Le tresco féminin

Le Tresco au féminin
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C’est bien connu, la voile est un milieu machiste. Rares sont, en effet, les femmes acceptées à bord des bateaux. Et, hélas, lorsqu’elles sont invitées à monter à bord, c’est très rarement pour prendre la barre, mais plutôt pour s’occuper des casse-croûte. « Ça faisait longtemps qu’on avait envie de disputer le Tresco, mais les mecs ne voulaient pas de nous. Même en demandant poliment, c’était toujours la même réponse : nous sommes complets ». Qu’à cela ne tienne, Cécile Lavarec, Sylvie Cotten, Marianne Botrel et Armande Steinbach ont pris le taureau par les cornes : « Puisque les mecs ne veulent pas de nous, on va le faire entre filles ce Tresco ». « Peur de gêner les autres concurrents » Sans expérience de la régate et encore moins de la navigation de nuit (sur leur CV nautique, on note juste quelques navigations en baie de Morlaix sur des Catboats ou des Caravelle), les régatières ont néanmoins choisi de louer un bateau. « On ne voulait pas un grand voilier, plutôt quelque chose à taille humaine ». Et va pour le Django 7.60. « En fait, c’est en arrivant à Brest qu’on s’est rendu compte que c’était un bateau de régate assez pointu ». Après un convoyage animé, elles sont arrivées juste à l’heure pour le départ mercredi. « Sur la ligne, on avait peur de gêner les autres concurrents, mais tout s’est bien passé. Il faut admettre que sur cette épreuve, les gens sont vraiment sympas, pas agressifs ». Lors des trois étapes, elles ont commis des erreurs, beaucoup d’erreurs. Mais rien de catastrophique : « Ce n’est pas très grave si on ne borde pas toujours les voiles comme il faut. On était là pour apprendre et on a énormément appris. L’important, c’était de participer, de prendre du plaisir sur l’eau entre copines ». Bluffées par l’organisation Lors de la remise des prix, dimanche soir à Langolvas, Yvon Quillec, organisateur de l’épreuve, ne s’y est pas trompé en les faisant monter sur le podium : un geste symbolique qui a étonné l’équipage de “Cipango””. « Oui, car on ne pensait pas que c’était si rare de voir un équipage uniquement féminin ». Si, c’est rare et seules des courses comme le Tresco Trophée et le Tour du Finistère permettent ce genre d’initiative : « C’est une régate super sympa où des néophytes comme nous peuvent s’amuser et surtout apprendre. Par ailleurs, nous avons été bluffées par l’organisation. C’est vraiment parfait. A terre comme en mer, tout est parfaitement géré ». C’est sûr, les quatre copines seront sur la ligne départ en 2006. «On ne peut que progresser dans le classement. Pour notre première participation, on ne voulait pas finir dernières ». 24 e sur 28 : l’objectif est atteint. Ce qui serait vraiment drôle, c’est que, l’année prochaine, elles laissent dans leur sillage tous les mecs qui ont refusé de les embarquer.
 
P.E

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