Une transatlantique internationale

depart mini transat 6.50 2007
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La suprématie Pogo 2…
Quel est le point commun entre les éditions 2003, 2005 et 2007 de La Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50 en série ? À chaque fois un Pogo 2 s’est imposé. Dès l’année de lancement, ce Pogo 2 a fait parler l’écume et a trusté les premières marches du podum. Et cette année, ils semblaient encore bien partis pour se disputer une nouvelle fois « la gagne » quand, en 2008, Pierre Rolland a débarqué sur le circuit avec son D2, sortit de son propre carton à dessin. Et d’un coup, l’horizon des Pogo 2 s’est obscurci.
Car Pierre Rolland (D2 Marée Haute) c’est du sérieux. Marin hors pair, architecte naval de talent, il prend le départ de sa cinquième transat. Cependant, le bonhomme connaît trop la mer et les aléas qui vont de pair pour se voir « trop beau. » Il avoue : « Mon mini possède les aspects positifs que j’espérais. En revanche, il est meilleur que je ne le pensais dans certaines conditions et il a quelques faiblesses… que je ne vais pas dévoiler, bien entendu ».
Chacun a pu s’apercevoir qu’au reaching et dans le petit temps, son D2 allait vite. Mais Pierre Rolland tempère : « Il y a 30 Pogos 2 au départ et moi je suis seul. Or, il faut une grosse part de réussite pour s’imposer dans une course aussi longue. Elle se gagne sur une bonne option. Et là, à 30, il y en aura bien un qui trouvera la route idéale ».
Il pourrait d’ailleurs être celui-là, même s’il affirme : « Le grand favori c’est le Portugais, Francisco Lobato. Car, pour s’imposer dans une transat, il y a le marin et le bateau. Et dans les engagés certains sont des marins, mais ne vont pas vite. D’autres vont vite, mais ne sont pas marins. Francisco est un marin et il va vite. De plus, il ne passe pas son temps à la VHF. Lui, il barre. Sauf malchance ou mauvaise option, il sera très, très difficile à battre ».
 
Profil bas…
Un Lobato (Roff TMN) qui fait pourtant profil bas. Il se souvient de ses mésaventures de 2007 : « J’étais chien fou. Je ne pensais qu’à la vitesse. J’ai cassé les safrans, la barre, l’électronique a grillé, j’ai dû monter trois fois en haut du mât. Une vraie galère ».
Et pourtant à Bahia, le Portugais (24 ans seulement à ce jour) a pris une belle 9e place. Moralité, aujourd’hui, il reconnaît : « Je me suis beaucoup assagi. Mon approche a été très différente. J’ai moins gagné de courses avant cette édition qu’en 2007. Je suis moins stressé. Je ne viens pas pour faire 9e ou 10e c’est certain, mais c’est le bonhomme qui fera la différence et dans ce domaine, Pierre Rolland n’a rien à apprendre de nous ».
Même son de cloche chez Sébastien Rogues (Eole Generation- GDF SUEZ), le petit jeune qui monte, mais reste respectueux devant Rolland : « Son bateau est plus extrême qu’un Pogo 2, mais plus typé aussi. Il sera mieux à certains moments, pas toujours, notamment au portant. Je pense que le Pogo a encore quelques belles années devant lui. Ensuite, il y a le marin et là Pierre possède un avantage indéniable. On va savoir si la jeunesse prévaudra sur l’expérience. Ce sera un gros combat ».
 
Encore plus intéressante…
Fabien Sellier (Surfrider Foundation) est plus catégorique encore : « Il y a le bateau, c’est vrai, mais il y a surtout le marin. Lors des Sables-les Açores, Pierre a fait une grande démonstration. Il va jouer les trouble-fêtes sur cette course, c’est évident. J’espère seulement pouvoir jouer avec lui ». Antoine Debled (RegionsJob.com) tombe dans la dithyrambe quand il évoque « l’ancien »  : « Pour tout ce qu’il a apporté à la Classe Mini, je lui souhaite le meilleur. Il arrive avec un nouveau bateau, c’est une chance pour tous. Au portant, il a un petit déficit, mais je sais qu’il a beaucoup travaillé sur les voiles. C’est un grand routier ». Un routier qu’il ne regardera pas passer les yeux béat d’admiration : « Je pars avec pas mal d’espoirs mais il faut que la mer te laisse passer. Il faut être en harmonie avec elle ».
Une harmonie que semble avoir trouvé Davy Beaudart (Port à Sec Guy Beaudart) « J’ai doublé tout ce qui pouvait l’être. Je me connais. J’ai une énorme confiance en mon bateau ». Seule ombre toute relative la présence de Pierre Rolland : « Il va venir nous titiller. Il a tout pour rivaliser avec le Pogo 2. Cela rendra la course plus intéressante encore ». Devant autant de louange à son encontre l’intéressé rappelle : « Pour gagner, il faut déjà finir ».
 
Records à battre en bateaux de série : La Charente-Maritime – Funchal : 6 jours 10 h 18 mn 08 sec. établi par Stéphane Le Diraison en 2007  Funchal – Bahia : 19 jours 14 h 39 mn. établi par Hervé Piveteau en 2007 La Charente – Maritime / Bahia : 26 jours 04 h 31 mn 17 sec record de l’épreuve établi par Hervé Piveteau en 2007.
 

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