Eole et Hélios s’accordaient pour donner vie et couleurs à une joyeuse fête du yachting. Les équipages s’en sont donnés à cœur joie au rythme des bords et des amures variées d’un tracé qui éparpillait à la mi-journée quelques 300 bateaux des Issambres à Cap Camarat. Une journée marquée du sceau de l’unique, qui a une nouvelle fois vu briller les ténors déclarés de cette édition, Jethou ou My Song chez les grands Modernes, The Lady Anne et Tuiga chez les 15 mJI, Elena et Thendara, Bona Fide… ou Hamilton et Magic Carpet chez les Wally. Une journée qui résume à elle seule tous les qualificatifs les plus flatteurs attribués aux Voiles en 14 années d’existence.
Habituellement cantonnés dans l’ouest du golfe, devant leur chère baie de Pampelonne, les 9 grands Wally en compétition ont accepté de bonne grâce d’explorer de nouveaux horizons vers l’est Varois. Après un parcours aller-retour parallèlement à la plage et qui décantait déjà sérieusement la hiérarchie de la flotte, c’est dans le sillage d’un Hamilton (Wally Cento 2012) dominateur en diable que la flotte traversait le golfe de Saint-Tropez à toute allure, propulsée par un solide flux de secteur sud ouest. Magic Carpet (Wally 95 – 2002) bataillait ferme avec Open Season (Wally 94.2- 2005) et résistait au retour de Dark Shadow (Wally 100 – 2002), tandis que Ryokan 2 (Wally 80 – 2005) fermait la marche.
C’est donc un golfe de Saint-Tropez transformé en bouilloire par les passages de centaines d’étraves qui accueillait dès le milieu d’après midi les concurrents de toutes les classes en lice. Modernes ou Classiques avaient, dans un vent rapidement établi dès la fin de matinée à 13 ou 14 nœuds, tôt fait d’en terminer avec les 19 miles du grand triangle proposé. L’enthousiasme et l’entrain des équipages à tirer le meilleur parti de machines tantôt futuristes, comme les grands protos ou les Wally, tantôt si délicieusement rétro comme les vénérables Marigold (1892) ou Victory (1885), faisait merveille et offrait aux nombreux curieux agglutinés sur les môles des arrivées en masse compact sous le Portalet.
15 m JI ; la surprise « The Lady Anne »
On les savait prêts, au terme d’une grande année de préparation, mais The Lady Anne étonne observateurs et adversaires par sa capacité à aller vite à toutes les allures, dans les conditions de vent faible à medium rencontrées à Saint-Tropez depuis le début de la semaine. Paul Goss et son équipage Britannique se sont imposés de fort belle manière aujourd’hui, dans le vent bien établi de sud ouest à l’extérieur du golfe. Précise dès le départ dans ses trajectoire, The lady Anne s’est rapidement portée aux avant postes pour disputer à Hispania, elle aussi décidément très en verve, le privilège de parer en tête la marque de la Moutte. La chevauchée des 15 mètres bien gîtés tribord amure vers la Nioulargue était assurément l’un des clous de cette superbe journée Tropézienne. Malheureux dans ses choix de départ, un ton en dessous en vitesse pure dans ce « range « de vent, Mariska disparaissait totalement de la lutte finale, qui voyait au Portalet The Lady Anne l’emporter devant Tuiga. La bagarre au sein de ce très illustre groupe fait rage. Rappelons que la victoire aux Voiles est déterminante pour l’attribution du Royal Clyde Yacht Club Trophy, qui récompensera à l’issue des trois rendez-vous majeures de la saison, Cadix, régates Impéria et Voiles de Saint-Tropez, le 15 mJI le mieux classés. Tuiga, Mariska et The Lady Anne sont tous en lice pour prétendre au prestigieux trophée.
Jeudi est toujours une journée particulière lors des Voiles de Saint-Tropez. C’est un moment unique au cœur de la compétition et des festivités durant lequel les concurrents, en hommage à l’idée créatrice de la Nioulargue de 1981, devenue « Voiles » en 1999, se défient mutuellement. Dans la plus parfaite bonne humeur, un skipper ou un propriétaire lance ainsi un défi à un ou plusieurs autre voilier et en informe la Direction de course. L’organisation des Voiles se charge de mouiller un parcours et de donner les départs. On assiste ainsi à de somptueuses luttes toujours amicales et souvent acharnées, avec pour seul enjeu, la fierté de l’emporter dans le cadre magique des Voiles de Saint- Tropez. Chaque année, plus d’une trentaine de duels sont livrés sur les eaux du golfe.