Entrée en lice des voiliers classiques

Voiles de Saint Tropez 2010
DR

La centaine de voiliers classiques qui entrait en lice aux Voiles de Saint-Tropez s’est pliée avec classe et philosophie aux caprices d’un Mistral malicieux, dont les rotations et tergiversations ont jusqu’en tout début d’après midi mis la réactivité du Comité de course à rude épreuve. Les "petits" auriques et marconis ont ainsi profité d’un flux de nord ouest pour s’échapper rapidement, au terme d’un bord de dégagement vers la sortie du golfe. Les grandes goélettes auriques ou marconis se seront quant à elles fait attendre, le vent hésitant un moment avant de s’établir… au sud, pour 7 à 8 noeuds!

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C’est donc au près que cette somptueuse flotte s’est éloignée toutes voiles dehors, dans l’éclatante lumière estivale du golfe, vers une marque mouillée au large de Saint Raphaël. Au-delà des images dont jamais on ne se lasse, émergent aussi ça et là d’homériques rivalités sportives, qui n’ont pas manqué d’éclater aux quatre coins du plan d’eau, entre le cotre aurique Mariquita (Fife 1911) et le sublime sloop Cambria (Fife 1928), par exemple, ou les quasi sistership Tuiga (Fife 1909) et Mariska (Fife 1908), les goélettes Thendara (Mylne 1937) et Elena (Herreshoff)…

Comme à l’accoutumée, les petits auriques et voiliers marconis se montraient les plus nerveux sur la ligne, et quelques rappels individuels venaient tempérer les ardeurs. Rowdy (Herreshoff 1916) et son chevronné skipper Jonathan Greenwood s’extirpaient très vite de tant d’impatience pour partir avec du vent frais vers la bouée de dégagement placée devant Sainte Maxime, et dérouler seul en tête sur l’intégralité du parcours.

Après un petit laps de temps accordé à Eole pour reprendre ses esprits, les grandes goélettes, cotres et autres ketchs ou yawls s’envolaient à leur tour, s’accommodant à merveille des 7 ou 8 noeuds de vent pour glisser en douceur et avec majesté face au vent. Le bord au plus près de Sainte Maxime s’avérait fort peu productif et Mariska, auteur d’un bon départ sous la houlette de son navigateur du jour, le double vainqueur du tour de France à la voile Daniel Souben, voyait son rival du jour, Tuiga le magnifique lui brûler la politesse au passage de la Seiche à L’huile, marque cardinale bien connue des Tropézien.

Mariska et ses Suisses, très en verve depuis le début de la saison, n’allaient pas s’en laisser compter. Ils revenaient en vitesse pure et s’en allaient à la régulière glisser au vent de Tuiga juste avant la marque mouillée devant Saint Raphaël. Une marque que Mariquita avait depuis longtemps paré, mais avec insuffisamment d’avance ; la belle goélette devait travers au vent subir la loi d’un Cambria très incisif, parfaitement équilibré dans ses lignes, et qui laissait les goélettes auriques, Moonbeam IV compris, loin dans son sillage.

Et pendant ce temps, Leopard 3…
Le redoutable plan Farr Leopard3 a, de nouveau, déroulé sa grande foulée, vers Cavalaire cette fois, en tête de tous les super et maxi yachts des Voiles de Saint-Tropez. Ses prinicipaux antagonistes, Ran, ou Highland Fling n’ont pu lui résister en temps réel. Shamrock V le grand Class J tient la tête en temps compensé, montrant beaucoup d’habileté à s’extirper des nombreuses sautes de vent qui, du côté de Cap Camarat, ont piégé plus d’un concurrent. Devant tant de caprices, la direction de course décidait d’ailleurs de raccourcir le parcours et stoppait les débats à la Moutte, bouée cardinale qui marque l’entrée dans le golfe.

C’est une singularité de la Classe Wally, le choix des parcours relèvent des Wally eux-mêmes ; après les 29 milles parcourus hier dans la brise, les grands yachts aux formes futuristes ont chois ce jour de s’affronter entre trois bouées, sur de parcours « bananes ». Deux manches ont ainsi été courues dans un vent instable en force. Si Esense s’en sort remarquablement bien, la palme revient au Wally 100 Indio qui abrillé devant Pampelone.