Long de 6milles nautiques, ce premier circuit entre Hyères et Port Cros aura aussi beaucoup joué avec les nerfs des concurrents, le vent changeant radicalement d’humeur en pleine régate, basculant parfois de plus de 40 degrés, et ne dépassant guère les 8 noeuds au plus fort de sa virulence. Un contexte compliqué à négocier mais qui a cependant ravi nombre de compétiteurs rôdés aux affrontements nautiques au plus haut niveau. Les Pacé, Névé, Briand et autres Durr se sont, dans leurs classes respectives, rapidement portés aux avant postes et le bilan du jour ne réserve guère de surprises, les unités les plus modernes aux mains des équipages les plus expérimentés se montrant tous au meilleur de leur forme. Une seule manche sera finalement validée après que le vent eut définitivement déserté la rade de Hyères en milieu d’après midi.
A tout seigneur, tout honneur ; ce sont les 12 mètres JI qui ont lancé les régates de cette Semaine de Porquerolles 11ème du nom. Un départ dans la seconde et au ras du bateau viseur pour Ikra ouvrait à Yves Marie Moreau toute la gauche du plan d’eau, alors que South Australia couvrait Kookaboura III en milieu de ligne. Très à l’aise en cap et en vitesse, South Australia évitait de flirter avec les limites du cadre et s’emparait rapidement du commandement. Les hommes de Philippe Durr accentuaient même leur avance à la faveur d’une belle vitesse aux allures portantes, et terminaient largement en tête devant Kookaboura. Ikra, à la faveur d’un handicap de jauge peu pénalisant, pointe cependant en tête du classement provisoire.
A l’instar des grands 12 M JI, les trois catégories IRC ont validé en milieu de journée une première manche de type "banane". Les velléités du comité de course d’enchaîner les régates se sont vues contrariées par les caprices d’Eole qui "lâchait" littéralement les coureurs au beau milieu des procédures. Nathalie Pébérel, Présidente du Comité de course, renvoyait sagement les concurrents au port. Cette seule manche du jour apporte pourtant son lot de confirmations et l’âpreté des régates de petit temps du jour laisse augurer d’une édition très relevée de la semaine de Porquerolles. Véloce à toutes les allures, le TP 52 "Paprec Recyclage" et le GP 42 "Near Miss" vont devoir singulièrement s’employer pour compenser leur handicap de jauge ; Jacques Bureau et son X 41 "Magician" vire en tête cette première journée de régate en terminant 6ème et seulement 13 minutes derrière le vainqueur du jour Paprec Recyclage en temps réel. "Jubilations", le nouveau Salona 42 IBC à Olivier Duthoit, leader des Trophées Méditerranée IRC UNCL 2009, se voit devancer par des protagonistes attendus, notamment Gilles Engel et son "Adrenaline 4" (Sydney 46) ainsi que le Ker 39 "Malouba" et le Swan 42 "Genapi". Une journée certes réduite à sa plus simple expression sportive mais pleine d’enseignements quant aux réelles forces en présence. Des airs plus soutenus ne manqueront pas de redistribuer la donne dans cette Classe des IRC 1 la plus compétitive que Porquerolles ait connu.
Les duels attendus entre Archambault 40 et First 40,7 sont lancés de belle manière en IRC 2. Seul Laurent Lavaysse et son Magic Simca, en se hissant à la 5ème place, vient perturber dans le haut du classement la suprématie de ces deux monotypes. Les habitués de Porquerolles et du circuit Méditerranéen ont pris leurs marques d’emblée et Charles Métenier (A 40 "Geranium Killer") s’est d’autorité installé dans son fauteuil chéri de leader. Ses 4 minutes d’avance sur la ligne lui permettent de s’imposer en temps compensé face à ses habituels opposants, Cyril Baillie ("Sayann2") et Yves Ginoux (Lovin’It"), tous deux à la barre de Firsts 40,7. Dominique Tian, lui aussi grand habitué des podiums Porquerollais a placé son Glenn Ellen V (A 40 RC) en embuscade. Les J 122 et autres Grand Soleil ont souffert dans les petits airs. Ils prient ce soir pour qu’Eole se montre demain un peu plus généreux dans sa distribution de carburant vélique. Un souhait évidemment partagé par la Direction de course.
Les "petits" IRC 3 se sont élancés les derniers en tout début d’après-midi, bénéficiant des mêmes conditions que les groupes précédents, 7 à 8 noeuds de vent orienté Sud Est. Les J 109 de Xavier de Passemar (Althinimax) et François Bulke (Blouna) étaient, après un rappel général, les plus prompts à jouer des coudes au sein d’une flotte bien nerveuse. Les Archambault 35 de Pierre Lacaze (Nusantara) et Jean Claude Bertrand (Tchin Tchin) pointent ce soir en seconde et quatrième position au terme d’une régate très disputée qui a vu les écarts se mesurer en quelques poignées de secondes.
Ils ont dit :
Jean Paul Mouren, "Lady First" (First 40,7) : "Porquerolles, cela aurait toujours dû exister! Je navigue ici à bord du voilier de l’un de mes partenaires. Chaque fois que le calendrier de course au large m’en laisse le loisir, je viens avec plaisir naviguer ici. La concurrence est cette année très élevée, tant du point de vue des bateaux Hi Tech présents, que de la qualité des équipages que l’on croise sur les pontons. J’ai peur que "Lady First" ait du mal à rivaliser avec les cadors de sa série (Rires)".
Oliver Krauss, "Spirit of Ad Hoc" (First 40,7) : "Il y a un très beau plateau rassemblé ici. Cela fait plaisir de voir autant de belles unités venues courir sur ce plan d’eau magnifique. La lutte en IRC 2 s’annonce très serrée. Les First 40,7 de Méditerranée se connaîssent bien et il y aura de beaux duels "fratricides". Mon Class 40 vient d’arriver à Marseille, et entre le travail de mise au point en chantier, il est toujours enrichissant de venir naviguer en flotte et en régate. Je connais bien Thierry Bouchard, notre skipper, et nous ne sommes pas venus ici faire de la figuration."
Stéphane Névé, "Paprec Recyclage" (TP 52) : "Nous n’avons que 4 heures de navigation avec ce bateau, nous sommes donc toujours en phase de découverte de ce TP 52. Notre marge de progression est considérable. Nous remportons une manche mais nous courons aussi contre un "rating" peu avantageux. Le GP 42 "Near Miss" est très véloce dans le petit temps et il va nous falloir vite trouver la bonne carburation. Tactiquement, nous n’avons pas fait trop d’erreurs et avons su gérer les importantes bascules de vent tout au long du parcours."
Benoit Briand, "Near Miss", GP 42 : "Nous terminons assez proches du TP 52 "Paprec Recyclage", mais les Swans et le Sydney 46 "Adrénaline" sont très présent et, "rating" défavorable oblige, vont nous pousser dans nos retranchements. "Near Miss" serait plus à l’aise dans un vent plus soutenu, particulièrement au portant où notre carène planante apprécierait une brise plus soutenue."