Des bizuths à tous les étages

Yoann Richomme (DLBC)
DR

« Septième, c’est hors du commun. Un bizuth ça termine normalement entre 15e et 20e ». Au mieux, s’entend. Les mots sont de Yoann Richomme (DLBC), jeune homme solide à cerveau premier choix. Pour avoir été préparateur sur le circuit (de Nicolas Lunven), il sait que la lucidité est la qualité première d’un Figariste. A terre comme en mer. Il a épaté son monde sur cette première manche, revenant sans cesse dans le bon paquet, se démenant comme un beau diable… et au final s’extirpant d’une option Ouest dans le golfe de Gascogne pour terminer dans le Top Ten, fameux listing des 10 premiers. Déjà un exploit. Septième donc à 1h11’28’’ du vainqueur Armel Le Cléac’h (Brit Air), il s’offre le luxe de laisser 38 bateaux derrière lui, dont un nombre considérable de ténors et quatre anciens vainqueurs de La Solitaire. A la pointe de Bretagne, Yoann était même pointé entre Armel Le Cléac’h et Jérémie Beyou (BPI), à savoir entre deux héros à la fois de La Solitaire et du Vendée Globe. Plus spectaculaire encore, on l’a vu se hisser en tête du classement au début de golfe de Gascogne.

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Premier « rookie » donc, et toujours dans le coup pour le classement général avec sa grosse heure de débours, il précède de 14 minutes et 38 secondes le deuxième « bizuth », un certain Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat, arrivé 16e à 1h26). Encore un monstre, vainqueur entre autres de deux tours du monde en solitaire et qui vient sur cette course avec un œil rafraichissant de jeune premier. Séduit, le Bernard : « Elle est incroyable cette course, tu vois la quasi-totalité de la flotte tout le temps. Tu passes ton temps à essayer de gagner trois mètres sur ton voisin, qui lui-même fait la même chose avec un autre concurrent… qui en fait autant de l’autre côté ! »

Un coup d’œil au classement des bizuths, donc, impose au moins deux constats : primo on les retrouve à tous les étages du classement général, de septième à dernier ; deuxio la lutte va être intense chez eux aussi : les trois premiers tiennent en… 17 minutes ! Aux étonnants Yoann Richomme et Bernard Stamm, il faut en effet ajouter Anthony Marchand (Espoir Région Bretagne) : sa 18e place à Gijón, à 1h28 de Brit Air, le place lui aussi idéalement dans la quête de ce trophée du meilleur débutant : 3e à 17 minutes. Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) fait à peine moins bien : 29e à Gijón, il est à 53 minutes de Yoann Richomme et donc à peine plus d’une demi-heure du podium provisoire des rookies. Quatre bizuths sur huit s’en sortent donc de belle manière. N’oublions jamais que les Jean Le Cam, Alain Gautier et Jérémie Beyou ont patienté en moyenne une décennie avant de s’imposer.

Pour les quatre autres, la réalité est plus « normale », un peu moins rose. Ainsi, la lanterne rouge est pour l’instant accrochée au tableau arrière de ROFF/Tempo Team, le Figaro du portugais Francisco Lobato. Un excellent marin pourtant, très habitué des victoires sur le circuit Mini 6.50. Mais il a payé cash une petite erreur au départ (bouée manquée) et s’est trompé ensuite en prenant des options trop marquées, obsédé par l’envie de revenir sur la flotte. Résultat : Francisco a fait toute la course seul, loin derrière, et a fini à 6h58 du vainqueur et 5h47 du premier bizuth. Une première expérience forcément éprouvante… et forcément enrichissante. On est prêt à parier que Francisco saura s’en servir pour rebondir. Dès la deuxième manche ?

Même chose pour Loïc Le Garrec (Société Pouliquen), 43e à 6h11 et donc à 5 heures de Yoann Richomme. Lui aussi va apprendre. Beaucoup. A contrario, Damien Cloarec (5e bizuth à 2h39 de DLBC) peut encore espérer le meilleur, à bord de son Port de Plaisance Roscoff. Arthur Le Vaillant (Philia Promotion Immobilière) accuse 3h06 de retard et peut aussi encore y croire. Mais l’essentiel est ailleurs. Dans la découverte de cette épreuve unique qu’est La Solitaire, à terre comme en mer. Les bizuths sont là pour engranger de l’expérience, progresser.