S’ils n’ont pas le droit de barrer le bateau, de régler les voiles… bref de participer à la performance, ils font pourtant entièrement partie de l’équipage. « L’équipage n’est pas composé de huit mais de neuf personnes » explique Yann Riou. Le Français embarque à bord du bateau chinois. Dongfeng, pour s’inscrire dans l’esprit de formation qui anime le projet, souhaitait recruter un Chinois pour ce rôle. Yann a participé à la formation des candidats… mais il les a vus tous abandonner tour à tour face à la difficulté de la tâche. Il faut dire que le reporter embarqué est un peu le mouton à cinq pattes… « Peu de gens savent faire ce boulot de mediaman. Un marin ne sait pas forcément faire du reportage. Et un journaliste ne sait pas forcément s’adapter à la vie à bord » explique Yann.
Yann est marin avant tout, il a évolué pendant une dizaine d’années sur le circuit mini. Formé à la photo et à la vidéo deux ans avant le départ de la dernière Volvo, il fait maintenant autant valoir ses qualités de reporter que celles de marin ou d’ingénieur électronique. Sur la dernière Volvo Ocean Race, il s’est véritablement passionné pour ce rôle de reporter. Si en 2012, il a posé son sac à bord de Groupama la fleur au fusil excité par l’envie de réaliser son rêve de tour du monde, il sait cette fois de quoi seront faits ces neuf mois. « C’est plus dur car tu sais ce qui t’attend. Je sais qu’il va y avoir des moments pas marrants. D’un côté, le mythe est cassé car je l’ai faite et en plus on a gagné ! Et puis cette fois, je ne suis plus célibataire. Je laisse mon amie à terre et ma petite fille de six mois. Pendant 25 jours, sur la première étape, je sais que je vais être coupé d’elles » explique t-il avant d’ajouter qu’il aura aussi un niveau d’exigence plus élevé par rapport à ce qu’il va produire.
« Au niveau de l’image, j’ai appris sur la dernière Volvo et sur le film “En Solitaire”, j’ai envie de mettre tout cela en application. Mais il faut non seulement faire de belles images… Il faut aussi raconter de belles histoires ! Il va se passer des choses intéressantes sur tous les bateaux. L’aventure se vit sur tous les bateaux. Notre objectif est d’amener un nouveau pays vers la course au large. On veut aussi aller chercher une nouvelle audience. Ca fait beaucoup de choses à raconter. Je ne parle pas Chinois, il va falloir trouver des trucs pour comprendre ce que les Chinois vivent, ressentent… ».
Yann sera le seul équipier hors quart à bord de Groupama. Il arrivait à dormir sept heures par 24 heures au début de la dernière Volvo Ocean Race… Trois à quatre heures seulement à la fin en raison des nombreuses sollicitations des médias liés au leadership de Groupama. « Je vais passer ma journée à faire mes vidéos, mes images et à la tombée de la nuit, je vais écrire mes textes, illustrer mes photos, faire un pré-montage de mes vidéos. Je me transforme ensuite en technicien pour réussir à tout envoyer. Le boulot est énorme ! De toute façon en course, si l’esprit n’est pas concentré là-dessus, tu pètes un plomb avant neuf mois puisque tu n’as pas le droit de naviguer, de barrer ! ».
A bord de Dongfeng, l’ambiance participe à rendre son travail plus facile. « L’équipe est vraiment sympa. Les gars sont souvent d’accord pour une activité médias même si cela prend cinq minutes sur leur temps de pause. Et puis, on rigole beaucoup à bord et ça aussi, c’est important. Même si je ne suis pas dans la performance du bateau, je regarde évidemment les classements. Je me sens engagé ! Il faut garder en tête qu’un mediaman ne peut pas faire gagner la course mais doit faire en sorte de ne pas la faire perdre ! ».



















