Bien planté entre ses principaux protagonistes et les côtes Brésiliennes, David Raison a touché cette nuit et en premier les tant attendus flux de secteur est. Travers au vent, une allure particulièrement appréciée de son Proto, il entreprend depuis un impressionnant travail de sape, augmentant chaque heure davantage son avance sur les quelques concurrents échappés des griffes de l’onde « pétoleuse » qui dévore dans son sillage la flotte des Protos comme des Séries. La « tête à l’envers » depuis son basculement en milieu de matinée dans l’hémisphère sud, Raison ne cesse d’accélérer et de creuser des écarts qui risquent à terme de prendre une ampleur d’autant plus impressionnante que ses poursuivants ne sont pas tombés du dernier grain, et disposent des machines taillées pour la performance.
Thomas Normand, deuxième à plus de 38 milles, ainsi que Bertrand Delesne, troisième à plus de 84 milles, semblent désormais impuissants à rivaliser avec la vitesse de ce si étonnant TeamWork Evolution. Une voie royale s’ouvre devant l’étrange carène, fruit de l’inventivité de son ingénieur naval de skipper. Il va profiter d’un alizé d’est/sud-est de plus en plus stable et appelé à se renforcer à l’approche du continent sud américain, où le vent devrait avoir le bon goût d’adonner davantage encore à l’est/nord-est. On l’a compris, et ses adversaires très probablement aussi, sauf incident mécanique, rien ni personne ne devrait empêcher Raison de triompher à Salvador, dimanche prochain vraisemblablement.
Mis à rude épreuve depuis le passage des îles du Cap Vert voici déjà 5 jours, la Direction de course a enfin pu souffler cette nuit, sans qu’aucun déclenchement de balises ne vienne provoquer inquiétude et lancement de force manœuvres de sécurité. La Zone de Convergence Intertropicale se déplace avec la flotte et impose un ralentissement là où les solitaires, durement éprouvés, attendaient les prémices de l’alizé. Une barrière est tombée dans le sillage des quatre protos en cavale.
En série : les jeux ne sont pas faits
Côté Série, le jeu demeure plus que jamais ouvert, les caprices de l’alizé contraignant les vélléités d’échappatoire d’un Benoît Mariette (Odalys Vacances) très incisif cette nuit avec une avance portée en quelques heures à plus de 13 milles sur Vincent Kerbouriou (CGGVeritas). En l’absence de régime d’est aussi franc que celui qui a emporté David Raison, Mariette doit encore se débattre avec les oscillations au sud-est d’un vent pour l’heure anémié. Alors que Vincent Kerbouriou et Clément Bouyssou (Douet Distribution) poursuivent leur impitoyable épisode de « Match race océanique », Jean-Marie Oger (Brazil Forest – E.Leclerc), toujours 4ème insiste sur la route directe. Un axe d’approche que privilégient avec bonheur Gwénolé Gahinet (Asso Watever) et le Néerlandais Robert Rosen Jacobson (NED602), respectivement 6ème et 7ème d’une flotte de plus en plus étirée en latitude et concentrée en longitude. Les deux solitaires les plus extrêmes, Renaud Mary (runo.fr) perché dans l’ouest et beau dixième au classement, et Eric Llull (Noble Cocoa) qui s’échappe dare-dare de son piège oriental, étant désormais sur des routes rapprochantes à 175 milles de distance.
Classement de 12h
Protos
1 RAISON David TEAM WORK EVOLUTION à 910,17 milles de l’arrivée
2 NORMAND Thomas FINANCIERE DE L’ECHIQUIER à 38,64 milles
3 DELESNE Bertrand ZONE LARGE à 84,08 milles
4 RIOUX Antoine FESTIVAL DES PAINS à 102,97 milles
5 MONTAGNE Lucas ONG CONSEIL à 196,46 milles
Séries
1 MARIETTE Benoît ODALYS VACANCES à 1208,12 milles de l’arrivée
2 KERBOURIOU Vincent CGGVERITAS à 14,99 milles
3 BOUYSSOU Clément DOUET DISTRIBUTION à 16,19 milles
4 OGER Jean-Marie BRAZIL FOREST – E.LECLERC à 24,96 milles
5 BEAUDART Davy INNOVEA ENVIRONNEMENT à 32,36 milles