Le renforcement attendu du vent toujours au secteur nord/nord-est est survenu hier soir à l’approche de l’archipel des Canaries. Les 20 et quelques nœuds en force se sont accompagnés de brutales rafales à 30 nœuds et plus, sur une mer de plus en plus difficile qui soumet les Minis 6,50 à dur régime. Les casses plus ou moins importantes se multiplient et Les Canaries accueillent ce matin pas moins de 3 concurrents de la Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50, dont l’infortuné Andrea Caracci qui a vu son mât se briser. Un autre italien, Sergio Frattaruollo (Bologna in Oceano) est arrivé à la mi-journée à Ténérife, où son compatriote, Giacomo Sabbatini (Scusami Le Spale) devrait le rejoindre dans les prochaines heures. En mer, les caisses à outils sont de sorties sur Samsara, le Série de l’Espagnol Jorge Madden qui tente de réparer en mer un safran cassé, sur le Mini Christophe Josse – Paris de Marie Duvignac qui déplore un support de pilote arraché…. Renaud Mary (www.runo.fr), a vu son beau début de course assombri par une barre de flèche voilée…. La liste des bobos plus ou moins vitaux est longue et témoigne de l’âpreté des débats et de la difficulté de tenir dans la durée vitesse et trajectoire dans un vent irrégulier et sur mer hachée.
Un premier tri naturel s’effectue ainsi dès le second jour de course et les hommes forts que l’on retrouve au commandement ont, non seulement, fait preuve de maîtrise et de vigilance, mais aussi d’un instinct particulièrement aiguisé pour progresser à grande vitesse sur une trajectoire efficace. Se jouer des variations du vent est en effet la clé de cette descente « tout schuss » vers les îles du Cap Vert. Les trajectoires d’un Sébastien Rogues, Thomas Normand (Financière de l’Echiquier) ou d’un Guillaume Le Brec (Occamat/ADT) en proto, d’un Eric Llull (Noble Cocoa), et des jeunes loups Davy Beaudart (Innovea Environnement) et Vincent Kerbouriou (CGG Veritas) en Série attestent de la dextérité de ces pilote à se jouer des oscillations du vent pour gagner imperceptiblement dans l’ouest, demeurer dans les veines de vent fort tout en engrangeant des milles efficaces sur la route directe.
Les bords de recalage plus francs effectués, certes à bon escient par les Delesne (Zone Large), Boidevezi (Défi GDE) ou Riechers (Mare.de) se sont avérés pénalisant pour leurs auteurs contraints de naviguer quelques heures de manière moins efficaces. La palme du réalisme, mais aussi de la prise de risque bien calculée, revient à Sébastien Rogues. Le vainqueur de la première étape navigue en patron, se gardant le privilège de l’initiative dans le déclenchement d’empannages plus ou moins marqués, comme celui déclenché en milieu de journée pour gagner franchement dans l’ouest, loin sous le vent d’une flotte bien calée sur la route directe.
A quelques 660 milles de l’archipel du Cap Vert, la périlleuse glissade des Minis 6,50 se poursuit à vitesse élevée. Eric Llull affiche déjà plus de 200 milles parcourus en 24 heures (204,86 mn) tandis que les meilleurs Protos flirtent avec les 220 milles, 226,15 pour le leader Rogues. A l’intelligence de course et la stratégie se mêle l’impérieuse nécessité de ne pas partir à la faute et d’éviter les « vracs » comme celui qu’a connu cette nuit Thibaut Reinhart (Araldite), lorsque le bateau sous la poussée brutale d’une rafale vient se coucher et heurter durement la vague.
Attaquer ou gérer ?
Bien regroupée dans le sud-ouest des Canaries que seuls quelques téméraires ont choisi de traverser cette nuit (Etienne Bertrand sur Chasseurs de primes, le chinois Guo Chuan sur Vasa, à l’étrange trajectoire justifiée par un safran cassé et La Britannique Pip Hare sur le 743 – The potting Shed) la flotte va cependant s’étirer au fur et à mesure que les leaders s’enhardissent. Le train d’enfer imposé par les meneurs de chaque groupe, Série ou Proto fait peser une terrible pression sur les prétendants à un résultat à Bahia ; les deux dauphins de Sébastien Rogues à Madère, Davis Raison (TeamWork Evolution) et l’Allemand Jorg Riechers ne peuvent se contenter de leurs 14ème et 13ème place du moment.
Les bobos de la nuit
Jorge Luiz Madden (Samsara) pour safran cassé ;
Thibault Reinhart (Araldite) avarie sur une barre de liaison ;
Marie Duvignac (Christophe Josse – Paris), avec un support de pilote arraché ;
Bruno Simonnet (El Nono) pour problèmes d’énergie ;
Pierre Cizeau (Masqhotel) a fait un « cocotier » et doit se mettre à l’abri ;
Chuan Guo (VASA) avec un safran cassé…
Andréa Caracci (Speedy Maltese) a laissé un bon tiers de son mât dans un coup de vent.
Classement Prototypes à 12h00
1. Sébastien Rogues ( Eole Generation – GDF SUEZ) à 2 680,76 milles de l’arrivée
2. Thomas Normand (Finacière de l’échiquier) à 0,68 milles du leader
3. Bertrand Delesne (Zone large) à 10,36 milles du leader
Classement Série à 12h00
1. Eric Llull ( Noble Cocoa) à 2 911,3 milles de l’arrivée
2. Davy Beaudart ( Innovea Environnement) à 3,48 milles du leader
3. Vincent Kerbouriou (CGG Veritas) à 7,52 milles du leader