Un parcours semé d’embûches

Départ de Roscoff
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Ça va débuter rock & roll ! Avec une vingtaine de nœuds de secteur Nord-Est, le parcours préliminaire devant Roscoff s’annonce entrainant avec une rythmique importante puisque les premiers à se sortir du pack auront l’avantage de s’échapper rapidement avec le courant de marée descendante. Car une fois parée la bouée mouillée devant le port du Bloscon environ une heure après le coup de canon de 15h00, la flotte va progresser sous spinnaker à près de dix nœuds de moyenne… Il n’y aura certainement pas de décalages latéraux car l’objectif prioritaire est d’arriver avant la renverse du courant, soit avant 20h30 dans le chenal du Four.

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Ça va donc chauffer devant le Four car il y aura des écarts entre ceux qui arriveront tout juste à passer le phare avant la renverse et ceux qui vont commencer à buter contre le courant de marée montante. Certes les coefficients de marée ne sont pas très forts (59) mais sur une route plein Sud à 180°, le flot devient de plus en plus fort au fil des heures… Et le raz de Sein à 30 milles de là va aussi jouer le rôle de compresseur de flotte : il y aura toujours des solitaires qui n’hésiteront pas à flirter avec la Plate de Sein pour se glisser dans un contre-courant. A quelques centaines de mètres près, le différentiel va se creuser car il y a très peu de marée ensuite en baie d’Audierne.

Et au passage de la pointe de Penmarc’h puis devant les Glénan, le courant sera de nouveau contraire jusqu’au matin (basse mer au Guilvinec et à Belle-Île à huit heures et demie) ! Il faudra encore jouer au plus flûté avec des renverses de courant alternatif mais aussi avec les brises qui passeront du tempo forte au registre mezzo voir pianissimo. En effet, une bulle devrait couvrir l’arrière de la flotte et les premiers à déborder la bouée des Galères de Belle-Île vont prendre la poudre d’escampette !

La suite de la partition est plus nuancée : la brise decrescendo à l’approche du Morbihan de secteur Nord-Est va s’étioler encore en passant au Nord-Ouest avant de reprendre du souffle au large. Comme le soleil sera de la partie, il faut s’attendre à des effets de brise thermique complexes autour de Belle-Île ! De quoi créer encore des deltas conséquents entre les chefs d’orchestre et les solistes en fond de salle…

De fait comme l’anticyclone au large de l’Europe va se faire compresser par une dépression atlantique, la cadence devrait repartir fortissimo par devant lundi soir pour la traversée du golfe de Gascogne. Mais la prudence s’impose quand à l’enchaînement harmonique car des masses orageuses remontent d’Espagne : il faudra probablement danser le flamenco pour ce pas de deux entre minima dépressionnaires et courbure anticyclonique…

Ils ont dit
Thierry Chabagny (Gedimat) 9ème au classement cumulé sur deux étapes
« Jusqu’à Belle-Île où nous serons lundi midi, il n’y a pas de grandes options à tenter, juste à bien choisir ses trajectoires et nous ferons peut-être un peu le petit train. Mais ensuite le vent va mollir à 6 – 8 nœuds et le choix du moment où on prend le virage pour aller vers le milieu du golfe de Gascogne sera important. Nous serons logiquement sous spi, mais en tirant des bords de vent arrière. La flotte peut très bien s’éclater complètement. Donc là il y aura du jeu et aussi des petites bascules de vent à bien négocier. Il y a en effet des petites dépressions dans le sud du golfe qui vont entraîner des variations du vent. Il faudra être très attentif. Puis, ce sera le bord de près pour aller vers la bouée BXA dans l’estuaire de la Gironde. Et là, pour le moment les fichiers ne sont pas d’accord : certains routages disent d’aller à fond à gauche… et d’autre à fond à droite ! »

Nicolas Jossier (In Extenso-Experts Comptables) 21ème au classement cumulé sur deux étapes
« Nous allons avoir beaucoup de portant. La première partie de la course sera stratégique, avec du courant à gérer à la pointe de la Bretagne. Il faudra rester vigilant par rapport au placement. Puis, nous dépasserons Belle-Île avant d’entamer une grande descente dans le golfe de Gascogne. Ensuite, nous remonterons vers une bouée qui s’appelle BXA. Nous devrions avoir quelques surprises sur ce dernier bord. Les routages prévoient une arrivée en journée mercredi, le vent thermique, les effets de réchauffement de la côte vendéenne pourraient nous jouer des tours… »

Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) 16ème au classement cumulé sur deux étapes
« Il y aura beaucoup de points de passage importants sur cette troisième étape. Déjà l’île de Batz posera des problèmes stratégiques. Ensuite, nous longerons les côtes avec pas mal de cailloux, et puis dans le chenal du Four, suivant le timing où l’on arrive, il faudra s’abriter soit côté terre, soit côté îles. Il y aura beaucoup de jeu avec du petit placement par rapport au courant. On aura du vent établi jusqu’au raz de Sein, ensuite il y aura pas mal d’incertitudes jusqu’à Belle-Île où le vent va tomber, mais il y aura des brises thermiques… »

Paul Meilhat (SMA) 10ème au classement cumulé sur deux étapes
 « Les points clés de cette prochaine étape seront dans la première partie du parcours où il y a de la marée. Le deuxième point clé, ce sera l’atterrissage sur Belle-Île lundi midi. Le vent devrait mollir, ce sera un moment stratégique de cette troisième étape. Pour la partie large, nous avons encore des incertitudes, mais le vent de Nord-Est mollit avec une dépression orageuse qui remonte. La fin sera conditionnée par cette dépression orageuse. Les options seront divergentes. »