Et les promesses d’un alizé bien calé à l’est pour 20 noeuds et plus ne se sont guère fait attendre. Dès le coup de canon donné peu après 11 heures locales, le ton était donné et les équipages devaient vite composer avec leurs choix de voilure pour tenir dans la brise leur monture lancée au maximum de leur potentiel. La bouée de dégagement mouillée à l’entrée du port de Gustavia était le théâtre de jolies figures de style, quand les accélérations du vent venues des hauteurs toutes proches poussaient certains au dérapage, et d’autres à l’arrêt brutal. Tout le monde au rappel, et dans des gerbes d’écume, toute la flotte disparaissait très vite, bien dégagée des côtes, en direction de Pointe Nègre.
La mer balayée par le puissant souffle de l’alizé se hachait de manière désordonnée, et à l’approche de l’île Coco et des Roches Soube, les creux se formaient pour atteindre par endroit près de trois mètres. Rien qui ne puisse cependant troubler la sérénité des gros voiliers de la course, emmenés sur ce premier tronçon d’un parcours long de 35 milles, par l’étonnant équipage entièrement féminin du Class W 76 White Wings.
Rambler et Sojana, au comble de la satisfaction dans ces conditions taillées pour leurs potentiels, ne se quittaient pas de quelques longueurs, accompagnés de Puffy, le Swan 45 à Patrick Demarchelier fort à son avantage, et de l’étonnant J 122 Lost Horizon venu d’Antigua. Le parcours du jour a, dans ces conditions éminemment spectaculaires, mené la flotte dans un tour complet de l’île et ses cailloux satellites, avec pour bouquet final, un long bord de portant au vent de l’île fourchue.
Ils ont dit :
Jacques Vincent (Sojana) : « Les anglo-saxons du bord, et ils sont nombreux, étaient bluffés par les parcours, beaucoup plus riche et variés que durant la Bucket. On lâche les chevaux dans cet alizé soutenu, et Sojana démontre de superbes qualités à toutes les allures. On a ainsi tenu les 18 noeuds sous gennaker. La grosse houle au vent de l’île ne nous a nullement gêné, tant notre carène se révèle tolérante. L’ambiance à bord est très sereine. C’est une des marques de fabrique de notre propriétaire Peter Harrison. Nous avons de surcroît un passager de luxe, un certain Loïck Peyron affecté aux réglages sur le mât de misaine…»
Tania Thevenaz (White Wings) : « Il y a trois francophones à bord de l’équipage 100% féminin du grand Yacht Classique White Wings, une québécoise et deux Suissesses, dont la blonde Tania Thevenaz : Nous nous rapprochons en performance et en qualité de notre sistership Wild Horses. Nous avons navigué sans faute hier dans un vent parfois limite pour nous. Ce fut un challenge que les filles ont parfaitement relevé, malgré la dureté des manoeuvres dans cet alizé puissant. Nous nous sommes vraiment bien amusés sur ces parcours très changeants, qui nous font visiter tous les recoins de l’île. On est bien rentré dans ces Voiles de Saint-Barth et on va monter en puissance toute la semaine…»
Peter Holmberg (Sojana) : « Je suis ravi d’être ici; Chaque île à sa propre course, et Saint-Barth m’apparaît comme un grand festival de la voile, une grande fête qui rassemble toutes sortes de voiliers différents, c’est une très bonne chose pour notre sport. Nous avons sélectionné une très belle équipe, avec (Loïck) Peyron et des gars de très haut niveau. On n’a pas fait d’erreurs hier. Plus la course est longue, plus nous avons de chances. On est dans un régime d’alizés forts, ce qui est bien pour Sojana. Les Voiles de Saint-Barth semblent partis sur de très bonnes bases. Le Comité a sélectionné de très beaux parcours, les départs ont été limpides, la sécurité est omniprésente sur le plan d’eau… je leur donne une très bonne note »
Loïck Peyron (Sojana) : « Saint-Barthélemy, c’est une carte postale. Je ne viens aux Antilles habituellement qu’en arrivée de Transat, et la fatigue aidant, je n’ai qu’une envie, rentrer au plus vite à la maison. J’en profite pleinement cette semaine. Le vent, une belle mer bleue, et les beaux bateaux… rien ou très peu n’a changé ici depuis ma dernière visite voici 10 ans ou plus. Juste un peu plus de gros bateaux. C’est un endroit fantastique. C’est une chance de pouvoir naviguer dans les Caraïbes. »
« Je viens de passer un très bon moment, de vivre une très belle aventure, un épisode fabuleux de ma vie, au sein d’une des meilleures équipes de voile du monde, avec Alinghi voici quelques semaines seulement. Je fais un petit break cette semaine. Et je vais bientôt débuter la saison sur des petits catamarans très rapides avec l’équipe de Oman Sail, dans le cadre du championnat des Extreme 40, en Europe, et sur les D35 sur les lacs Suisses. »
« Sojana est un grand monocoque très élégant, propriété d’un homme lui-même très élégant, à la belle personnalité. J’avais vu le bateau à Saint-Tropez et je le découvre ici de l’intérieur ; j’aime bien sa manière de naviguer tout en douceur, sans pression. Peter Holmberg est à la barre. Et il a aussi été barreur pour Alinghi. Nous sommes donc deux ex barreurs d’Alinghi sur Sojana. On est très sérieux à bord car gros bateau signifie grosse erreur. Il faut faire attention aux détails. Je suis au réglage du mât de misaine, et je travaille en coordination avec le barreur. Tout l’équipage est de très haut niveau. On se bagarre face à un vrai bateau de course, Rambler, et c’est un gros challenge. Avec un peu plus de vent, 20 noeuds, nous espérons pouvoir aller le chercher. »
« L’écran est sublime. Si les Voiles de Saint-Barth n’existaient pas, il faudrait les inventer. C’est fait, en mélangeant avec intelligence toutes sortes de bateaux, et c’est passionnant de les voir naviguer ensemble. Tout ce qui fait la richesse de la voile est rassemblé, et ce concept a un bel avenir ici. »