait 10 à 12 empannages l’heure passée : chaque empannage est comme un match de boxe. C’est très physique et il fait très chaud. On a eu du vent dans tous les sens, des orages, toutes sortes de choses habituelles dans cette partie du monde, mais ce n’est pas ce que je considère être une navigation normale. »

Surprenant aussi, le retour de Puma, qui a accroché un filet ce matin. Une heure et 10 milles perdus plus tard, le gros chat est reparti et a réussi à revenir sur le duo de tête. Les hommes de Ken Read sont désormais à moins de 10 milles des Espagnols et moins de cinq des Français : ils restent menaçants. Un peu plus loin, le combat entre Abu Dhabi Ocean Racing et Camper continue. Passé en quatrième position à midi, le bateau de l’Émirat semble avoir tiré son épingle du jeu en doublant sous spi l’équipage de Chris Nicholson.

Sanya Lan, plus de 150 milles derrière, qui avance à la moitié de la vitesse des autres, est forcément frustré. Pas de problème technique à déplorer, mais un manque de chance certain et plusieurs variations de trajectoire coûteuses. Cargos, grains, pétole : les pièges n’ont pas manqué.

Les équipages ont hâte de quitter les détroits, parce que « ça, c’est de la torture, » selon Rob Salthouse, barreur et régleur pour Camper. « Donnez moi des icebergs, deux couches de polaires et les quarantièmes rugissants à n’importe quel moment ! » Et cela même si 1000 milles les attendent avant d’atteindre Sanya et même s’il s’agit d’un long bord de près dans un régime de mousson qui s’installe progressivement au sud de la mer de Chine. Un coup de vent est d’ailleurs prévu au large du Vietnam, avec 30 à 35 nœuds et des vagues cassantes.

Classement à 15h
1 – Team Telefónica à 1 108,3 milles de l’arrivée
2 – Groupama à 4,20 milles du leader
3 – Puma à 8,70 milles du leader
4 – Abu Dhabi à 19,90 milles du leader
5 – Camper à 20,80 milles du leader
6 – Team Sanya à 157,20 milles du leader