Suite à la collision avec un ofni, Lalou Roucayrol et son équipe mette tout en oeuvre pour trouver une solution. Il faut parer à l’urgence.
The Transat bakerly 2016 aura un goût amer pour le skipper Lalou Roucayrol : cette transat anglaise à destination de New York résiste depuis sa première participation en 2000 au marin aquitain. Pour cette édition, c’est un OFNI qui a eu raison de la dérive de son trimaran. Le skipper et son trimaran sont blessés mais pas abattus, et l’objectif du matin est d’arriver à New York en mode course.
Joint à la vacation officielle ce mercredi 11 mai, quelques minutes après son avarie, Lalou détaille les circonstances de l’incident : « J’ai cassé ma dérive ce matin. Je ne sais pas si j’ai touché quelque chose, parce qu’au moment où ça s’est passé le bateau n’avait pas de vitesse. Il est tombé dans une vague quand j’étais en train d’envoyer un ris dans ma grand-voile. J’ai entendu comme un choc, un bruit de carbone qui craque. Je me suis dit que c’était un bras, je suis allé voir les bras de liaison, j’ai fait le tour, je n’ai rien vu, la dérive était encore en place, donc je n’ai pas fait plus attention. J’ai continué ma manœuvre, et au moment de repartir, je me suis dit que c’était bizarre, qu’il y avait un truc qui n’allait pas ; et c’est là que j’ai vu que la dérive avait disparu.
On n’a pas de foils sur les Multi50 et c’est handicapant, c’est un peu comme si tu voulais attaquer un glacier sans crampon ! On est en train de travailler avec Karine et Eric (Fauconnier et Mas, ses routeurs, ndlr) une solution alternative, une route avec pas trop de près, parce on n’est pas capable aujourd’hui de remonter dans le vent de façon convenable. Il faut trouver un petit trou, une petite voie qui nous permette de rallier New York de cette manière.
C’est vraiment décevant parce qu’on commençait à toucher les bénéfices d’être parti dans le Nord, il y avait deux-trois voies qui commençaient à s’ouvrir, assez intéressantes pour nous. Cette nuit, on a eu une bonne gestion dans le front d’une dépression, avec un virement dans la dépression et le retour de la vitesse depuis hier toute la journée. Ça marchait bien et à part cette avarie, je n’ai pas encore sorti la boîte à outils, donc au niveau de bateau, ça allait plutôt bien aussi. C’est dommage. Pour que ça casse comme ça au ras de la coque, je ne serais pas surpris qu’il y ait eu un choc avec un animal. Mais ça je ne l’ai pas vu, je ne peux pas l’affirmer.
Là, les conditions se sont bien calmées, le vent aussi. En revanche, il fait froid parce que je suis remonté au Nord virer à la pointe Sud de la zone d’exclusion des glaces, et cela s’est bien refroidi depuis deux jours. Sinon, il y a un petit rayon de soleil et c’est plutôt sympa. La mer est assez croisée, mais c’est en train de tomber en même temps que le vent. Il me reste autour de 1000 milles en ligne droite pour rallier New York. Cela va dépendre de la route qu’on va trouver, mais je dois en avoir pour quatre ou cinq jours pour rejoindre l’arrivée. »
Sans cette pièce essentielle à la bonne tenue du bateau, notamment dans la navigation au près, face au vent, le skipper et ses routeurs réfléchissent donc désormais à une nouvelle route, permettant au trimaran de rejoindre New York dans des conditions maniables.
Karine Fauconnier : « Nous allons router Lalou sur un mode dégradé et, sachant que de faire du près sera plus compliqué, nous privilégierons les allures débridées. Lalou reste en mode course, d’une part parce qu’il ne lâche jamais l’affaire, et d’autre part car il est préférable de rallier vite New York pour éviter de rester sur un Atlantique Nord qui peut encore et toujours nous maltraiter. Moins longtemps on reste en mer, mieux c’est. »