Roland Jourdain (Veolia Environnement) est en passe de réussir le premier doublé de la Route du Rhum en monocoque après sa première victoire en 2006. Pour cela, il lui reste encore le tour de la Guadeloupe à effectuer la nuit prochaine. Un tour qui pourrait traîner en longueur faute de vent. Dans la journée, les vitesses du monocoque rouge alternaient entre 1,7 et 10 nœuds en fonction des risées. « On n’est pas plus royalistes que le roi, on ne demande pas grand-chose, se désolait Bilou samedi midi. Mais à un moment c’était le rideau (plus de vent, ndlr), j’ai tout plié, fermé les volets, j’ai demandé aux deux oiseaux posés sur le balcon arrière de garder la boutique et je suis parti me coucher. » A moins de 65 milles de l’arrivée au pointage de 16h (heure de Paris), le leader depuis10 jours est attendu au mieux dimanche matin à Pointe-à-Pitre.
Le retour d’un poursuivant paraît très peu probable, mais pas impossible pour autant. Le risque de rester immobilisé sans vent le long des côtes guadeloupéennes n’est pas négligeable. Avec 76 milles de retard pour Armel Le Cléac’h (Brit Air) et plus de 110 milles pour un groupe de trois nordistes composé de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Vincent Riou (PRB) et Marc Guillemot (Safran), les espoirs de victoire se réduisent comme peau de chagrin pour les adversaires de Jourdain. Derrière Michel Desjoyeaux (Foncia) n’a plus aucun espoir de gagner, mais doit quand même se dépêcher pour ne pas rater le cargo qui ramène son voilier en Espagne. Une course contre le temps s’est engagée pour le plus titré des marins français.
Ruyant en tête depuis 11 jours
Au 13è jour de course, et depuis 11 jours d’affilée, Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) ouvre toujours la marche dans le camp des Class 40. Mais, dans son tableau arrière il est désormais suivi au classement, à 77 milles derrière, par Nicolas Troussel (CMB) qui semble avoir des ailes sur une route plus décalée au Sud. Le double vainqueur de la Solitaire du Figaro, passé en mode attaque, promet de maintenir le pression et le suspense jusqu’au bout. Dans des conditions météo dignes des latitudes tropicales avec leur cortèges d’orages, de grains, de vents aussi sournois que capricieux, les solitaires vivent des heures électriques.
Parmi les sept solitaires en lice pour le podium, les écarts se maintiennent et augurent des arrivées aussi rythmées qu’animées dans les eaux antillaises. Bien que malmenés au gré des grains et des orages, Yvan Noblet (Appart City), Samuel Manuard (Vecteur Plus), Jorg Riechers (Mare.de), Damien Grimont (Monbana) et Jean-Edouard Criquioche (Groupe Picoty) répondent toujours présents pour jouer les places d’honneur. Déjà 3è hier, Nicolas Troussel, dans sa lancée, a également volé la politesse à Yvan Noblet (Appart City) pourtant solide et coriace dauphin du jeune et impérial Chti de la flotte. A l’instar de Troussel, lancé par trajectoires interposées, aux trousses du leader, tous les sudistes – Damien Seguin (Des Pieds et Des Mains), Marc Lepesqueux (Marie Toit-Caen la Mer), Christophe Coatnoan (Partouche) affichent la forme des grands jours avec plus de 190 milles parcourus sur les dernières 24 heures.
Joli duel entre le Cancalais et la Malouine
Au treizième jour de course dans cette Route du Rhum, il faut aux Ultimes comme à une très large majorité de la flotte des solitaires encore en mer, s’armer de la plus grande des patiences. A 350 milles du but et de la délivrance, Philippe Monnet confiait ce matin "n’avoir jamais vu l’Atlantique avec si peu de vent". Relégué à presque 300 milles dans le sillage de Philippe Monnet, le duo Gilles Lamiré (Défi Cancale)-Servane Escoffier (Saint-Malo 2015) poursuit sa belle bagarre, le Cancalais grillant dans la nuit, la politesse à la Malouine.