Si les courses de voile n’autorisent pas de vrais temps morts, elles offrent parfois des pauses bienvenues : et celles-ci sont suffisamment peu nombreuses pour tenter d’en profiter à plein. Ces moments sont souvent déterminants pour recharger les batteries du corps et de l’âme. D’autant que certains gestes quotidiens deviennent précieux, quand on en a été privé par la force des choses et la volonté des éléments. C’est aussi l’occasion de faire le décompte des petits bobos du bateau et des bonhommes.
Des premiers à la queue de peloton, on envisage l’atterrage sur l’arc antillais avec une certaine distance. Interrogés à la vacation, tous les navigateurs reconnaissaient ne pas savoir avec certitude quelle passe leur servirait à quitter l’Atlantique pour la mer des Caraïbes.
Côté classement, c’est le statu quo… Entre Safran (Marc Guillemot – Charles Caudrelier Bénac) et Groupe Bel (Kito de Pavant – François Gabart), l’élastique ne cesse de se tendre et se détendre. Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing) bataillent pour préserver leur troisième place et gardent encore à distance prudente Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou (Foncia). Ces deux derniers n’ont toutefois pas baissé la garde et profitent d’un bateau en parfait état pour continuer de grignoter des milles, sur une route un peu plus sud que leurs adversaires. Mais comme le reconnaissait lui-même le double vainqueur du Vendée Globe, ce tandem de furieux devra compter sur un faux pas de ses prédécesseurs pour se hisser sur le podium et plus si affinités. Même son de cloche chez Vincent Riou et Arnaud Boissières (Akena Vérandas) comme Sam Davies et Sidney Gavignet (Artemis) qui se fixent, pour l’heure, des objectifs intermédiaires avant d’envisager de plus hautes ambitions.
Chez les Multi50, Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux se sont donnés un nouveau challenge, faute de concurrence au sein de leur classe. Parvenir à Puerto Limon devant le premier des IMOCA aurait un certain panache, compte tenu des conditions rencontrées sur la première partie du parcours… Mais il leur faudra contourner l’île de la Barbade pour parvenir à leurs fins. Pour peu que les restes d’alizés s’orientent avec une légère composante sud, les deux navigateurs devront négocier toute une série d’empannages. Plus que la distance supplémentaire à parcourir, c’est bien le positionnement stratégique contraint de Crêpes Whaou ! qui devrait décider de la réussite ou non de leur pari. A l’arrière de la flotte Hervé Cléris et Christophe Dietsch (Prince de Bretagne) ont choisi : ils s’arrêteront à Puerto Calero, sur l’île de Lanzarote pour réparer. Pour eux, pas question de renoncer : le Costa Rica était leur objectif, il n’a pas changé…
Ils ont dit :
Marc Guillemot, Safran : « On continue de le surveiller de près, mais notre point de passage dans l’arc Antillais est défini depuis plusieurs jours. D’ailleurs ce ne sera pas jeudi mais plutôt vendredi car l’alizé a bien faibli. C’est l’alizé et sa force qui décideront. Charles se donne beaucoup pour bien préparer la navigation. Cela paye puisque nos traces sont propres, ce qui est un gage de qualité ».
Roland Jourdain, Veolia Environnement : « Cette nuit, contrairement à la nuit d’avant, on a vu des étoiles, mais pas suffisamment pour nous faire avancer assez vite. Le vent était jusqu’à ce matin encore trop irrégulier pour nous permettre de faire des vitesses correctes. C’est toujours difficile à comprendre car pour Aviva et W Hôtels qui ne sont pourtant pas très loin de nous mais un peu plus sud, le vent semble plus régulier. Avec le soleil, on a toujours tendance à penser que ça sent l’écurie et on oublie qu’il restera encore 1 300 milles à parcourir après les Antilles ! Il y a donc plein de choses à faire ou à tenter pour grappiller des milles. »
Arnaud Boissières, Akena Vérandas : « On est plus ou moins à mi-distance du parcours : on a fait 2600 milles, et il en reste 2400. On est dans les alizés, et on a effectivement raté un épisode dans le golfe de Gascogne, où il fallait peut-être partir au Nord. On peut encore jouer d’ici l’arc antillais avec deux bateaux situés devant nous : W Hotels, et Aviva. D’ici l’arc, c’est une course de vitesse. Faut rien lâcher et on ne lâche rien ! »
Classement de 17 heures
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 1804,9 milles de l’arrivée
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 52,5 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 125,9 milles
Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 2081,9 milles de l’arrivée
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 1009,2 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 1094,4 milles




















