Heures et malheurs se distribuent au hasard de la flotte et très vite, les premiers retours au port ont désigné les plus malchanceux tandis qu’en tête de flotte, les favoris bataillent avec ardeur. Fatigue aidant, les stratégies de course s’affirment. Aux avant-postes, les voiliers les mieux préparés avec aux commandes, les skippers les plus affûtés, déterminés à profiter des ces instants d’entrée en course où têtes et organismes ne sont pas totalement amarinés ou en phase avec les éléments, en profitent pour attaquer, faire un trou, et aborder le contournement du cap Finisterre avec de l’avance et un ascendant psychologique non négligeable. Francisco Lobato (Roff Tmn n°607) et Xavier Macaire (Masoco Bay n°472) en série, Henri-Paul Schipman (Maison de l’avenir Urbatys n°716) et Thomas Ruyant (Faber France n°667) en protos illustrent parfaitement cet état d’esprit. A la barre et sous spi medium, ils tutoient en permanence les 12-13 noeuds, et mettent une sacré pression sur le reste de la flotte.
HP comme Hautes Performances
A plus de 10 noeuds de moyenne, les protos 6,50 déboulent au portant en travers du Golfe de Gascogne. "HP" Schipman aux commandes depuis le milieu de nuit, donne le ton et le tempo de cette première étape sans marquer le moindre signe de faiblesse. Rivé à sa barre sur une mer formée, sous spi medium probablement, il attaque, ne cédant le contrôle de son plan Lombard au pilote automatique que le temps d’un café soluble et d’une barre énergétique. Il dame pour le moment le pion à nombre de protagonistes décidés comme lui à assommer d’entrée la concurrence en menant sans répit un train d’enfer. Légèrement décalé à son vent, Thomas Ruyant est à créditer du premier joli morceau de bravoure de ce début de course, avec un retour nocturne tonitruant depuis les profondeurs du classement où son erreur du départ l’avait plongé. Contraint de repasser la bouée de dégagement, c’est avec près d’une heure de retard que le jeune Dunkerquois s’était hier après-midi lancé aux trousses de la flotte. A plus de 12 noeuds de vitesse entre deux relevés, il est en passe de s’octroyer le commandement. Tous les favoris répondent pour l’heure à la surenchère des leaders. Décalé au sud de la route directe, Stéphane Le Diraison (Cultisol – Marins sans frontière), s’il « guide » Rémi Aubrun (AT Children’s project) dans son sillage, rentabilise au maximum ses trajectoires. Plus de 30 milles en son nord, un autre favori, Fabien Després (Soitec) reste confortablement au vent de la flotte, idéalement placé pour anticiper demain la rotation du vent au secteur Nord. Les Delesne, Caracci, Boidevezi, Bourgues, Riechers tiennent tous la cadence à moins de 25 milles du leader "HP".
Lobato en chef !
Sur des bases quasi identiques aux meilleurs protos, l’étonnant et redoutable Portugais Francisco Lobato mène lui aussi un train du diable avec son plan Finot de série Roff TMN N° 607. A près de 10 noeuds de moyenne, il ne déplore pour l’heure qu’une petite dizaine de milles de déficit sur HP Schipman. A trajectoire identique, le jeune portugais doit, à chaque coup d’oeil par dessus son épaule, voir en technicolor et sur écran large le spi de Xavier Macaire littéralement scotché à son tableau arrière. Plus qu’en série, la course à l’écoeurement semble ici commencer à porter ses fruits, et il faut regarder près de 10 milles en arrière pour trouver en troisième position l’italien Ricardo Apolloni (ma vie pour Mapei), en quête d’un second souffle plus prudent et plus raisonnable avant d’aborder le redouté cap Finisterre. A plus de 100 milles du leader, le jeune Sébastien Rogues (Eole generation –GDF SUEZ) ne se pose pas de question. Reparti hier soir à minuit après avoir réparé sa coque endommagée, il cravache pour réintégrer le peloton. Il a croisé loin en son nord l’infortuné Fabien Sellier (Surfrider Foundation) qui lutte au près dans une mer formée pour rejoindre la Charente-Maritime où l’attend certainement un nouveau safran. Des heures d’effort pour 30 minutes de réparation! Mais Fabien repartira tout comme avant lui probablement Olivier Avram (Cap Monde 2) et son tangon réparé. Ainsi va la course !
Classement à 15h00 :
Prototypes :
1. HP Schipman (Maisons de l’avenir – Urbatys) à 885,25 milles de Funchal ;
2. Thomas Ruyant (Faber France) à 3,03 milles du leader ;
3. Xavier Haize (Interface Concept) à 7,86 milles du leader…
Série :
1. F. Lobato (Roff Tmn) à 894,46 milles de Funchal ;
2. X. Macaire (Masoco Bay) à 1,9 milles du leader ;
3. R. Appoloni (Ma Vie pour Mapei) à 9,73 milles du leader…
Réparation express
Sébastien Rogues a donc repris la mer hier soir vers minuit après être rentré au port des Minimes pour réparer sonGeneration Eole – GDF Suez. Sébastien a été heurté par un autre concurrent à l’avant droit de son voilier au moment du départ. Le choc a endommagé la coque, nécessitant une intervention de spécialistes pour colmater. Cyril Ducrot, son préparateur, aidé de Dominique Vittet, routeur météo, ont procédé toute la fin de journée de dimanche aux travaux de ponçage, meulage et stratification. Au terme de 9 heures d’effort, Sébastien a repris la mer, bien décidé à refaire son retard.
Arrêt au stand express pour Sellier
Toute l’équipe de Quai 17, l’association Rochelaise attend Fabien Sellier. Un safran identique à celui brisé dans la nuit a été trouvé et pourra être installé en quelques minutes dès que "Surfrider foundation" aura rallié le port…
Le plus vite possible pour Olivier Avram…
Premières déclarations d’Olivier Avram à son arrivée au port des Minimes à La Rochelle : « Il y avait 22 nœuds de vent. Je voulais changer le spi médium par le petit spi et en l’envoyant, il y a eu deux trois mètres de drisse qui sont tombés à l’eau. Et là, cela a chaluté et le spi est tombé et passé sous le bateau… Du coup, le bateau s’est arrêté et le tangon s’est arraché. Le spi s’est aussi déchiré. C’était ridicule de continuer, j’avais fait 40 à 50 milles de course et faire 1 100 milles de course au portant sans tangon ce n’est pas la peine. Je préfère réparer ici pour jouer la 2e étape à fond ! J’ai un problème également sur l’axe de barre qu’il faut que je regarde. Mais dès que tout est prêt je repars le plus vite possible… »