Vincent Riou a perdu ses voiles au début de la course

IMOCA 60' PRB - Skipper : Vincent RIOU - Vendée Globe 2016-17 - Au large de Belle-Ile le 28/03/2016

Vincent Riou peut être content de sa course. Il révèle qu’il a perdu des voiles 36h après le départ. Une information qui peut changer l’appréciation que l’on peut tirer de ce duel avec Armel et des performances des deux bateaux.

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L’arrivée vers New York s’étire dans un brouillard épais et à toute petite vitesse pour Vincent Riou qui n’a plus que quelques milles à parcourir alors qu’Armel Le Cleac’h signe sa première victoire. Le monocoque orange est attendu juste avant le pont Verrazano où est mouillée la ligne d’arrivée quelques heures plus tard (vers 21 heures HF). Vincent Riou termine à la deuxième place de The Transat bakerly.

Alors que la course se termine, le skipper de PRB a pris le temps d’une longue interview dans laquelle il explique pourquoi il n’a pas pu faire la trajectoire souhaitée sur le parcours entre Plymouth et New York.
Privé de deux voiles majeures 36 heures après le départ, il révèle comment il a dû penser sa course autrement et pourquoi il est pleinement satisfait, dans ces conditions, de la deuxième place qui se profile devant l’étrave de PRB. Au niveau du Cap Finisterre, Vincent a en effet perdu deux génois ; l’un de 150 m² essentiel pour faire du près ou du louvoyage dans 0 à 18 nœuds de vent ; l’autre de 200 m² utilisé pour les mêmes angles de vent entre 0 et 15 nœuds de vent. Deux voiles qui ont cruellement manqué au skipper de PRB dans toutes les traversées de dorsale et sur la période d’arrivée après la porte des glaces. Explications.

Interview de Vincent Riou à 14h30 HF :
Peux-tu nous dire avec le recul des 12 jours de course et l’arrivée qui approche comment tu analyses ta course ?
« Et bien il y a une chose qui m’a guidé sur cette Transat. Une chose que je n’ai pas choisie voire même que j’ai subie. J’ai perdu deux voiles 36 heures après le départ : mon JO et mon J1 (génois utilisés dans les conditions expliquées ci-dessus, ndlr). Cela s’est passé au niveau du Cap Finisterre. J’ai voulu anticiper un empannage que je prévoyais en début de nuit. Avant la tombée du jour, j’ai matossé mes voiles. Elles étaient pleines d’eau, je les ai déplacées sous le vent et je les ai sanglées à un chandelier. Ce sont des manœuvres toujours compliquées et plus dangereuses dans la nuit. C’est pour ça que j’ai voulu anticiper. Trente minutes plus tard, mon pilote a décroché et le bateau est parti au lofe. Dans ce violent mouvement du bateau, les voiles sont passées à l’eau. »

Dans quel état d’esprit étais-tu quand tu l’as constaté ?
« La situation n’était pas bonne du tout. En clair, je n’avais plus aucune voile plate pour faire la course. Cela a forgé toute ma route. Dès le lendemain, Armel s’est décalé au nord et j’étais contraint de rester sur ma route. J’étais sous gennaker alors que lui était sous génois. 24 heures après le Cap Finisterre, je passe un front et suis 50 milles dans le sud de Banque Populaire. Là, je reste empétolé. Mais je ne pouvais pas faire autrement en l’absence de mon J1 si je voulais garder mon gain à l’ouest. Après cela, je n’ai fait que subir. Dans toutes les zones de transition, je n’avais pas les bonnes voiles, j’étais bien en dessous du potentiel du bateau. »

Cela devait être extrêmement frustrant ?
« C’était difficile à gérer surtout que cela est arrivé très tôt dans la course. En résumé, le 2ème jour, je perds mes voiles et le 3ème jour, j’ai un positionnement contraint. C’est la première fois que cela m’arrive de perdre des voiles. Je pense à ce moment-là que je ne suis pas bien. Mais l’expérience me fait aussi dire qu’en voile, rien n’est jamais perdu d’avance. Au final, je vais terminer 2ème, pas si loin que cela d’Armel. Je ne me suis jamais démobilisé et ça valait la peine. Mais c’est vrai que 48 heures après le départ, ce sont clairement tous mes points forts qui sont partis à l’eau d’un seul coup. Tous mes principaux arguments se sont envolés. »

Quelles conclusions en tires-tu ?
« Armel a très bien navigué, il a parfaitement enchaîné. Le niveau est très très relevé. Cela ne laisse place à aucune erreur. J’ai fait une bêtise et c’est normal que mes adversaires l’exploitent et saisissent toutes les opportunités. Nous avons fait une super régate, je suis dans le match. Je pense qu’il manquait quand même un troisième larron qui pourrait être éventuellement Edmond de Rothschild. Je n’avais pas traversé l’Atlantique en solo depuis longtemps. C’était vraiment top ! Cela m’a permis de continuer à apprendre sur mon bateau, de progresser. C’est incroyable ce que l’on peut engendrer comme connaissance dans ce contexte de traversée de l’Atlantique en course. Je suis évidemment déçu de n’avoir pas pu exploiter tout le potentiel de PRB mais je n’ai pas perdu mon temps ! »

Et sur le plan des conditions météo ?
« Finalement, la configuration de The Transat bakerly n’est pas si différente que les autres transat anglaise. Simplement, la météo au départ nous a contraints à faire une route sud. Disons que l’on a eu probablement une grosse dépression de moins qu’habituellement et peut être un peu de vent moins fort. Mais c’est assez conforme. »
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